Des graines de moutarde pour faire voler les avions


Édition du 05 Novembre 2016

Des graines de moutarde pour faire voler les avions


Édition du 05 Novembre 2016

[Photo : 123RF/Anna Bizon]]

Une entente conclue le 6 octobre lors de la dernière assemblée de l'Organisation de l'aviation civile internationale pourrait donner des ailes à la firme Agrisoma Biosciences. Le nouveau régime mondial de mesures basées sur le marché, qui se trouve au coeur de l'accord visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre du transport aérien, devrait augmenter son bassin de clients et l'étendre à des compagnies aériennes jusque-là hésitantes à amorcer un virage vers des solutions de rechange plus vertes en matière de carburant.

Au cours des 10 dernières années, l'entreprise de Gatineau a mis au point un biocarburant généré à partir des récoltes de semences de Brassica carinata - une variété de moutarde. «On prévoit que la demande sera si forte qu'on ne voit pas vraiment les autres entreprises qui font des carburants alternatifs comme des concurrents», dit Hank Krakowski, directeur de l'aviation durable chez Agrisoma Biosciences.

M. Krakowski a travaillé pour la United Airlines et la Federal Aviation Administration avant de se joindre à l'entreprise québécoise il y a un peu plus d'un an. Il dit avoir amorcé des discussions depuis huit mois avec cinq compagnies aériennes de quatre pays différents, notamment en Europe et en Amérique du Nord. «Avec ces derniers développements, nous nous attendons à ce que les discussions s'intensifient rapidement», dit-il.

Un levier pour la commercialisation

Pour atteindre l'objectif de rendre le transport aérien international carboneutre à partir de 2020 et celui de réduire de moitié les émissions de GES du secteur d'ici 2050 par rapport au niveau de 2005, le nouveau mécanisme devrait notamment se traduire par des crédits carbone.

Pour Agrisoma Biosciences, il s'agit d'un levier dans la commercialisation de leur biocarburant, dont le modèle d'entreprise misait sur une telle mesure. «Une solution comme la nôtre ne peut pas concurrencer le prix du pétrole à une trentaine de dollars américains le baril», explique Hank Krakowski. Or, il croit que leur produit possédera une grande valeur au sein du nouveau mécanisme, puisque ce dernier prendra en compte l'ensemble du cycle carbone, dont la capture du carbone réalisée au moment de la culture des plantes. Les crédits compensatoires remis aux producteurs par son entremise permettront à la PME d'offrir son biocarburant à un prix plus abordable.

Après un vol d'essai dans les environs d'Ottawa en 2013, Agrisoma Biosciences avait estimé que les émissions d'aérosols étaient deux fois moindres avec son huile à base de graines de Brassica carinata qu'avec un carburant pour avion traditionnel. De plus, le reste de la plante est transformé en nourriture, approuvée par l'Agence canadienne d'inspection des aliments et destinée aux animaux de la ferme. Cette propriété permet à l'huile de Brassica carinata de ne pas être produite au détriment de la sécurité alimentaire, comme cela a été le cas pour le bioéthanol à base de maïs. Selon l'entreprise, un sac de 23 kilogrammes de semences peut générer 8 000 litres de biocarburant et six tonnes de nourriture pour les animaux. Ces semences peuvent d'ailleurs pousser dans les champs sur une terre en jachère.

Agrisoma Biosciences se retrouve dans les deux secteurs des technologies propres en émergence au Québec, soit les innovations agricoles et la chimie verte. Denis Leclerc, président de la grappe Écotech Québec, voit dans ces deux domaines «un fort potentiel» et note un intérêt grandissant des investisseurs sur la scène internationale pour ceux-ci.

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