Des boutiques de la SAQ dans les épiceries : une idée farfelue


Édition du 05 Juillet 2014

Des boutiques de la SAQ dans les épiceries : une idée farfelue


Édition du 05 Juillet 2014

Des points de vente coûteux

En voulant installer ses propres magasins dans les épiceries et en y ayant ses propres employés, la SAQ imposerait à ses nouveaux points de vente des coûts d'exploitation plus élevés que ceux que représenterait un mode de distribution par les épiciers eux-mêmes. Ces coûts pèseraient sur sa marge de bénéficiaire, ce qui devra être évalué dans la négociation avec les épiciers quant au loyer qui pourrait être payé (ou non).

La SAQ est prisonnière d'un réseau de distribution coûteux, constitué surtout d'établissements en un lieu propre, de préférence à la location de locaux dans des centres commerciaux, comme le font la plupart des détaillants.

La solution optimale aux coûts élevés du système de distribution de la SAQ serait la commercialisation de ses produits par les détaillants privés existants ou par des commerces spécialisés qui pourraient être créés, comme cela existe dans de nombreux pays européens.

Cette solution est évidente, mais le chemin à parcourir pour y arriver comporte trop d'embûches pour que l'État s'y risque : les salariés de la SAQ, qui voudront garder leur emploi, les syndicats, qui voudront sauver leurs cotisations, les étatistes, pour qui l'État est la nouvelle providence, la gauche militante, qui s'imagine que les bénéfices provenant de la vente de vins et de spiritueux par le privé tomberont dans les poches des méchants capitalistes plutôt que dans les coffres de l'État et, surtout, l'immense défi que représenterait le démembrement du réseau actuel.

Ces difficultés expliquent les trop courts débats qui surviennent périodiquement sur «la privatisation de la SAQ». Cette expression est aussi fausse que l'idée qu'elle porte, comme si la solution optimale à l'inefficacité du réseau de la SAQ était de remplacer un monopole public par un monopole privé. Qu'il soit public ou privé, un monopole est toujours inefficace.

S'inspirer du modèle de distribution de la bière

Même si elle est irréaliste sur le plan politique, la véritable solution aux coûts élevés de la SAQ est la distribution des vins et des spiritueux par le privé, comme c'est le cas pour la bière.

Cette solution aurait comme avantage supplémentaire d'accroître et de diversifier l'offre de produits pour le plus grand bien des consommateurs. Grâce à la créativité de nos entrepreneurs, nous verrions se multiplier des boutiques et des commerces spécialisés dans les vins, comme on le voit dans les autres secteurs de l'alimentation.

L'État n'y perdrait rien, puisqu'il possède un très bon système de perception de taxes directes.

Créée pour promouvoir la tempérance il y a près d'un siècle, la SAQ n'a plus de raison d'être objective. Il serait inapproprié qu'elle étende son monopole dans les épiceries.

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À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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