Tim Hortons mate la rébellion des franchisés

Publié le 22/09/2017 à 09:00

Tim Hortons mate la rébellion des franchisés

Publié le 22/09/2017 à 09:00

Par François Remy

La direction de la chaîne de cafés a décidé d'employer la manière forte avec ses franchisés récalcitrants en les menaçant tout simplement par voie légale de rupture de contrat.

On aurait pu penser que les relations s'étaient apaisées entre les exploitants de franchises Tim Hortons au Canada et la maison mère américaine de la chaîne de cafés. À tort puisque les franchisés réunis en association de défense d'intérêts (GWNFA) ont reçu des avis de défaut. Ce document, comme son nom l'indique, constate un défaut quant au respect de la convention de franchise et peut amener à la résiliation du contrat.

Et les accusations portent sur un défaut d'importance: la haute direction de Tim Hortons attaque ces franchisés pour avoir transmis à la presse des informations confidentielles de nature à ternir l'image de l'entreprise.

«C'est faux. Le seul objectif de ces avis de défaut est d'intimider l'association et de freiner les efforts des franchisés à s’associer», dénonce David Hughes, le président de la Great White North Franchisee Association.

Mais la rébellion ne cèdera pas aussi facilement à la menace, précise-t-il, et compte répliquer à son tour par des mesures judiciaires «appropriées» pour réprimer les comportements «de mauvaise foi» des dirigeants.

«Leur ligne de conduite interfère avec le droit statutaire des franchisés de s'associer», soulignent les conseillers juridiques de la GWNFA, qui encouragent les gestionnaires d'enseignes à leur fournir toute autre preuve d'intimidation de la direction.

La fuite

La bataille juridique a éclaté la semaine dernière après la parution d'un article dans le Globe and Mail dévoilant des discussions internes sur la stratégie de prix: certains franchisés, se sentant écrasés par la capitaineraie de Restaurant Brands International, avaient joué des coudes pour décrocher une hausse des prix de vente afin de couvrir l'augmentation du salaire minimum en Ontario et en Alberta.

L’article mettait alors en lumière certains défis financiers de Tim Hortons, à l'instar du recul des marges bénéficiaires dans plus de 400 restaurants canadiens en 2017. Il insistait une nouvelle fois sur l'urgence d'assurer la rentabilité des points de vente.

Perspectives corsées

D'avis d'analystes, le développement de nouveaux points de vente constitue le principal ingrédient de croissance organique de RBI, qui se classe ainsi parmi les chefs de file du secteur de la restauration (3ème chaîne mondiale).

Or, rappelons que ces dernières années, Tim Hortons a ouvert autour du globe environ 200 nouveaux établissements chaque année. Et si le rythme se maintient, l'enseigne de cafés pourrait franchir le seuil symbolique des 5000 points de ventes dès 2018, contre 4413 en 2015.

Ces tensions entre franchisés et franchiseur chez Tim Hortons constituent donc un risque financier majeur. Une escalade juridique pourrait en effet mettre en danger la performance globale de RBI (NY, QSR), en altérant le modèle d'affaires, et se répercuter directement sur le cours boursier. Le pire scénario envisageable serait manifestement la fermeture, même temporaire, de ces franchises.

 

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