Cimenterie à Port-Daniel: la valeur du placement de la CDPQ a plongé

Publié le 16/04/2021 à 08:19

Cimenterie à Port-Daniel: la valeur du placement de la CDPQ a plongé

Publié le 16/04/2021 à 08:19

Par La Presse Canadienne

(Photo: Getty Images)

La cimenterie gaspésienne de Port-Daniel n’a pas seulement fait perdre plusieurs centaines de millions aux contribuables québécois: elle a également contraint la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) à abaisser significativement la valeur de son placement dans ce complexe marqué par d’importants dépassements de coûts.

En date du 31 décembre dernier, l’évaluation oscillait entre 50 millions $ et 100 millions $, a révélé le bas de laine des Québécois dans les documents qui accompagnent son rapport annuel dévoilé jeudi. Il s’agit d’une importante variation comparativement à la fourchette de 300 millions $ à 500 millions $ de son investissement dans Ciment McInnis un an plus tôt.

«Au 31 décembre, c’est un investissement dans une usine qui avait sa part de défis, a souligné le porte-parole de la CDPQ, Maxime Chagnon. Aujourd’hui, nous sommes dans une coentreprise avec un joueur stratégique qui contribue avec des actifs profitables qui amènent un potentiel de création de valeur pour notre investissement.»

Celui-ci a ajouté que «tant et aussi longtemps» que le gestionnaire de régimes de retraite conserve sa participation, «on ne peut conclure à quelque rendement ou perte matérialisée que ce soit».

Inauguré en 2017, le complexe gaspésien d’environ 200 employés est sur le point de se retrouver officiellement dans une coentreprise regroupant les actifs nord-américains du conglomérat brésilien Votorantim Cimentos. Elle sera contrôlée à hauteur de 83% par une filiale du sixième producteur de ciment du monde et à 17% par la CDPQ — qui détenait auparavant 27,5% de Ciment McInnis.

Depuis 2014, le gestionnaire de régimes de retraite a injecté plus de 450 millions $ dans ce projet dont la facture est au bas mot estimée à 1,6 milliard $.

 

Actionnaire et prêteur

Annoncée en décembre dernier, la transaction avec Votorantim Cimentos devrait se traduire par des pertes totalisant 472 millions $ pour l’État québécois, qui était actionnaire du projet en plus d’être prêteur.

Interrogé, l’expert en gouvernance et professeur à l’Université Concordia Michel Magnan ne s’est pas étonné de voir la CDPQ procéder à une réévaluation à la baisse de son investissement dans Ciment McInnis.

«On savait que la Caisse était vendeuse et que ça n’allait pas nécessairement bien pour l’entreprise, a-t-il expliqué au cours d’un entretien téléphonique. Je pense qu’ils sont mieux d’avoir 17% de la coentreprise aujourd’hui (que la participation d’auparavant), mais l’avenir nous le dira.»

Le siège social de la coentreprise sera à Toronto.

Présente dans 11 pays, Votorantim Cimentos compte 12 000 employés et génère des revenus nets de 4,4 milliards $ CAN. L’entité nord-américaine exploitera cinq cimenteries, 22 terminaux de distribution et deux broyeurs à ciment.

Le chantier de la cimenterie avait été annoncé en grande pompe par le gouvernement péquiste de Pauline Marois en 2014 et devait être piloté par Beaudier, la société d’investissement de la famille Beaudoin, qui faisait partie des actionnaires. Des dépassements de coûts de plusieurs centaines de millions de dollars sont survenus alors que le Parti libéral du Québec, qui avait donné le feu vert au projet, était au pouvoir.

La CDPQ avait injecté près d’un demi-milliard de dollars dans le projet depuis 2014. Elle en avait pris le contrôle en 2016 et sa participation dans Ciment McInnis était de 27,5% en date du 31 décembre 2019. L’institution contrôlait toutefois le conseil d’administration de la compagnie.

 

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