L'aventure indienne d'Alcan lui a coûté 50 M$ US

Publié le 21/04/2007 à 09:00

L'aventure indienne d'Alcan lui a coûté 50 M$ US

Publié le 21/04/2007 à 09:00

Par lesaffaires.com
C'est vraisemblablement le partenaire majoritaire indien Hindalco qui va racheter la part d'Alcan dans le projet minier controversé Utkal en Inde, a appris LES AFFAIRES. Hindalco, qui détient 55 % des parts dans la coentreprise UAIL formée avec Alcan, a le premier droit de refus selon la convention d'actionnaires. Elle vient d'entamer des pourparlers avec la multinationale canadienne en vue de racheter le reste des actifs, soit 45 %, confirme Anik Michaud, porte-parole de Alcan. La transaction devrait être conclue d'ici la fin du trimestre. On ignore le montant qu'espère tirer Alcan de cette vente. Ce que l'on sait, par contre, c'est que Alcan a dépensé " moins de 50 M$ US" dans le projet jusqu'à maintenant, selon Mme Michaud. Ce montant comprend les dépenses d'infrastructures, le rachat en 2003 de la participation de 10 % de Norsk Hydro dans le projet, de même que les études de faisabilité. Un projet controversé Le 5 avril, Alcan a annoncé sa décision de retirer ses billes de cet important et lucratif projet minier dans l'État de l'Orissa, au centre-est de l'Inde. Il s'agit d'une mine de bauxite d'une capacité de 3 à 8,5 millions de tonnes et d'une raffinerie d'une capacité de 1 à 3 millions de tonnes d'alumine par année. Le projet était évalué à 1 milliard de dollars américains, et le président d'Alcan l'avait décrit en 1998 dans un journal indien comme" la raffinerie la moins chère au monde". Mais il était controversé en terme d'impact social et environnemental. Si Alcan a finalement opté pour un retrait, imitant Tata et Norsk Hydro à des époques différentes, c'est parce qu'elle a identifié" des contraintes dans la structure de gouvernance qui limitent notre capacité à prendre part aux décisions clés", a expliqué Jacynthe Côté, pdg de la division Bauxite et Alumine d'Alcan, dans un communiqué de presse. Cela signifie que même en détenant 45% des actions, Alcan ne pouvait pas influer sur les décisions à tous les égards : économique, social et environnemental. Une mauvaise convention d'actionnaires ? Mme Côté n'était pas disponible pour répondre à nos questions à ce sujet. Mais la porte-parole Anik Michaud a précisé que ce n'est pas tant le pourcentage d'actions qui posait problème que l'entente entre actionnaires." Il y a des projets dans lesquels Alcan possède une moins grande participation mais a plus de contrôle que dans le projet Utkal", a-t-elle souligné.Le problème réside dans le fait que les capitaux dans ce projet ont changé de main à de multiples reprises, a indiqué Anik Michaud. En effet, lorsque le projet a démarré en 1992, il comptait trois partenaires : l'indienne Tata, Indal - une société dont Alcan était l'actionnaire principal - et Hydro Aluminium, une filiale de la norvégienne Norsk Hydro. En 2000, Alcan a vendu sa participation dans Indal à Hindalco. Elle est par contre devenue directement partenaire du projet en 2001, lorsque Norsk Hydro s'est retirée et a vendu une partie de sa participation à Alcan et l'autre, à Hindalco. Bref, au fil des ans et des ententes d'actionnaires, Alcan aurait perdu sa marge de manoeuvre, même en ayant 45 % des actions. Entre autres, Alcan n'avait pas les coudées franches en matière de développement durable, un domaine dans lequel s'est engagée à des normes strictes. Par exemple, Alcan n'aurait pas pu implanter le nouveau cadre de durabilité qu'elle est en train de mettre à l'essai en Afrique, dans des projets où elle aura le contrôle, a également signalé Claude Perras, directeur des affaires internationales. Alcan agira comme fournisseur Alcan restera liée au projet en agissant comme fournisseur de technologie dans Utkal. Elle vendra une licence et obtiendra des redevances. Mme Michaud a refusé de donner des détails à ce sujet, et de préciser si cette entente permettra à Alcan d'obtenir de l'alumine à bon prix. Mais elle a indiqué que le fait d'être fournisseur n'obligeait pas Alcan à demander à son client (Hindalco) de respecter ses normes de durabilité." Si on n'a pas réussi avec 45 % [des parts], imaginez en tant que simple fournisseur", a-t-elle dit. À deux égards, Hindalco a démontré qu'elle n'était pas à la hauteur des critères d'Alcan, selon l'enquête des AFFAIRES publiée la semaine dernière : elle a commandé une étude d'impact environnemental qui a été jugée faible par des organismes indépendants; et elle n'entretenait pas de bonnes relations avec les communautés touchées par le projet. D'autres projets en vue en Inde et ailleurs Le retrait d'Alcan du projet ne signifie toutefois pas qu'Alcan se désintéresse de l'Inde." Nous n'excluons pas d'autres transactions et nous nous intéressons à toutes les régions fortes en bauxite" a indiqué Mme Michaud. Elle signale par ailleurs qu'Alcan travaille sur de nouveaux projets ou des projets d'expansion en Australie, au Brésil, à Madagascar, en Guinée et au Ghana. La multinationale souhaite publiciser la nouvelle démarche de durabilité qu'elle a lancée l'été dernier au Ghana, dans le cadre de l'exploitation d'une nouvelle mine de bauxite et d'une raffinerie d'alumine. Cette démarche fera en sorte qu'Alcan n'investissera pas dans le développement des populations déplacées sans avoir en main des engagements clairs des autorités locales." Nous voulons sortir du modèle paternaliste des entreprises en matière de développement local", a expliqué Claude Perras, le responsable de cette démarche. De plus, Alcan est en train de développer des outils pour mesurer les impacts sociaux de ses actions locales, une première dans son histoire. suzanne.dansereau

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