À Las Vegas, des centaines de sans-abri vivent dans un monde souterrain

Publié le 04/01/2010 à 12:57

À Las Vegas, des centaines de sans-abri vivent dans un monde souterrain

Publié le 04/01/2010 à 12:57

Par La Presse Canadienne

Sous le Las Vegas des casinos rutilants et des paillettes se cache un univers sombre et méconnu: quelque 300 sans-abri survivent dans le vaste réseau souterrain enfoui sous la cité du jeu, la plupart souffrant d'addictions diverses.

Ce monde ténébreux est situé dans un dédale souterrain, construit pour évacuer les trombes d'eau susceptibles de tomber sur la ville lors des rares mais violents orages qui frappent le désert du Nevada. Aucun signe de "bienvenue" ici. La plupart des occupants, des hommes pour l'essentiel, se droguent et possèdent des armes artisanales. La police ne s'y aventure que rarement, et seulement quand on l'y appelle.

Ce labyrinthe de béton qui serpente sous Las Vegas et sa banlieue offre un paysage désolé avec ses graffitis, détritus, eaux stagnantes et odeurs pestilentielles. Les campements souterrains vont du plus spartiate -quelques couvertures élimées- au plus élaboré, avec des lieux aménagés comme de véritables appartements, comprenant lits, ustensiles de cuisine et autres bibelots. Un recoin proche du célèbre "Strip", ce boulevard qui est le coeur de la capitale du jeu, bordé d'hôtels et de casinos, a ses murs recouverts d'images pornographiques.

"Vous seriez surpris par ce que l'eau dépose ici", souligne Rick Cobble, natif de l'Oklahoma âgé de 45 ans, qui dort dans un tunnel de 1,5 mètre de haut, pas très loin du panneau qui, en surface, lance: "Bienvenue dans la fabuleuse Las Vegas".

M. Cobble, qui souffre d'une addiction sévère à la drogue et vit près d'un monticule de déchets, n'a pour tout bien que quelques couvertures et vêtements. "J'essaie juste de survivre", explique-t-il.

Rich Penksa, un ancien employé pénitentiaire à la retraite, avait entendu parler des tunnels il y a des années, au travers des récits de détenus. Aujourd'hui il fréquente le réseau souterrain pour le compte de l'association HELP, qui tente de venir en aide aux sans-abri en leur cherchant des logements plus conventionnels.

"Je ne pense pas avoir jamais eu un sentiment plus étrange que lorsque je suis en bas, dans les tunnels", souligne M. Penksa, qui raconte ce jour où il a vu des milliers d'araignées, attirées par la présence de moustiques dans de l'eau stagnante.

Les canalisations, bassins et canaux qui composent le système d'évacuation des pluies d'orage s'étendent sur 800 kilomètres, précise Betty Hollister, porte-parole de la division de contrôle régional des inondations du comté de Clark, qui a construit le réseau. Son entretien a coûté l'an dernier 7,9 millions de dollars américains.

Quelque 320 kilomètres de l'ouvrage, construit essentiellement à partir de 1986, sont constitués de canalisations qui vont de tuyaux de 60 centimètres de diamètre à de véritables tunnels de 3,6 mètres de haut sur six de large.

Les habitants de ce monde souterrain, essentiellement des hommes entre 35 et 50 ans, inspirent une certaine crainte. "Même les SDF de la surface sont très méfiants à leur égard", souligne M. Penksa.

Les policiers ne se rendent habituellement dans les tunnels que lorsqu'ils sont appelés sur place, ou effectuent des missions d'aide aux sans-abri, explique Annie Wilson, du département de police de Las Vegas.

M. Penksa dit avoir croisé quelques femmes et enfants vivant seuls, mais aucune famille. La plupart des habitants n'aiment pas les intrus et évitent les conversations.

Eric D., un New-Yorkais de 40 ans, vivant en divers endroits du réseau souterrain depuis quatre ans, raconte qu'il vit livré à lui-même, libre de s'adonner à la drogue. "Ici, nous sommes loin des regards, oubliés de tous. Ce que je trouve cool, je préfère que ce soit comme ça".

"C'est la pire des situations dans laquelle quiconque pourrait se retrouver, et je me la suis infligée à moi-même", ajoute-t-il. Eric D. est accro aux méthamphétamines et à la marijuana.

Il est possible de vivre dans ces couloirs obscurs si l'on n'est pas claustrophobe et que l'on supporte les cafards, les araignées et les mauvaises odeurs, souligne Eric. Reste que la pluie peut rendre les tunnels très dangereux, et très brutalement: l'eau peut dévaler les canalisations à la vitesse de 50 km/h, et grimper de 30 centimètres par minute, souligne Betty Hollister.

Eric D. a une réputation de météorologiste parmi ses voisins des souterrains, car il se tient informé des prévisions météo. Dans cette ville qui n'aura connu que cinq jours de pluie en 2009, il y a tout de même eu 31 morts dans des inondations depuis 1960, dont cinq depuis 1995 étaient des sans-abri.

Sous terre, Eric D. raconte avoir vu les tunnels se remplir d'eau jusqu'au plafond. "Si quelqu'un ne surveille pas la météo et que vous vous faites surprendre, vous pouvez mourir ici", dit-il.

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