Offrir une carte-cadeau à Noël peut être risqué

Publié le 09/12/2020 à 08:39

Offrir une carte-cadeau à Noël peut être risqué

Publié le 09/12/2020 à 08:39

Par La Presse Canadienne

Un certain nombre de détaillants cessent leurs activités face à la réduction du trafic, et les refusent. (Photo: 123RF)

Chris Corson a déchanté au sujet des cartes-cadeaux à l’aube de cette nouvelle saison des Fêtes, après que le magasin dans lequel elle prévoyait de les dépenser a été l’une des nombreuses victimes de la pandémie de COVID-19. 

Swimco a fait faillite en octobre après 45 ans d’activités, laissant Mme Corson avec 328 $ en cartes-cadeaux inutilisées, la société établie à Calgary ayant même refusé de les accepter avant la fermeture de ses magasins. 

« Je ne recommanderais pas d’acheter ou d’offrir des cartes-cadeaux à qui que ce soit », a-t-elle écrit dans un message après avoir ventilé sa frustration sur Twitter. 

« Swimco a même eu l’audace de m’envoyer un message pour me dire que de toute façon, de nombreuses cartes-cadeaux ne sont jamais utilisées. » 

Les cartes-cadeaux demeurent un cadeau de Noël classique et sont de plus en plus populaires cette année, puisque de plus en plus de Canadiens évitent de se rendre dans les magasins de crainte d’attraper la COVID-19. 

Cette année, environ 2 % des cadeaux pour les Fêtes seront offerts sous forme de cartes, selon un sondage réalisé par le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD). 

« Il est clair que de nombreux consommateurs prévoyaient dépenser une partie de leur budget en cartes-cadeaux et plus particulièrement cette année parce que beaucoup de gens ne sont pas en mesure de se réunir physiquement pour les Fêtes », a observé la présidente du CCCD, Diane Brisebois. 

L’achat de cartes-cadeaux peut toutefois être risqué, car un certain nombre de chaînes de détaillants cessent leurs activités face à la réduction du trafic dans les centres commerciaux provoquée par la pandémie. 

Le détaillant de vêtements insolvable Le Château, par exemple, a indiqué qu’il accepterait les cartes-cadeaux jusqu’au 3 décembre dans le cadre de sa liquidation.

« Le fait de conserver des cartes-cadeaux pourrait créer de l’incertitude pour la plupart des Canadiens, car ce qui se passe lorsque vous achetez une carte-cadeau, c’est que vous accordez un prêt à l’entreprise », a expliqué Alex Don, président de la National Canadian Lawyers’ Initiative, qui offre des conseils juridiques gratuits aux personnes et aux entreprises en difficulté pendant la pandémie. 

Les titulaires de cartes-cadeaux deviennent des créanciers non garantis au cours d’une procédure d’insolvabilité qui aboutit à une liquidation, et il est peu probable qu’ils obtiennent un remboursement. 

Même si de nombreux achats de cartes-cadeaux sont effectués chez les grands détaillants, les petits magasins sont ceux qui sont les plus touchés par la COVID-19 et qui ont le plus besoin de liquidités supplémentaires. 

À utiliser le plus rapidement possible 

L’analyste du commerce de détail Bruce Winder suggère que les consommateurs peuvent plutôt aider leurs commerçants locaux en effectuant des achats. 

« C’est un peu malheureux, mais le risque qu’une entreprise ne soit tout simplement plus là en janvier ou en février est plus élevé avec les petites et moyennes entreprises », a-t-il affirmé lors d’une entrevue. 

L’auteur du livre « Retail Before, During and After COVID-19 » exhorte les détenteurs de cartes-cadeaux à les utiliser dès que possible pour éviter toute surprise au cours de la nouvelle année. 

« Utilisez-les tout de suite, comme littéralement tout de suite, dès que vous les recevez. » 

Mme Brisebois estime que les cartes−cadeaux restent une option viable parce que la plupart des détaillants soumis à une protection contre les créanciers se restructurent et restent en affaires. 

« Je pense que c’est un risque très faible et je pense que les consommateurs qui achètent des cartes−cadeaux achètent des cartes-cadeaux auprès de marchands reconnus, quelle que soit leur taille », a−t−elle affirmé. 

Les achats de cartes−cadeaux et de leurs versions électroniques se multiplient, même si cette année est très différente en raison de la pandémie, explique Brittain Brown, chef de la direction de Givex, qui traite les transactions de cartes−cadeaux et de programmes de fidélisation. 

Les ventes de cartes-cadeaux électroniques, qui représentent 18 % du marché global des cartes-cadeaux (contre 7 % l’an dernier), ont augmenté de 34 % en 2020. 

Les ventes de cartes-cadeaux sont appréciées par les commerçants qui recherchent diverses sources de trésorerie pour maintenir leurs entreprises en activité après les périodes de calme qu’ont été les mois de mars et avril. 

Ces cartes sont également un outil de marketing qui encourage les dépenses de consommation. Elles remplacent les espèces, qui sont de moins en moins populaires, et sont utiles pour les personnes, y compris les enfants, qui n’ont pas nécessairement de carte de crédit. 

Même si une partie de l’argent n’est pas dépensée sur les cartes, ce n’est pas ce que les commerçants veulent voir se produire, assure M. Brown. 

« On veut en fait que le consommateur entre. On veut qu’il vienne non seulement dépenser cette carte, mais qu’il dépense probablement plus que ce qui est sur cette carte », a-t-il affirmé.

Un récent sondage de Givex a révélé que près de 61 % des Canadiens dépensaient plus que la valeur de leur carte-cadeau au moment de son utilisation. 

Une réglementation variable en cas de faillite 

Les cartes-cadeaux sont normalement valables pendant des années, sinon indéfiniment. Depuis 2010, les règlements de la Federal Trade Commission des États-Unis de 2010 interdisent aux cartes-cadeaux d’expirer avant au moins cinq ans. 

Au Canada, la réglementation diffère d’une province à l’autre, mais la situation change lorsqu’une entreprise déclare faillite, explique le Bureau d’éthique commerciale du Canada (BECC). 

À ce stade, le tribunal décide si, et pendant combien de temps, les cartes-cadeaux sont acceptées, a-t-il précisé dans un courriel. 

Le BECC exhorte les consommateurs à utiliser les cartes-cadeaux immédiatement s’ils entendent dire qu’une entreprise se prépare à déposer son bilan. 

Le bureau donne les trois conseils suivants: premièrement, avant d’acheter une carte-cadeau, mieux vaut examiner la situation financière du détaillant. Si des médias rapportent qu’une entreprise est sur un terrain instable, il peut être préférable d’acheter une carte-cadeau auprès d’un autre détaillant. 

Deuxièmement, il faut vérifier les termes et conditions. Les conditions d’une carte-cadeau peuvent autoriser l’utilisation de la carte dans un autre établissement. 

Enfin, il faut acheter des cartes-cadeaux avec une carte de crédit, si possible. Les sociétés de carte de crédit peuvent être en mesure d’aider à récupérer l’argent perdu en cas de faillite d’un détaillant. Cependant, certains magasins exigent que les cartes-cadeaux soient achetées en espèces.

 

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