" Le capital qui nous appartient coûte plus cher que celui emprunté "

Publié le 10/04/2010 à 00:00

" Le capital qui nous appartient coûte plus cher que celui emprunté "

Publié le 10/04/2010 à 00:00

Dominic Denault, stratège chez Deloitte et coauteur du livre Le Québec sur le podium, explique l'origine de l'ouvrage et du concept de valeur économique ajoutée dont il s'est servi pour recenser 25 fleurons québécois de l'entrepreneuriat.

Les Affaires - Pourquoi faites-vous une analogie entre les entrepreneurs et les champions olympiques ?

Dominic Deneault - Les défis sont souvent similaires. Par exemple, la concurrence est planétaire. Le plongeur Alexandre Despatie et nos entreprises se battent contre les Chinois ! Les défis qu'un dirigeant ou un athlète ont à relever sont nombreux et se divisent en défis du coeur, de l'esprit et du corps. Une entreprise a beau avoir des employés mobilisés (le coeur), une excellente stratégie (l'esprit), si elle n'a pas l'infrastructure (le corps) pour appuyer sa croissance, elle s'écroulera comme un château de cartes.

L.A. - D'où est venue l'idée d'écrire un livre sur les entreprises du Québec qui ont réussi?

D.D. En 2001, j'avais participé à un sondage de Deloitte auprès de 650 pdg de cinq pays anglophones, un exercice qui avait permis de cerner 10 facteurs clés de succès. Ces facteurs clés sont devenus la base du programme des 50 sociétés les mieux gérés du Canada [auquel collabore Les Affaires]. Grâce à cette base, Guy Barthell et moi nous sommes dits qu'il serait bon d'en réaliser un 100% québécois, uniquement avec des succès de chez nous qui peuvent inspirer une nouvelle génération d'entrepreneurs.

L.A. - Comment avez-vous choisi vos entreprises?

D.D. - Pour les entreprises cotées en Bourse, c'est simple: les chiffres sont publics. Pour les entreprises à capital fermé, il faut consulter son réseau, par exemple les banques et les firmes de capital de risque, qui nous donnent des noms. Pour être retenue, l'entreprise doit satisfaire à deux critères, soit un taux de croissance annuel composé des ventes de 10 à 15% par an pendant cinq ans, ce qui revient à dire que l'entreprise double son chiffre d'affaires sur cette période, et une valeur économique ajoutée positive (voir autre texte en page 14), c'est-à-dire que l'entreprise crée de la richesse.

L.A. - Le concept de valeur économique ajoutée que vous utilisez dans votre livre semble pénaliser les entreprises peu endettées. Pourtant, un fleuron comme l'épicier Metro n'a pas ou peu de dettes.

D.D. Metro a une performance exceptionnelle. Elle crée de la richesse pour ses actionnaires. Ne pas avoir de dettes, pour Metro, cela signifie que son coût du capital est un peu plus élevé que si elle était davantage endettée. Le capital qui nous appartient nous coûte toujours plus cher que le capital emprunté. Pourquoi? L'institution financière va se protéger avec des garanties, contrairement à l'actionnaire qui n'en a aucune.

L.A. - Ces dernières années, les papetières ont détruit de la valeur. Si on dit aux frères Lemaire que Cascades, qui est généralement considérée comme une réussite de l'entrepreneuriat québécois, n'en est pas une parce que la société a sans doute détruit de la valeur, ils prétendront le contraire.

D.D. - Un chat est un chat. Une fois que vos calculs sont faits, et qu'une entreprise a un coût du capital supérieur à son rendement du capital, il y a un seul constat à faire: elle détruit de la valeur. L'entreprise peut être vivante, elle peut même générer un profit comptable. Mais son évolution se fait aux dépens de l'enrichissement de ses actionnaires.

À la une

Cynthia Hamel-Kropf: «Créer un mouvement de communauté»

Mis à jour il y a 3 minutes | lesaffaires.com

GÉNÉRATION D'IMPACT. Voici les visages de la deuxième cohorte d’intrapreneurs.

Une forme émergente d'entrepreneuriat: l'innerpreneur

Il y a 32 minutes | Michel Bundock

EXPERT INVITÉ. Il apporte déjà un sens différent au travail. Et il pourrait transformer le marché de l’emploi.

États-Unis: la croissance du PIB ralentit plus qu'attendu au premier trimestre

Il y a 4 minutes | AFP

Une croissance de 2,2% était attendue par les analystes pour les trois mois de janvier à mars.