« Valorisons davantage les travailleurs étrangers » - Dominique Anglade, pdg de Montréal International
Le gouvernement du Québec adoptera ce printemps la nouvelle politique en matière d'immigration. Que propose Montréal International pour favoriser l'immigration économique ?
Il existe un bassin extraordinaire, sous-utilisé au Québec : les travailleurs temporaires spécialisés, des professionnels et des techniciens, et les étudiants étrangers. Pourquoi extraordinaire ? Parce que ce sont des gens qui travaillent déjà ici ou qui étudient au Québec. Ils connaissent donc bien notre société. En 2013, ce bassin comptait 55 000 personnes. Selon une étude du Conseil emploi métropole, 18 000 d'entre elles étaient admissibles à vivre au Québec et le souhaitaient. Pourtant, seulement le tiers de ces personnes réussissent à obtenir leur résidence permanente. Nous proposons donc de maximiser le recours à ce bassin de 18 000 personnes pour combler les besoins de main-d'oeuvre du Québec. Comment ? En leur donnant plus d'information sur notre système d'immigration et sur la manière de remplir leurs papiers pour demeurer ici, car cette méconnaissance leur nuit. Il faut que cela soit fait de manière plus agressive, déterminée et systématique. Il faut aussi approcher ces 18 000 personnes et leur faire connaître les programmes d'accueil existants, comme le programme de l'expérience québécoise. L'autre enjeu, c'est de s'assurer que ce bassin continue de grandir, en accueillant plus d'étudiants internationaux au Québec.
Quelles erreurs le gouvernement Couillard devrait-il éviter à tout prix de faire en élaborant sa nouvelle politique d'immigration ?
Mettre par exemple sur un pied d'égalité le Chinois travaillant dans une entreprise montréalaise, qui a un permis temporaire et qui habite ici depuis trois ans, et le Chinois en Chine qui veut immigrer au Québec. Actuellement, ces deux personnes doivent suivre le même processus ; il n'y a pas de différence ! Dans ce processus de sélection, il faudrait être capable de valoriser davantage les travailleurs temporaires spécialisés et les étudiants étrangers qui sont déjà ici. Ce serait une erreur de continuer de mettre sur le même plan ces deux réalités, car ces deux groupes sont déjà intégrés à la société québécoise. Il y a aussi un enjeu important au chapitre de la maîtrise du français. Par exemple, si un travailleur temporaire est de niveau débutant ou intermédiaire en français, eh bien, ce n'est pas pris en considération dans le processus actuel de sélection des immigrants. On n'encourage même pas les gens qui sont de ce niveau-là à rester chez nous, car le gouvernement du Québec a changé les critères afin de valoriser un niveau intermédiaire avancé dans la sélection des candidats à la résidence permanente.
11: Depuis 2010, Montréal international a organisé 11 missions de recrutement international pour les entreprises qui ont besoin de main-d’œuvre. Elles ont permis à quelque 75 entreprises de réaliser plus de 12 000 entretiens d’embauche et de recruter plus de 700 travailleurs, employés dans la grande région de Montréal. Source : Montréal International
Dominique Anglade, Pdg de Montréal International
Nommée en 2013 à la tête de cette organisation, Dominique Anglade a œuvré auparavant au sein de plusieurs sociétés. De 2000 à 2004, elle a travaillé chez Nortel Networks, où elle se spécialisait entre autres dans la gestion stratégique de la chaîne d’approvisionnement. En 2005, elle a rejoint les rangs de la firme McKinsey & Company ; elle y conseillait les dirigeants de grandes sociétés, et ce, jusqu’en 2012.
