Magasins Amazon: de mauvais augures pour les grands noms

Publié le 19/08/2021 à 14:34

Magasins Amazon: de mauvais augures pour les grands noms

Publié le 19/08/2021 à 14:34

Par AFP

La taille des magasins serait d'un peu moins de 3 000 mètres carrés. (Photo: La Presse Canadienne)

Après avoir taillé des croupières en ligne aux grands acteurs historiques de la distribution, Amazon va-t-il les défier sur leur propre terrain, les rues américaines ? Le géant du commerce en ligne pourrait y ouvrir plusieurs grands magasins, de mauvais augures pour ces grands noms.

Les premiers grands magasins siglés Amazon pourraient voir le jour dans les États de l'Ohio et en Californie, croit savoir le Wall Street Journal qui a dévoilé l'information jeudi en citant des sources proches du dossier.

Interrogé par l'AFP, le groupe s'est refusé à tout commentaire.

Leur taille serait d'un peu moins de 3 000 mètres carrés, affirme le quotidien américain, un espace relativement modeste en comparaison avec les traditionnels grands magasins dans le pays, mais proches de récentes constructions de marques telles que Nordstrom et Bloomingdale's.

«Si elle est déployée de manière sérieuse, l'initiative est une très mauvaise nouvelle pour les grands magasins traditionnels», réagit Neil Saunders, directeur général chez GlobalData.

Pour le moment ces derniers réagissaient de manière assez partagée à la nouvelle en Bourse, portés pour certains par des résultats très favorables annoncés jeudi. 

Macy's et Kohl's, qui s'envolaient respectivement de 17,8% et 6,6% à Wall Street vers 12h20, heure du Québec, ont revu à la hausse leurs perspectives de bénéfices annuels avec le retour des consommateurs dans les grands magasins dans le sillage d'une année de pandémie très difficile pour le secteur.

 

Faillite

La pandémie a été fatale pour certains noms, ayant poussé l'emblématique JC Penney, mais aussi le groupe de luxe Neiman Marcus vers la faillite. 

Un an et demi après la pandémie, les projets d'Amazon pourraient peser sur les groupes ayant «des ancrages géographiques comparables» au projet du groupe fondé par Jeff Bezos et désormais dirigé par Andy Jassy, à l'instar de Kohl's, affirme M. Saunders.

Les enseignes Bed Bath & Beyond et Best Buy, qui pourraient également être affectées, perdaient de leur côté 0,40% et 0,07% en Bourse.

D'autres, selon Neil Saunders, pourraient souffrir, faute de modernisation suffisante, à l'instar du retard pris par Macy's dans la mise en place de magasins plus petits appelés Market by Macy's.

«Le manque d'innovation des grands magasins traditionnels signifie que leurs défenses sont très faibles et la dernière chose qu'elles souhaitent c'est un nouvel envahisseur», explique-t-il.

L'incursion d'Amazon en «dur», si elle se concrétisait serait loin d'être un coup d'essai, le géant du commerce en ligne exploitant déjà des boutiques depuis plusieurs années au travers de ses magasins «4 étoiles», des librairies «Amazon Books» ou plus récemment, «Amazon Fresh», magasin de nourriture.

Comme il le fait avec ses librairies, Amazon met à profit au sein de ses magasins 4 étoiles les données tirées de la vente en ligne pour effectuer sa sélection de produits. Il y vend une sélection de produits Amazon et d'autres marques notés au minimum 4 étoiles, sur une échelle qui en compte 5.

 

Multicanal

Le géant américain pourrait vendre dans ses grands magasins ses propres produits, allant des vêtements au matériel électronique en passant par les meubles, mais d'autres grandes marques pourraient également être présentes dans ces espaces, selon le Wall Street Journal. 

«Amazon sait que l'avenir de la distribution passe par le multicanal», souligne Neil Saunders.

«La plupart des consommateurs passent aujourd'hui par internet et les boutiques», explique l'expert, rappelant que pendant la pandémie, les taux de croissance les plus élevés ne venaient pas «des purs acteurs du web, mais de ceux qui savaient faire les deux». 

Selon lui, «Amazon sait qu'il est impératif de jouer sur les deux tableaux».

Parmi ses autres incursions dans les boutiques en dur, Amazon a racheté l'enseigne alimentaire Whole Foods en 2017 pour 13,7 milliards de dollars.

Début 2018 il a également ouvert à Seattle sa première boutique «Amazon Go», une épicerie sans caisse où les achats sont enregistrés par capteurs et caméras. Il a poursuivi le mouvement en lançant en mars 2021 la première boutique du genre hors des États-Unis, à Londres.

Dans son cœur de métier, le commerce en ligne, Amazon est aujourd'hui très dominant, ayant dégagé au deuxième trimestre 2021 7,8 milliards de dollars de bénéfice net.

Selon eMarketer, en 2021, les ventes mondiales de la plateforme vont croître de plus de 26% à 626,6 milliards de dollars, soit 12,7% du marché global du cybercommerce.

 

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