Assemblée de Metro : Yves Michaud vole la vedette

Publié le 31/01/2012 à 16:29, mis à jour le 01/02/2012 à 14:36

Assemblée de Metro : Yves Michaud vole la vedette

Publié le 31/01/2012 à 16:29, mis à jour le 01/02/2012 à 14:36

Par Marie-Eve Fournier

[Photo : Médac] Même s’il avait plusieurs récriminations à faire à Metro, Yves Michaud a tout de même félicité le président et chef de la direction Eric Riche LaFlèche pour son « excellente gestion et l’augmentation de la valeur des actionnaires ».

Les assemblées annuelles d’actionnaires ne sont pas toutes prévisibles et ennuyeuses. Celle de Metro, tenue ce matin à Montréal, a donné lieu à quelques épisodes cocasses, gracieuseté de celui qu’on surnomme le Robin des banques, Yves Michaud. Certaines de ses interventions avaient aussi le mérite de provoquer la réflexion, notamment celles portant sur l’absence d’accent aigu sur le « e » de Metro, comme le raconte notre journaliste François Pouliot.

Lire aussi

Les trois priorités et les cinq promesses de Metro

Pendant que Metro refuse, Quebecor songe à franciser son nom

L’épicier avait surtout de bonnes nouvelles à annoncer. Des résultats trimestriels au-dessus des attentes et divers projets qui avancent (amélioration de la section des fruits et légumes, construction d’un nouvel entrepôt à Laval, expansion de la chaîne Adonis, augmentation du dividende, remaniement du capital-actions, etc.)

Mais malgré les soupirs de l’équipe chargée des communications de l’entreprise, et de ceux des dirigeants qui ont toutefois été très patients et polis, Yves Michaud a volé la vedette. Pareil scénario s’était produit en janvier 2007 quand il s’était insurgé contre la rémunération de Pierre H. Lessard, alors président, qui avait gagné 40 M$ soit « 2000 ans de travail pour une caissière qui gagne 20 000$ par année !»

À dix jours de ses 82 ans, comme il l’a lui-même précisé, le fondateur du Médac (Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires) ne manque pas d’énergie ni de verve pour défendre ses idées. Il est allé au micro une dizaine de fois, ce qui a fini par faire sourire le président et chef de la direction Eric Richer LaFlèche. Même Pierre H. Lessard, président du conseil d’administration – reconnu pour son sérieux et son économie de mots – s’est permis de faire un peu d’humour, dans ces circonstances plutôt inhabituelles.

Se définissant comme un client et actionnaire satisfait de Metro depuis plus de 10 ans, Yves Michaud avait néanmoins une longue liste de récriminations entre les mains. Il a d’abord déploré qu’il n’y ait que deux femmes parmi les 14 membres du conseil d’administration. Il a proposé la candidature d’une certaine Carole Lavallée. Mais elle n’était pas présente dans la salle pour donner son accord à cette nomination, de sorte que le vote n’a pas eu lieu.

De toute façon, Pierre H. Lessard lui a rappelé qu’il détenait une majorité de voix par procuration. Autrement dit, qu’il décidait de tout. Il lui a aussi rappelé qu’il y a quelques années, quatre femmes siégeaient, mais celles qui détiennent les compétences requises se font rares sur le marché.

Yves Michaud a ensuite demandé aux dirigeants de Metro s’ils envisageaient d’embaucher deux cabinets de vérification comptable « comme cela se voit dans d’autres entreprises ». On lui a gentiment répondu que cela augmenterait les frais inutilement. 

Assemblée en Ontario ?

Yves Michaud s’est plus tard insurgé du fait que Metro « demande à ses actionnaires la permission de tenir l’assemblée n’importe où, ce qui inclut l’extérieur du Québec ». Il faisait ainsi référence à une modification des statuts et règlements soumise au vote de la salle. Craignant que la rencontre se tienne un jour dans un paradis fiscal à l’autre bout du monde, il a proposé que la résolution soit amendée afin que l’assemblée se tienne « là où le nombre d’actionnaires le justifie », conscient que cela permettrait un déménagement en Ontario.

« Oui, la possibilité est là [tenir l’assemblée à l’extérieur] car nous avons plusieurs actionnaires à l’extérieur du Québec », a dit Pierre H. Lessard, tout en promettant à la blague à Yves Michaud de l’inviter dans un paradis fiscal, si jamais l’assemblée s’y tient. Plus tard, en compagnie des journalistes, Eric Richer LaFlèche a voulu se montrer rassurant en disant que le conditionnel était utilisé dans le texte car ce n’est pas dans les plans « à moyen terme » de déménager l’assemblée.

« Je vous mets en garde contre une attitude contraire aux intérêts des actionnaires. Vous vous engagez dans un sentier parsemé de fourches caudines. C’est déraisonnable ! » a lancé Michaud, qui n’a pas eu gain de cause. Sa proposition a tout de même obtenue une dizaine d’appuis, une cinquantaine de personnes ont voté contre, le reste de la salle s’est abstenu.

Yves Michaud est souvent revenu sur la question de l’orthographe à l’anglaise de Metro. Pierre H. Lessard et Eric Richer LaFlèche lui ont répété que « Metro n’est pas un nom anglais, ni français. C’est une raison sociale » qui respecte la loi 101. Il n’y a jamais eu d’accent sur le nom affiché sur les magasins, et l’accent a été retiré du nom de l’entreprise il y a quelques années par souci de cohérence, ont-ils ajoutés. « Ça coûterait une fortune et se serait une énorme perte de temps d’ajouter un accent sur toutes les enseignes », a dit le président aux journalistes, tout en parlant de « tempête dans un verre d’eau ».

Après avoir dénoncé la rémunération des dirigeants et des membres du conseil, Yves Michaud a pris le micro pour dénoncer un article des statuts et règlement selon lequel les dirigeants peuvent être virés « avec ou sans raison ». « Ça n’a pas de sens. Il doit y avoir une raison pour virer quelqu’un », ce à quoi Pierre H. Lessard a répondu : « peut-être qu’on va le virer [LaFlèche] parce qu’il est trop payé ! »

 

À la une

Le marketing traditionnel est-il en train de mourir?

Il y a 34 minutes | Élisabeth Abbatiello

EXPERTE INVITÉE. Et ce, à cause des réseaux sociaux?

La présidente du Congrès du Travail du Canada traite Pierre Poilievre «d'escroc»

Il y a 21 minutes | La Presse Canadienne

Celui-ci a tenté de se présenter comme un ami de la classe ouvrière.

J’espère que vous ne le faites pas pour l’argent!

EXPERT INVITÉ. L’attrait de la richesse est une mauvaise raison pour lancer en affaires.