Après 47 ans, Le Rouet n'est plus

Publié le 19/03/2011 à 00:00, mis à jour le 05/04/2011 à 09:39

Après 47 ans, Le Rouet n'est plus

Publié le 19/03/2011 à 00:00, mis à jour le 05/04/2011 à 09:39

Par Marie-Eve Fournier

Presque tous les Québécois ont déjà acheté un cadeau dans un magasin Le Rouet : une planche de bois pour couper le pain, un parapluie, des chandelles parfumées, des verres à vin ou du pot-pourri... Mais depuis quelques jours, il ne reste à peu près aucune trace de ce détaillant, hormis quelques enseignes qui seront bientôt enlevées dans les centres commerciaux.

Après un an de travail acharné pour remettre la chaîne de 40 magasins sur les rails et lui trouver un acquéreur, son propriétaire Pierre Bouvrette s'est résolu à mettre la clé sous la porte. Une décision crève-coeur, dit-il, 47 ans après avoir ouvert son premier point de vente à Place Versailles, à Montréal, en 1964, avec l'aide de son frère Gilles. " La récession m'a heurté de plein fouet. On était au bout du rouleau ", résume l'entrepreneur, qui s'est confié aux Affaires.

Il admet aussi avoir commis des erreurs. " J'ai pris trop d'expansion. J'ai fait, en 2007, un gros investissement pour agrandir et rééquiper mon entrepôt de Lasalle. Mais les profits ont un peu reculé [voir tableau]. Ça nous a tués. Mais jusque-là, ça allait très bien. " Pierre Bouvrette espérait à ce moment-là ouvrir une vingtaine de magasins supplémentaires, question d'avoir la masse critique nécessaire à l'obtention de collections exclusives. Le plan de match ne s'est jamais concrétisé.

L'homme d'affaires de 68 ans constate par ailleurs que sa marchandise était devenue " trop bas de gamme ". Trop près de ce qui se vend 2 $ dans les Dollarama. " Il y a cinq ou six ans, je me suis mis en semi-retraite et j'ai cessé de contrôler plein de choses. J'ai laissé mes employés livrés à eux-mêmes ", relate-t-il, ajoutant qu'après tant d'années en affaires, il n'avait plus d'imagination.

Sortir la tête haute

Printemps 2010, l'inévitable s'est produit : il a été forcé de déposer une proposition à ses créanciers. Avec l'aide de RSM Richter Chamberland, embauché à titre de syndic, il a tenté de " rétablir l'image haut de gamme de Le Rouet " en abandonnant la vente d'articles à bas prix. On a aussi fermé ou renégocié les baux de 31 boutiques non rentables, réduit les dépenses et les stocks. Les créanciers ordinaires ont accepté de se partager 125 000 $ six mois plus tard. Cependant, les magasins n'ont pas généré assez de liquidités pour permettre ce paiement.

Une proposition amendée prévoyant, cette fois, la cession des activités a été déposée le mois dernier. " Pierre Bouvrette voulait éviter la faillite à tout prix. Au bout de 47 ans, il voulait terminer cette aventure la tête haute. Il a même sorti de l'argent de ses poches ", relate Stéphane De Broux, vice-président chez RSM Richter Chamberland.

" Les gens ne savent pas compter "

Aujourd'hui, Pierre Bouvette se sent " comme une poule qui s'est fait passer dessus par un camion sur l'autoroute ". " Ce n'est pas très glorieux de fermer une chaîne de magasins, mais j'ai tourné la page ", dit-il.

Il est particulièrement déçu de n'avoir trouvé aucun acheteur pour Le Rouet, malgré les nombreuses personnes rencontrées. " Mon entreprise, je la donnais pratiquement. Mais personne n'en voulait. Pourtant, pour quelqu'un qui n'avait pas à assumer les frais du siège social, c'était rentable au max ! Celui qui m'achetait au creux de la vague aurait fait beaucoup d'argent par la suite. Les gens ne savent pas compter. " Pierre Bouvrette est toutefois conscient qu'il aurait dû penser à la relève il y a plusieurs années...

Le détaillant a aussi quelques critiques acerbes à l'endroit des gestionnaires de centres commerciaux. " Il y a 20 ans, c'était agréable de faire des affaires avec eux. Aujourd'hui, il n'y a que le rendement qui compte. C'est difficile pour un petit indépendant. Il n'y a plus le côté humain. C'est rendu impersonnel, ils sont désagréables et arrogants. "

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