Comment la guerre affectera les matières premières

Publié le 28/02/2022 à 16:47

Comment la guerre affectera les matières premières

Publié le 28/02/2022 à 16:47

La Russie et l’Ukraine représentent 29% des exportations mondiales de blé. (Photo: 123RF)

Dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, il n’y a pas que des questions énergétiques. Les matières premières agricoles et les engrais promettent d’être d’autres sources de préoccupation.

La Russie et l’Ukraine représentent 29% des exportations mondiales de blé, selon les données du département américain de l’Agriculture. La mer Noire à proximité fait partie d’une route maritime clé pour ces produits. L’Ukraine est également l’un des principaux exportateurs de maïs, d’orge et d’autres céréales.

Vendredi, les prix à terme du blé américain ont atteint leur plus haut niveau en près de 14 ans, le maïs a oscillé près d’un sommet de huit mois et le soja a rebondi.

Les prix des céréales réagissent à la situation actuelle de l’Ukraine depuis des mois. Fin janvier, les prix à terme du blé ont grimpé jusqu’à 830 cents, se rapprochant du sommet de neuf ans de plus de 860 cents atteint en novembre 2021.

Pendant ce temps, la demande mondiale de blé a augmenté avec la croissance démographique et l’amélioration des indicateurs de qualité de vie induite par les revenus.

Dans les dernières Perspectives du blé 2021/22 du Département de l’agriculture, la production mondiale de blé a été révisée à la baisse de 2,2 millions de tonnes métriques (MT) à 776,4 millions de MT.

La consommation mondiale de blé, quant à elle, devrait augmenter de 0,6 million de tonnes métriques pour atteindre 788,1 millions. Il pensait que la diminution de l’utilisation alimentaire, des semences et industrielle n’était pas suffisante pour compenser une augmentation de l’utilisation fourragère et résiduelle.

Impact sur les céréales

«L’état actuel du conflit aura certainement un impact sur les marchés mondiaux des céréales, notamment parce que les exportations ukrainiennes seront largement bloquées», déclare Ignace De Coene, gérant actions au sein de l’équipe qui en charge du fonds DPAM INVEST B — Equities Sustainable Food Trends. «En général, nous devrions nous attendre à des hausses de prix sur toutes les principales céréales (blé, maïs et soja).»

Selon le gérant, l’ampleur de ces mouvements de prix dépendra de la capacité de l’Ukraine à exporter ces matières premières et de la capacité de la Russie à contourner les sanctions, bien que la Chine reste probablement un acheteur volontaire compte tenu des énormes volumes qu’elle importe chaque année.

Mais il y a d’autres facteurs à considérer. «La plupart de ces exportations partent des ports de la mer Noire, au cœur de l’endroit où un conflit militaire pourrait se produire», indique un rapport de Capital Economics.

«Outre la question portuaire, il y a aussi le risque de dommages aux cultures ukrainiennes à la suite des combats au sol. Compte tenu de l’ampleur et de la gravité des risques, nous avons également relevé nos prévisions à court terme pour la plupart des matières premières agricoles d’environ 25%».

Capital Economics suggère que cette crise pourrait ajouter 1,5 % à l’inflation de la zone euro cette année (en particulier à cause des coûts alimentaires et énergétiques), ce qui pourrait forcer la main de la Banque centrale européenne à relever les taux d’intérêt plus tôt ou plus fort que prévu.

Les matières premières comme couverture

Du point de vue des investisseurs, les matières premières peuvent être utilisées comme couverture du risque géopolitique.

«La Russie représente environ 40% des importations de gaz de l’Union européenne et 30% de ses importations de pétrole», note Mark Haefele, Chief Investment Officer Global Wealth Management, UBS AG.

«Mais l’Ukraine est un important exportateur de maïs, de blé et d’oléagineux. Au milieu du risque de rupture d’approvisionnement, nous pensons que les matières premières peuvent être une couverture du risque géopolitique efficace pour les portefeuilles, tout en offrant une source de rendements attrayante dans un environnement de croissance accélérée, d’inflation persistante et de taux plus élevés».

La hausse des prix aura des effets différents selon le positionnement des entreprises dans la chaîne d’approvisionnement.

«Les entreprises opérant en aval de la chaîne de valeur agroalimentaire (en particulier les grandes entreprises de consommation B2C) seront probablement affectées, par une augmentation du coût des matières premières alimentaires», estime De Coene du DAPM.

«Mais des prix plus élevés pour les produits de base amélioreront également les revenus des entreprises agricoles et les inciteront à maximiser les rendements et à améliorer la productivité. Ils sont donc susceptibles de dépenser davantage pour de meilleures semences, des engrais spéciaux et des équipements améliorant les revenus des entreprises travaillant sur ces segments.»

 

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