Corruption systémique

Publié le 16/10/2009 à 11:45

Corruption systémique

Publié le 16/10/2009 à 11:45

Par Jean-Paul Gagné


Il ne fait pas de doute que la corruption dans la construction déborde le milieu syndical.

Elle existe aussi dans des entreprises de construction, qui se partagent des contrats malgré la loi régissant les appels d’offre et la règle du plus bas soumissionnaire.

Cette règle est facile à déjouer. Tantôt, on forme les comités d’appels d’offres de façon à limiter le nombre de soumissionnaires (on a écarté Veolia du contrat des compteurs d’eau de Montréal) ou à les sélectionner en fonction du résultat que l’on veut, tantôt des soumissionnaires s’entendent entre eux pour se partager les contrats.

C’est pour cela que les contrats de construction de routes et de grands travaux octroyés dans la région de Montréal coûteraient 20, 25 et même 30 % plus cher qu’ils le devraient normalement. Des entrepreneurs s’en mettent plein les poches, mais il faut aussi entretenir les distributeurs des contrats et financer des activités partisanes des partis. Cela est inacceptable et il n'est pas évident que les enquêtes de police en cours suffiront à enrayer ce fleau.

Et malheur à celui qui déjoue cette pratique, comme on l’a vu avec le contrat gagné par LM Sauvé pour la réparation de la toiture de l’hôtel de ville de Montréal.

LM Sauvé était arrivée deuxième pour le prix, mais comme sa soumission était la meilleure sur les aspects qualitatifs, le comité de sélection l’avait recommandée aux élus de la Ville de Montréal, qui l’avaient retenue.

Erreur d’aiguillage ou naïveté du comité de sélection ? Résultat : LM Sauvé n’a jamais pu lancer vraiment son chantier. Sur les conseils d’un entrepreneur, il fit appel à un gestionnaire de chantier, qui s’avéra être un proche des Hells Angels. Quand les demandes d’argent sont arrivées pour soudoyer certaines personnes, le président de LM Sauvé s’en est ouvert à la Sûreté du Québec. Il a aussi raconté son histoire dans les médias... pour se proéger.

Tumeurs cancéreuses

C’est un secret de polichinelle que, telles des tumeurs cancéreuses, la corruption existe aussi dans le milieu municipal, comme en témoigne le reportage récent de Radio-Canada sur ce qui s’est passé récemment à Boisbriand. Un entrepreneur local, Lino Zambito, dont l’entreprise, Infrabec, rafle les trois quarts des contrats de la ville (il a même été le seul soumissionnaire pour un important contrat), a essayé d’empêcher la tenue de l’élection municipale de novembre. Pourquoi tenait-il autant à ce que rien ne change dans l'administratiuon municipale ?

Et que dire de Benoît Labonté, ex-chef du parti Vision Montréal, qui, selon ruefrontenac.com, a demandé de l’argent à l’homme d’affaires Tony Accurso, propriétaire de Simard-Beaudry, société associée à Dessau pour l’obtention du fameux contrat des compteurs d’eau de la Ville de Montréal ?

Rappelons que Tony Accurso a invité sur son yacht dans les Caraïbes plusieurs personnalités, dont Frank Zampino, ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, pendant le processus d’appel d’offres du contrat des compteurs d’eau.

Financement des partis

Pourquoi y a-t-il autant de relations entre certains élus et fonctionnaires municipaux, des entreprises de construction et des bureaux d’ingénieurs-conseils ?

Tout simplement parce que les partis municipaux et les aspirants à des postes électifs ont besoin d’argent pour financer leurs campagnes électorales.

Or, qui d’autres que les entreprises qui obtiennent des contrats des villes ont un intérêt évident à  financer des partis municipaux et des candidats à des postes électifs ? À peu près personne, à part des amis et des proches de ces aspirants à des postes électifs ? Or ce n’est pas avec les grenailles de ces derniers que quelqu’un va financer une campagne électorale.

Il faut donc de plus gros donneurs.

Certes, la loi électorale interdit les dons des entreprises et limite à 1 000 $ par personne les dons aux partis politiques. Mais elle permet des dons anonymes pour 20 % des sommes que reçoit un parti et autorise des contributions personnelles non déclarés lors d’une course à la direction au sein d’un parti.

D'où deux questions :

Faut-il revoir la loi sur le financement des activités politiques ?

Faut-il une commission enquête sur l’attribution des contrats de construction dans le milieu municipal ?

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