Commerce international: le déclin du multilatéralisme pourrait nuire au Canada


Édition du 07 Juin 2014

Commerce international: le déclin du multilatéralisme pourrait nuire au Canada


Édition du 07 Juin 2014

Par François Normand

Pascal Lamy, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce

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La multiplication des accords bilatéraux de libre-échange ouvre peut-être des marchés aux entreprises canadiennes. Mais à terme, le déclin du multilatéralisme pourrait poser un risque d'affaires important pour nos entreprises si cela se traduisait par une fragmentation de la réglementation mondiale, affirme l'ancien directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy.

En entretien avec Les Affaires quelques jours avant sa participation à la Conférence de Montréal, il explique qu'une éventuelle non-convergence de la réglementation mènera à la loi du plus fort. «À ce moment, les grands acteurs, Europe, États-Unis et Chine, domineront seuls la scène des normes et des standards», dit Pascal Lamy, qui a dirigé l'OMC de 2005 à 2013.

Et s'il n'y a pas de convergence efficace, l'économie mondiale ne pourra plus bénéficier de la libéralisation multilatérale des échanges, qui a tant favorisé les pays industrialisés comme le Canada depuis l'entrée en vigueur, en 1948, de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (le GATT) - remplacé par l'OMC en 1995.

Un enjeu en suspens

«L'ouverture des échanges a favorisé les économies d'échelle depuis 50 ans, rappelle Pascal Lamy. La question est de savoir si, dans les 50 ans à venir, dans la mesure où les obstacles aux échanges ont changé de nature, on pourra bénéficier de ce même aplanissement.»

Par exemple, si les États-Unis et l'Europe se mettent d'accord sur la taille des pare-chocs des voitures, ce sera difficile pour les autres pays comme le Canada de faire différemment, explique l'ancien patron de l'OMC.Celui qui est aujourd'hui président d'honneur de Notre Europe - Institut Jacques Delors précise toutefois que cette non-convergence ne s'est pas encore matérialisée, même si les négociations du cycle de Doha, lancées en 2001 pour libéraliser et harmoniser les règles du commerce international, ont échoué.

«C'est une question qui reste en suspens. Ça peut aller dans un sens, ça peut aller dans l'autre», dit-il.

MM. Lamy et Trichet seront à Montréal pour le Forum économique international des Amériques, du 9 au 12 juin

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