«Il faut se donner les moyens de nos ambitions» - Hubert Bolduc, pdg de Montréal International

Offert par Les Affaires


Édition du 23 Avril 2016

«Il faut se donner les moyens de nos ambitions» - Hubert Bolduc, pdg de Montréal International

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Édition du 23 Avril 2016

Par François Normand

Hubert Bolduc, pdg de Montréal International depuis la mi-janvier. [Photo : Jérôme Lavallée]

Le mandat du nouveau patron de Montréal International, Hubert Bolduc, commence bien. L'organisation a attiré pour un milliard d'investissements étrangers en 2015, en hausse de 15 %. Malgré tout, elle est à la croisée des chemins. Pour continuer de croître, elle devra non seulement être davantage proactive à l'étranger, mais elle aura aussi besoin de plus de ressources financières de ses bailleurs de fonds.

En entretien à Les Affaires quelques jours avant la publication des résultats de l'exercice 2015 (le 21 avril), Hubert Bolduc a expliqué que le budget annuel de fonctionnement de l'organisation stagne depuis 20 ans si l'on tient compte de l'effet de l'inflation (il s'établit à environ 10 millions de dollars). Ainsi, la part qui vient du secteur privé (15 % du budget) est en forte croissance, mais celle venant des gouvernements est stable (donc en décroissance en tenant compte de l'inflation), à l'exception de celle de la Communauté métropolitaine de Montréal, qui l'indexe à l'inflation depuis deux ans.

«Il va falloir se poser la question : voulez-vous qu'on en fasse plus, qu'on aille plus loin ? Si oui, il faudra peut-être se donner les moyens de nos ambitions», dit celui qui a été nommé pdg de Montréal International le 11 janvier. Il a succédé à Dominique Anglade, aujourd'hui ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation du Québec.

Ancien conseiller au cabinet du premier ministre Bernard Landry, Hubert Bolduc est conscient que sa demande n'est «pas agréable à entendre» dans un contexte où les gouvernements réduisent leurs dépenses.

Mais il souligne à quel point Montréal International, qui emploie une cinquantaine de personnes, joue un rôle crucial pour stimuler l'économie du Grand Montréal et celle de l'ensemble du Québec. Par exemple, le milliard de dollars d'investissements étrangers réalisés en 2015 dans la métropole a contribué à 20 % de la croissance économique du Québec.

L'organisation d'Hubert Bolduc peut en faire plus, mais il faudra des sous, souligne cet ancien vice-président aux communications chez Cascades et démarcheur chez Investissement Québec. «Si vous voulez qu'on double l'investissement étranger, ce sera possible, mais ça va prendre plus de ressources.»

À titre d'exemple, quand il atteint son rythme de croisière, un démarcheur de Montréal International peut attirer en moyenne de 80 à 100 millions de dollars d'investissements étrangers par année dans le Grand Montréal.

L'union fait la force

En marge de cet enjeu de financement, Hubert Bolduc veut aussi que Montréal International collabore davantage avec les autres organisations spécialisées dans l'attraction d'entreprises étrangères que sont Investissement Québec et Québec International, sans parler de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui est aussi active dans toutes les régions du monde.

Ainsi, une fois par année, leurs dirigeants pourraient se réunir pour repérer les entreprises et les secteurs clés à courtiser en priorité à l'étranger, et décider quelle organisation est la mieux placée pour amorcer une campagne de séduction, explique Hubert Bolduc.

«Qui a les meilleures relations ? Comment approche-t-on tel investisseur potentiel ? Et qui ira cogner à la porte de cette entreprise ?»

Pour illustrer son propos, M. Bolduc donne l'exemple d'une hypothétique stratégie pour convaincre le constructeur de voitures électriques Tesla de s'installer au Québec. Et pour établir le contact avec les dirigeants, l'ancien chef de la direction financière de Google, le Québécois Patrick Pichette, pourrait être un allié, car il connaît bien Jason Wheeler, chef de la direction financière de Tesla depuis novembre 2015. Jason Wheeler a travaillé chez Google pendant 13 ans, et y était le bras droit de Patrick Pichette. Il a remplacé le Québécois quand celui-ci a annoncé, en mars 2015, qu'il quittait Google pour partir à la retraite.

«Si nous avons cette rencontre avec Tesla, et qu'on va chercher le président d'Hydro-Québec et Christain Dubé ou Michael Sabia de la Caisse de dépôt, cela a pas mal plus d'impact que si on y va chacun de notre côté», souligne Hubert Bolduc.

Les entreprises américaines seront d'ailleurs sur l'écran radar de Montréal International au cours des prochaines années, en raison de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne (UE) qui doit entrer en vigueur en 2017. En effet, l'accord que les États-Unis tentent de conclure eux-mêmes avec l'UE pourrait ne jamais voir le jour, affirme M. Bolduc. «Nous avons récemment eu une rencontre à Ottawa. On nous a dit que même les négociateurs les plus optimistes pensent que cela [un accord États-Unis-UE] ne se fera pas.»

Par conséquent, les démarcheurs de Montréal International aviseront les entreprises américaines que, si elles veulent exporter en Europe sans payer de tarifs douaniers, elles ont tout intérêt à s'établir dans la région de Montréal.

«C'est une stratégie qu'on déploiera, et j'espère qu'on aura des résultats, car on a une carte très intéressante à jouer», insiste M. Bolduc.

Les données massives, un secteur à exploiter

Montréal International mettra aussi des énergies supplémentaires pour développer les grappes existantes de la métropole (aérospatiale, technologies de l'information et des communications, etc.), sans oublier de nouveaux secteurs tels que le traitement des données massives (big data).

Une récente étude de Montréal International conclut que la métropole a tout ce qu'il faut pour devenir un leader dans l'analyse des données massives (expertise, énergie, etc.). «Le Québec peut devenir une raffinerie extraordinaire pour prendre ces données-là et leur donner de la valeur», dit M. Bolduc.

Enfin, dans les prochaines années, le patron de Montréal International veut aussi renforcer l'image de la métropole à l'étranger, qui est surtout reconnue pour sa vitalité culturelle.

«J'aimerais que Montréal soit autant connue comme place d'affaires qu'elle l'est comme place de loisir et de divertissement. À l'étranger, on parle du Festival international de jazz, de Juste pour Rire. Il est beaucoup question de plaisir. Il faudrait qu'on parle aussi de Montréal comme d'une destination de choix pour les affaires.»

Résultats de Montréal International en 2015

› 1 milliard de dollars d'investissements directs étrangers

Origine géographique de ces investissements

› Asie : 13 %

› Amérique du Nord : 33 %

› Europe : 54 %

Répartition sectorielle

› TIC : 51,5 %

› Sciences de la vie : 11 %

› Immobilier : 9,3 %

› Manufacturier : 8,1 %

› Environnement : 6,4 %

› Aérospatiale : 5,2 %

› Technologies environnementales : 2,8 %

› Énergie : 1,7 %

› Agroalimentaire : 1,1 %

› Autres : 2,9 %

› 3 164 emplois créés

› 49 missions réalisées à l'étranger

L'investissement étranger dans le Grand Montréal représente :

› 2 200 filiales de sociétés étrangères (50 pays)

› 195 000 emplois directs

Source : Montréal International

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