INFOGRAPHIE. Ce pont d’à peine 2km, reliant l’Ontario au Michigan, symbolise à lui seul l’intensité des liens commerciaux avec nos voisins du sud.
Un moment idéal pour partager ses incertitudes. «Personnellement, je ne pense pas que nous puissions parvenir à un accord», a lancé mardi soir le président américain devant une foule de partisans échaudés de l’Arizona. Une sortie médiatique bien sentie alors que la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) a débuté il y a moins d’une semaine.
Et même si la ministre québécoise des Relations internationales s’est empressée de minimiser la gravité de ces propos, convenons que la rhétorique de Donald Trump se démarque malheureusement par sa puérilité.
Alors cette semaine, on vous invite à changer de point de vue, à prendre le large. Direction les Grands Lacs. Pas pour jaser de la pêche du crapet mais bien pour illustrer une fois de plus la contiguïté entre le Canada et les États-Unis. On ne pense pas assez souvent à ces étendues d'eau douce comme à un gigantesque vivier économique.
Cet espace compte pour 50% des échanges frontaliers bilatéraux et voit passer annuellement plus de 200 millions de tonnes de cargaisons sur ses voies naviguables. «Si le regroupement des lacs était un pays, il afficherait un PIB de 6000 milliards $US, en faisant la troisième plus grande économie du monde», souligne le Conseil de la Région des Grands Lacs (CGLR).
Surtout connue en tant poumon industriel de l'Amérique du Nord, abritant des géants tels que Ford, GM ou Bombardier, la région présente en fait une économie diversifiée. La zone courant sur huit états américains et deux de nos provinces, dont le Québec, abrite plus de 100 millions d'habitants et occupe plus de 50 millions de travailleurs. Les principaux secteurs d'emploi appartiennent à la santé et l'éducation (18%), le commerce (15%) ou encore les gouvernements (12%).
Et s'il y a bien une infrastructure pour symboliser l'étroitesse des liens entre les économies canadienne et américaine, c'est le Pont Ambassadeur. Quasiment centenaire, cette route suspendue 50 mètres au-dessus d'une rivière, relie les villes de Windsor et Detroit.
Chaque jour, près de 10000 camions l'empruntent et génèrent ainsi environ 500 millions $US d'échanges commerciaux entre nos deux nations. Ce qui équivaut à 25% du commerce bilatéral.
«C'est surprenant mais les États-Unis réalisent sur ce seul pont plus d'affaires qu'ils n'en concluent globalement avec la France, l'Allemagne, la Corée du Sud ou le Royaume-Uni», insiste le Conseil de la Région des Grands Lacs.
Enfin, rappelons qu’un nouveau pont viendra prochainement décharger l’Ambassadeur, jusqu’ici unique voie pour les camions marchands. Il s'agit du Gordie-Howe, du nom du hockeyeur né en Saskatchewan qui avait aidé les Red Wings de Détroit à décrocher quatre coupes Stanley.
«Le Pont International Gordie-Howe est le plus grand et le plus ambitieux projet d’infrastructure commerciale le long de frontière canado-américaine. Le pont encouragera de nouveaux investissements entre le Canada et les États-Unis. Il contribuera également à maintenir et à créer des milliers d’emplois et de possibilités des deux côtés», affirme Michael Cautillo, président et directeur général de l’Autorité du Pont Windsor-Détroit.
Sur un coût global estimé à un peu moins de 5 milliards $, environ 200 millions de dollars ont déjà été investis dans les activités de construction préparatoires sur le site du point d’entrée canadien.
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