Vitrine du détail: Barbara Stegemann, de l'Afghanistan aux Galeries Lafayette


Édition du 11 Janvier 2014

Vitrine du détail: Barbara Stegemann, de l'Afghanistan aux Galeries Lafayette


Édition du 11 Janvier 2014

Par Suzanne Dansereau

Photo: Jérôme Lavallée

Barbara Stegemann n'avait jamais envisagé de se lancer dans le commerce du parfum avant que son meilleur ami, Trevor Greene, un soldat de l'armée canadienne, ne rentre d'une mission de paix en Afghanistan grièvement blessé, en 2006. À son chevet, Barbara lui a promis de faire quelque chose pour ce pays ravagé par la guerre, la pauvreté et la production d'opium.

Dans ses recherches, elle a trouvé une ONG qui encourage les cultivateurs de graines de pavot illégal à convertir leur culture. Un des participants s'était réorienté dans la fabrication d'huiles essentielles à base de fleurs d'oranger et de roses, et il se cherchait des acheteurs. Barb Stegemann a pris 2 000 $ de sa carte de crédit et lui a acheté une tasse d'huile de fleur d'oranger. Elle s'est trouvé un parfumeur à Toronto et un manufacturier à Halifax. La gamme de parfums The 7 Virtues était lancée.

Quatre ans plus tard, la ligne comprend trois autres fragrances, en provenance d'Afghanistan et d'autres pays, notamment d'Iran et d'Haïti, pays où Barbara Stegemann s'est rendue en 2012, ayant le privilège de faire partie d'une délégation d'entrepreneurs qui accompagnait Bill Clinton en mission.

Ses parfums équitables, dont le plus récent s'appelle Middle East Peace, sont vendus chez La Baie au Canada, Lord & Taylor aux États-Unis, Selfbridges à Londres et, bientôt, aux Galeries Lafayette en Allemagne et à Dubaï.

Mine de rien, cette entrepreneure née à Montréal est en train d'apporter sa contribution pour changer le monde. Et de devenir une inspiration pour les entrepreneures.

«Je crois que c'est par l'intermédiaire du commerce et non de la charité qu'on mettra fin aux guerres et à la pauvreté. C'est la seule façon de redonner aux gens leur dignité», lance-t-elle lors de notre rencontre au café Birks à Montréal, voisin du magasin La Baie où elle était en tournée pour inspecter son kiosque de parfums.

Fonceuse et débrouillarde

Grande et élancée, chaleureuse et souriante, Barb Stegemann brille par son enthousiasme et son courage. Car il en faut, pour faire des affaires dans des pays difficiles et percer dans le monde des parfums, dominé par des géants.

Mais Barbara Stegemann ne connaît qu'une façon d'agir : foncer.

«J'ai grandi dans la pauvreté. Quand mon père nous a déménagés à Halifax, il a lancé une entreprise qui a fait faillite. De plus, j'étais malentendante. Mais ces handicaps ont été des cadeaux : ils m'ont enseigné l'empathie et le désir de sortir les gens de la pauvreté», croit-elle.

Barb Stegemann a aussi reçu en cadeau la fibre entrepreneuriale.

Diplômée en sociologie, elle est d'abord devenue hôtesse de l'air. «J'ai appris plein de choses en discutant avec les dirigeants d'entreprise en classe Affaires», relate-t-elle. Puis elle est passée au journalisme et aux relations publiques avant de lancer sa propre boîte de communication et de publier à compte d'auteure un ouvrage de motivation s'adressant aux femmes, dans lequel elle utilise le stoïcisme (Platon, Aristote, etc.) et les enseignements des grands hommes comme Winston Churchill, pour motiver les femmes à devenir entrepreneures. Elle venait de publier The 7 virtues of a Philosopher Queen lorsque son meilleur ami a été attaqué.

Une dragonne redoutable

L'entreprise de parfum a vraiment décollé lorsqu'elle a participé à l'émission de téléréalité Dragon's Den (le pendant canadien-anglais de Dans l'oeil du dragon). Le philanthrope Brett Wilson a pris une participation de 25 % dans son entreprise et est devenu son mentor.

L'autre coup de main, Barb Stegemann se l'est donné elle-même. Il lui fallait percer dans une chaîne de magasins. Ne reculant devant rien, c'est à froid qu'elle a téléphoné à la chef des achats de parfums chez La Baie. «Normalement, elle n'aurait jamais répondu à mon appel, mais j'ai eu du pot : elle venait d'Halifax - et je lui téléphonais de Halifax. Elle m'a rappelée et a aimé mon pitch.»

Elle a fait le même genre d'appel à froid au président d'Air Canada, où ses parfums sont maintenant vendus hors taxes dans les avions.

«Aux femmes qui ont peur d'agir, je dis : mettez vos émotions de côté et maintenez le cap sur votre mission, beaucoup plus importante que vos émotions.»

Dans son livre, Barb Stegemann énumère sept vertus à pratiquer pour réussir et être heureux (comme bien des femmes, elle ne sépare pas vie personnelle et vie professionnelle) : vérité, courage, justice, sagesse, modération, sens de l'émerveillement et beauté.

Le livre, les parfums, la vertu : Barbara Stegemann les marie avec un sens aigu du marketing. Son slogan «Make Perfume, not War», imprimé sur des t-shirts et autres plateformes publicitaires, est une trouvaille qu'elle a vite fait d'enregistrer comme marque de commerce. «On a tenté de me le voler», raconte-t-elle.

Son modèle d'activité est créatif : tous les profits des parfums sont réinvestis dans l'entreprise, dont le chiffre d'affaires s'élève à un demi-million de dollars. Barb Stegemann ne se paie pas de salaire. Mais elle tire des revenus des conférences de motivation qu'elle donne un peu partout au Canada et au cours desquelles elle vend ses parfums. Un jour, elle voudra aller en politique. «Mais seulement quand je serai riche, car, comme dit Platon, la politique est un service qu'on ne doit pas faire pour l'argent ou la gloire.»

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