Keystone XL: vers un affrontement entre Obama et le Congrès républicain

Publié le 06/01/2015 à 15:25

Keystone XL: vers un affrontement entre Obama et le Congrès républicain

Publié le 06/01/2015 à 15:25

Par AFP

(Photo: Bloomberg)

Le président américain, Barack Obama, a menacé d'utiliser son veto contre la loi d'autorisation de l'oléoduc controversé Keystone XL entre les États-Unis et le Canada, dont les républicains ont fait la priorité du nouveau Congrès, investi mardi.

Forts de leur majorité au Sénat et à la Chambre des représentants, les républicains devraient rapidement faire adopter une loi autorisant le chantier, bloqué depuis plus de six ans par l'administration Obama, en raison notamment d'objections sur son impact environnemental.

Mais mardi, le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a mis fin au suspense et annoncé que Barack Obama ne promulguerait pas la loi si elle était adoptée.

«Il existe un processus bien établi (d'examen du projet) qui ne doit pas être affaibli par une proposition de loi», a-t-il annoncé. 

Le président entend faire respecter le processus administratif en cours: il est normalement le décideur ultime pour autoriser le projet de la société TransCanada, dont la première demande d'autorisation date de 2008, avant même l'élection de Barack Obama.

Mais il tergiverse depuis des années, pour s'assurer que le projet n'aggraverait pas les changements climatiques et, plus récemment, pour attendre le dénouement d'une procédure judiciaire dans un des États traversés par le futur oléoduc, le Nebraska.

Sur le fond, a redit Josh Earnest, Barack Obama n'a pas décidé s'il autoriserait l'oléoduc.

Mais les républicains, pressés d'exploiter le dossier à des fins politiques, sont déterminés à adopter une loi contournant le processus administratif d'autorisation afin que le Congrès autorise le chantier de son propre chef.

«N'est-ce pas formidable, 40 000 emplois pour les ouvriers américains?» a lancé le nouveau sénateur républicain de Louisiane, Bill Cassidy.

La Chambre votera vendredi, le Sénat à une date non encore fixée.

Après le veto présidentiel, les deux chambres pourront tenter de le surmonter mais il faudra recueillir une majorité des deux tiers, un seuil très élevé qui requerra le concours de nombreux démocrates.

Terrains d'entente

Pour les républicains, les deux années qui s'ouvrent doivent servir de vitrine pour leur programme économique et de tremplin pour l'homme qui représentera le parti à la présidentielle de 2016 (aucune femme n'envisageant à ce stade de se présenter).

Mais plutôt que d'engager dès maintenant d'ambitieuses réformes fiscales ou sociales, ils ont choisi de frapper vite et fort, avec des lois symboliques de leurs priorités: Keystone et les énergies fossiles, ainsi qu'«Obamacare», la réforme du système de santé signée Obama et qu'ils cherchent à démanteler.

Deux lois devraient ainsi être examinées dès cette semaine à la Chambre, les deux visant à affaiblir par morceaux «Obamacare». Une approche de démolition graduelle préférée à une abrogation totale, qui n'aurait aucune chance d'être promulguée par Barack Obama.

«Je veux que les Américains se rendent compte que la Chambre et le Sénat républicains forment une majorité de gouvernement responsable, à droite du centre», a expliqué le nouvel homme fort du Congrès, le chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, dans une interview au Washington Post.

Les républicains et la Maison Blanche affirment qu'un terrain d'entente peut être trouvé dans trois domaines: une simplification du complexe code des impôts; le financement des infrastructures; et la ratification de traités de libre-échange avec l'Union européenne et plusieurs pays asiatiques.

Barack Obama multipliera à partir de cette semaine les déplacements pour préparer son discours annuel sur l'état de l'Union, dans deux semaines. Et il réunira mardi 16 responsables du Congrès, avec qui les relations ont toujours été plutôt fraîches.

Offensive de charme? «Nous nous concentrons moins sur le charme et plus sur le fond», a répondu Josh Earnest.

Malgré les déclarations optimistes, de nombreux sujets restent très conflictuels et pourraient forcer Barack Obama à utiliser son veto, outre Keystone XL.

Suivront ainsi dans les premiers mois de 2015 d'éventuelles mesures pour contrecarrer la régularisation annoncée de sans-papiers ainsi que le budget 2016. Sans compter d'éventuelles immixtions du Congrès sur les dossiers du nucléaire iranien et de la guerre contre l'organisation Etat islamique.

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