Gérer une crise peut devenir lourd à porter pour un entrepreneur

Publié le 05/05/2022 à 10:04

Gérer une crise peut devenir lourd à porter pour un entrepreneur

Publié le 05/05/2022 à 10:04

Par La Presse Canadienne

De nombreux entrepreneurs affirment être à bout de souffle. (Photo: 123RF)

Au pire de la pandémie, le propriétaire des restaurants Pacini, Pierre-Marc Tremblay, raconte n’avoir «jamais autant pleuré» de sa vie tandis qu’il devait prendre des décisions difficiles pour assurer la survie de son entreprise. 

L’homme d’affaires a fait cette confidence, mercredi, lors d’une conférence portant sur la santé globale des entrepreneurs québécois organisée par la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et Raymond Chabot Grant Thornton.

Au début de la pandémie, M. Tremblay a dû congédier temporairement environ 800 employés tandis que les restaurants devaient fermer leurs portes. La décision a suscité de vives réactions de la part des employés et franchisés. «Ça a été extrêmement difficile», se rappelle-t-il. 

L’entrepreneur affirme avoir connu un «grave» problème de sommeil durant cette période. «Pleurer m’a fait du bien. Je n’ai jamais autant pleuré. Ça m’a permis de récupérer. Cette pression-là, quotidienne, elle nous magane.»

À force de mener le combat pour sauver son entreprise, l’homme d’affaires Paul Lebrun a également vu sa santé se détériorer pendant la pandémie tandis qu’il était dans un esprit «de combat» pour sauver son entreprise. «Avant la pandémie, j’étais triathlonien, maintenant j’ai des problèmes d’abus d’alcool. On porte une responsabilité énorme sur nos épaules et on arrive à se sentir extrêmement seul.»

Le témoignage des deux entrepreneurs n’est pas un cas unique tandis que de nombreux entrepreneurs affirment être à bout de souffle. Près de 58% des répondants à un sondage effectué par la FCCQ affirment que leur santé globale (mentale et physique) s’est détériorée depuis le début de la pandémie. 

Près de 67% des répondants disent que la charge de travail trop intense a été un obstacle à leur état de santé. Dans un contexte de rareté de main-d’œuvre, 49% disent que le manque de ressources a nui à leur santé globale. 

Consulter notre dossier sur la santé au travail.

Plus de la moitié (51%) des répondants affirment que l’aide pour les entrepreneurs qui vivent des ennuis de santé, mentale ou physique, n’est pas facilement accessible. 

Ce portrait est similaire à celui qui ressort d’un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), dévoilé mardi. Près des deux tiers des propriétaires de PME affirment qu’ils «sont plus proches de l’épuisement professionnel que jamais». 

Lorsqu’une personne en affaires subit un revers, le choc sur sa vie personnelle peut donner un grand coup. L’entrepreneur en construction Tommy Roberge a vécu des moments éprouvants lorsqu’un associé a trahi sa confiance en 2014.

Quelques mois après avoir déménagé en Alberta, le père de famille a dû y laisser sa conjointe et ses enfants tandis qu’il est retourné vivre au Québec pour gérer cette crise. Il raconte avoir eu des pensées suicidaires. Un proche inquiet aurait même contacté la police pour s’assurer qu’il n’allait pas passer à l’acte.

Discuter de la santé mentale et physique demeure tabou dans la communauté d’affaires québécoise, croient les gens qui en font partie, toujours selon le sondage de la FCCQ. Près de 86% estiment qu’il est tabou de discuter de la santé mentale. Ils sont 56% à croire que de discuter de la santé globale (mental et physique) est également tabou. 

M. Tremblay croit pourtant qu’il est important de reconnaître ses moments de vulnérabilité. «Il y a des gens qui ne s’expriment pas, car ils ont peur de s’effondrer. La façon de s’en sortir justement, c’est de l’exprimer.»

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