«Oubliez Netflix, le problème vient de nos gouvernements»

Publié le 04/10/2017 à 11:48

«Oubliez Netflix, le problème vient de nos gouvernements»

Publié le 04/10/2017 à 11:48

Léopold Turgeon, président-directeur général du CQCD, lance un appel à la mobilisation de toutes les industries.

Oubliez la concurrence d’Amazon, de Facebook, de Google ou même de Netflix. Le vrai problème, affirme Léopold Turgeon, en est un «d’inertie» de nos gouvernements à prendre leurs responsabilités.

Dans un discours on ne peut plus critique à l’endroit des pouvoirs publics, le président-directeur général du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) a lancé mercredi un appel à la mobilisation afin que tous les acteurs de la société – et pas seulement de l’industrie du détail – exigent plus d’équité de nos élus.

«Plus qu’un enjeu de secteur, c’est devenu un enjeu de société. On s’enligne vraiment vers un effet de gruyère. L’argent sort de partout au pays. Il faut colmater les fuites et vite», a déclaré Léopold Turgeon dans un discours senti prononcé en ouverture du colloque eCommerce-Québec.

Cet évènement annuel de deux jours, au Palais des Congrès de Montréal, est organisé par le CQCD. Il regroupe cette année quelque 1 200 détaillants et spécialistes du commerce électronique du Québec et du reste du Canada.

«Toute la classe politique est consciente des enjeux, mais personne n’ose rien y faire. Et des annonces comme celles de Netflix n’a rien de rassurant», s’est insurgé le pdg, en référence à l’entente signée la semaine dernière par la ministre Mélanie Joly avec l’assentiment du gouvernement canadien de Justin Trudeau. 

«Je veux être bien clair. Le problème n’est pas Amazon, ni Alibaba, ni Facebook, ni Google ou Netflix. Non. Le véritable problème se trouve dans l’inertie des gouvernements à agir. (…) Nos élus doivent colmater un environnement d’affaires beaucoup trop poreux aux iniquités. » 

Selon Léopold Turgeon, l’environnement d’affaires actuel «est miné de toute part» et les gouvernements doivent s’y attarder afin de viser une plus grande équité, un terrain où chacun puisse jouer «à armes égales».

L’équité, est justement l’argument principal que le ministre fédéral Bill Morneau met de l’avant pour justifier son projet de réforme sur la fiscalité des PME, dit-il. Ce projet, visant principalement les professionnels incorporés, risque de pénaliser également des commerçants entrepreneurs.

«Depuis quatre ans, nous demandons aussi aux différents paliers de gouvernement d’appliquer les même règles du jeu en ce qui a trait au commerce en ligne transfontalier. Mais à ce jour, déplore-t-il, presque rien n’a été fait!»

En négligeant de percevoir les taxes de ventes et frais de douanes sur les produits étrangers, le gouvernement se prive annuellement de 1,3G$ de taxes et frais de douanes, soutient une étude du Copenhagen Economics, utilisée par le CQCD.

Le représentant de l’ensemble des détaillants du Québec pointe aussi tout le marché de la publicité numérique. À l’heure actuelle, dit-il, 82% des budgets publicitaires sont investis sur les plateformes des géants que sont devenus Google et Facebook.

Ces centaines de millions cueillis au pays le sont sans qu’aucune taxes ne soient perçues. C’est là, dit-il, une autre iniquité flagrante à l’endroit des entreprises d’ici qui, à leur différence, «ont l’obligation de prélever les taxes».

L’issue des négociations en cours avec l’ALENA inquiète aussi au plus haut point. On s’inquiète particulièrement du fait que l’exemption des taxes de vente applicables passe de 20$ actuellement à 800$. «Cela serait catastrophique pour les détaillants québécois et canadiens et rien ne laisse penser, pour l’instant, que le Canada défendra ses détaillants», a affirmé M. Turgeon devant un parterre de près d’un millier de gens d’affaires.

Bref, a-t-il conclu, «la seule et unique demande à nos politiciens c’est que les mêmes règles du jeu s’appliquent pour tous, sans égard à la provenance. Plus qu’un enjeu de secteur, c’est devenu un enjeu de société.»

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