À la SAQ, la porte-parole Isabelle Merizzi explique que ces concours et la stratégie coordonnée de «montée en gamme» font partie du programme «Distinction 4A+». Il est destiné à stimuler les employés pour améliorer les résultats de la société d’État. Elle précise que la direction a commencé à déployer la stratégie il y a «un an et demi».
«Ça va prendre encore un an avant de le mettre en place partout, dit-elle. Mais ça ne veut pas dire qu’on oblige les clients à monter en gamme!»
Isabelle Merizzi assure que la SAQ agit ainsi pour répondre à la demande des clients. «Même lors des promotions, les produits à 13$ sortent moins bien que ceux à 17$, dit-elle. Et pourtant, on y met le même effort de marketing.»
Dans un article sur la disponibilité en baisse des vins moins chers à la SAQ, LesAffaires.com citait en janvier le travail de Marc André Gagnon. L’auteur du magazine Web vinquebec.com a fait une recherche dans le site de la société d’État et a réalisé que le nombre de bouteilles à moins de 10 $ est passé de 183 à 63 de mars 2009 à décembre 2012. À moins de 15 $, le nombre de produits a diminué de 857 à 813.
Par contre, la gamme des produits de 15$ à 20$ s’est élargie de 1262 à 1661 bouteilles différentes.
En fait, depuis 2009, le monopole public du vin a systématiquement remplacé ses bouteilles à moins de 15$ par des produits plus chers, selon Marc André Gagnon.
Pour arriver à cette conclusion, le chroniqueur a parcouru le site de la SAQ destiné aux fournisseurs et agences (B2B). Pour chaque famille de produits (italiens rouges, chiliens blancs, etc.), la société d’État y énumère les bouteilles qu’elle compte retirer des tablettes, et celles qu’elle compte ajouter. «Quand vous examinez toutes les régions, c’est systématique», dit-il.
Par exemple, dans les Bordeaux rouges, la SAQ a «substitué» le Château des Tuileries 2009, à 13,80$, et le Calvet Réserve merlot/cabernet-sauvignon 2010, à moins de 15$ avant la hausse de taxes sur le vin, par le Château Bois du Fil, à plus de 17,50$ et le Dulong Réserve, à plus de 15$.
La vente de bouteilles plus chères est avantageuse pour la société d’État et son actionnaire, le gouvernement du Québec. En effet, la vente d’un pinard à 10 $ lui rapporte 4,73$ en profit, avant les taxes de vente, tandis qu’à 15$, un vin rapporte 6,86$. À 30 $, c’est beaucoup plus rentable: la vente d’une bouteille rapporte 10,80$.
La SAQ réalise un bénéfice net de 35,3 % sur ses ventes, qu’elle envoie au complet à Québec. Pour l’année 2011-2012, il a atteint 999,7 M $.