Le projet de bioraffinerie d'Enerkem se concrétise


Édition du 09 Septembre 2017

Le projet de bioraffinerie d'Enerkem se concrétise


Édition du 09 Septembre 2017

Par François Normand

La bioraffinerie de Varennes aura une capacité de production de 115 000 tonnes de matières résiduelles par année, soit le même niveau que sa seule bioraffinerie en activité, à Edmonton.

Le producteur de carburants et de produits chimiques renouvelables Enerkem s'apprête à lancer le projet de construction de sa fu-ture bioraffinerie à Varennes, sur la Rive-Sud de Montréal.

Il ne s'agit pas de la première pelletée de terre à Varennes, mais plutôt de la «concrétisation» de ce projet évalué à 120 millions de dollars, précise Pierre Boisseau, directeur du marketing et des communications chez Enerkem. «C'est la finalisation des plans détaillés d'ingénierie et de la commande des équipements à longs délais pour notre nouvelle bioraffinerie», dit-il en entretien avec Les Affaires.

La PME commencera ses travaux au début de 2018, pour une mise en service au courant de 2019. L'usine modulaire sera manufacturée au Québec, puis assemblée à Varennes.

Enerkem est sur le point de finaliser le financement du projet avec ses principaux actionnaires, dont l'américaine Waste Management. L'entreprise n'exclut pas la possibilité que le gouvernement du Québec s'engage dans ce projet.

Pierre Boisseau rappelle que le méthanol et l'éthanol permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), l'une des priorités de la politique énergétique du Québec.

La bioraffinerie aura une capacité de production de 115 000 tonnes de matières résiduelles par année, soit le même niveau que sa seule bioraffinerie en activité, à Edmonton. Cette dernière produit du méthanol (un produit chimique renouvelable) et de l'éthanol (un biocarburant renouvelable) à partir des déchets des citoyens de la ville d'Edmonton.

La future usine de Varennes produira tout d'abord du méthanol. Comme en Alberta, Enerkem ajoutera par la suite une unité de production d'éthanol (le délai reste à déterminer). «Cela nécessitera un investissement de quelques dizaines de millions de dollars», dit Pierre Boisseau.

Le méthanol sera vendu au Canada et à l'étranger, notamment aux États-Unis et en Europe. La demande de ce produit chimique progresse rapidement dans le monde. De 2015 à 2024, la taille du marché mondial passera de 101,4 à 145,6 milliards de dollars américains, selon Transparency Market Research.

L'usine de Varennes sera bien située pour exporter ses produits par bateau vers les pays de l'Union européenne, un marché avec lequel le Canada aura un accord de libre-échange à compter du 21 septembre. Contrairement à ce qui se passe à Edmonton, les matières résiduelles utilisées à Varennes seront des déchets issus des secteurs industriel, commercial et institutionnel, sans parler de ceux provenant de la construction et de la démolition. Varennes ne gère pas ses matières résiduelles comme le fait Edmonton. La Ville a confié cette activité en sous-traitance au secteur privé, comme le font du reste plusieurs des municipalités du Québec.

La future usine de Varennes produira tout d’abord du méthanol. Comme en Alberta, Enerkem ajoutera par la suite une unité de production d’éthanol.

Une future bioraffinerie aux Pays-Bas

Enerkem a deux autres projets de bioraffinerie sur sa table à dessin. Le premier est situé dans le port de Rotterdam, aux Pays-Bas, tandis que le second se trouve à Minneapolis, dans l'État du Minnesota.

C'est le projet des Pays-Bas qui est le plus avancé, selon Pierre Boisseau.

Il s'agit d'un investissement de près de 250 M$ afin de construire une usine de méthanol en partenariat avec le port de Rotterdam, la néerlandaise AkzoNobel et le groupe industriel français Air Liquide.

Les travaux d'ingénierie ont débuté, mais Enerkem n'a pas encore les permis de construction. C'est pourquoi la mise en service est prévue uniquement après 2020. Les modules de l'usine seront fabriqués au Québec, puis assemblés dans le port de Rotterdam. Cette bioraffinerie aura une capacité de production de deux fois supérieure à celle de Varennes, soit de quelque 230 000 tonnes de matières résiduelles.

AkzoNobel achètera la plus grande partie de la production de méthanol. La multinationale néerlandaise est un fabricant de produits de santé, de peinture et de produits chimiques. Enerkem pourra aussi vendre une partie de la production à des clients en Europe.

L'entreprise n'a pas l'intention de produire de l'éthanol dans cette bioraffinerie, car ce biocarburant est relativement peu utilisé en Europe.

Le second projet, au Minnesota, est moins avancé que celui des Pays-Bas, mais il progresse très bien, selon M. Boisseau. «Minneapolis est intéressée par notre projet, car elle se trouve face à un enjeu de capacité pour l'enfouissement des déchets», dit-il. Cette bioraffinerie pourrait produire du méthanol et de l'éthanol, comme à Edmonton.

Les États-Unis sont le principal pays producteur d'éthanol, devant le Brésil et la Chine (le Canada arrive au quatrième rang), selon l'Energy Information Administration. La plus grande partie de l'éthanol produit aux États-Unis est fait à partir de blé. Il ne permet donc pas aux municipalités américaines de réduire la quantité de déchets domestiques enfouis, comme le permet la technologie d'Enerkem.

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