Fort McMurray: coup dur pour l'économie canadienne

Publié le 09/05/2016 à 13:50

Fort McMurray: coup dur pour l'économie canadienne

Publié le 09/05/2016 à 13:50

Par AFP

(Photo: Bloomberg)

Les compagnies pétrolières ont stoppé ou significativement réduit leur production sous la menace des gigantesques feux de forêts à Fort McMurray, où plusieurs jours, voire des semaines, seront nécessaires avant un retour à la normale. 

Les violents brasiers qui ravagent depuis plus d'une semaine les forêts en Alberta, vont brûler des mois, à moins de beaucoup de pluie, selon Chad Morrisson, directeur du service des incendies de la province de l'Ouest canadien.

Parmi les 100 000 personnes évacuées de la région de Fort McMurray figurent des milliers de travailleurs de l'industrie pétrolière, poumon économique de la province et moteur de l'économie canadienne avant la dégringolade du prix de l'or noir il y a deux ans.

L'ensemble des compagnies pétrolières du bassin des sables bitumineux ont suspendu ou considérablement réduit leurs opérations, évacuant le plus souvent leurs employés à l'approche des flammes de leurs installations.

La baisse de production représenterait entre 1 et 1,5 million de barils de pétrole par jour, selon les experts, alors que la production de ce bassin atteignait environ 2,5 millions de barils avant les feux.

Cela représente environ le tiers de la production canadienne, selon les analystes. 

Pour les compagnies et pour l'économie canadienne, cette catastrophe tombe au plus mauvais moment. Sur les deux dernières années, les pétroliers ont licencié en masse leurs salariés et l'économie canadienne est même tombée en récession l'an dernier, le secteur énergétique comptant pour 10% du PIB.

En 2015, le secteur pétrolier et gazier a licencié 30 000 personnes, selon les chiffres du cabinet Petroleum Labour market, après déjà quelques milliers l'année précédente.

Pire que prévu

Avant même le départ des feux il y a tout juste une semaine, l'économie de l'Alberta, où le secteur des ressources naturelles contribue pour le tiers du PIB, était déjà en récession. Pour le seul mois d'avril, 21 000 emplois avaient été supprimés, portant le taux de chômage à 7,2%, soit plus de deux fois son niveau d'avant la crise pétrolière.

Le gouvernement de la province prévoyait dans son budget tirer cette année 1,4 milliard de dollars canadiens de redevances du pétrole, mais cette manne va fondre avec les feux, alors qu'elles étaient de 9 milliards l'an dernier.

Avec cette catastrophe naturelle, l'économie canadienne va stagner au deuxième trimestre, prévient Douglas Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal, dont la prévision initiale était de 1,5%. 

Et cette prévision pourrait encore être révisée à la baisse, puisqu'elle est basée sur une production amputée d'un 1 million de barils de pétrole par jour pour «environ deux semaines».

«Cela pourrait finir par être pire que prévu», affirme à l'AFP cet économiste, tout en entrevoyant un rebondissement de la croissance dans la seconde moitié de 2016 avec notamment l'activité générée par la reconstruction partielle de la ville de Fort McMurray.

La facture des incendies pour les assureurs pourrait aller jusqu'à 9 milliards de dollars canadiens. 

Officiellement, les compagnies pétrolières comme la canadienne Suncor misent sur «un redémarrage rapide et fiable des installations» une fois que les feux auront été maîtrisés ou éloignés de leur zone d'exploitation. 

L'an dernier, des feux dans la région avaient également forcé des compagnies à arrêter 10% de la production du bassin, mais celle-ci avait pu reprendre au bout de seulement deux semaines.

Mais les choses seront beaucoup «plus compliquées», dans le cas présent, a déclaré Douglas Porter. «La grosse différence, c'est que, cette fois, c'est toute la main-d'oeuvre qui a été évacuée».

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