Des solutions pour relancer le secteur pharmaceutique

Publié le 17/01/2012 à 10:50, mis à jour le 18/01/2012 à 08:51

Des solutions pour relancer le secteur pharmaceutique

Publié le 17/01/2012 à 10:50, mis à jour le 18/01/2012 à 08:51

Par Thomas Cottendin

Photo: Bloomberg

«Ce n’est pas au Québec ni dans les pays développés que les choses vont aller en s’améliorant. Les marchés matures ne sont plus intéressants», estime Marc-André Gagnon, professeur à la School of Public Policy and Administration de l’Université Carlton.

Au cours des deux dernières semaines, plus de 200 coupes dans les effectifs des pharmas québecoises ont été annoncées. C'est un autre revers pour l'industrie, considérée comme un joyaux de l'économie québécoise à la fin des années 1990.

En 2010, le Grand Montréal aurait perdu 1400 emplois dans les services de recherche et développement scientifique, selon Montréal International.

M. Gagnon souligne que le Canada se classe chaque année troisième ou quatrième pays le plus cher au monde pour les médicaments brevetés. «Au Canada, les politiques gouvernementales très généreuses gonflent artificiellement le prix des médicaments brevetés.»

Par rapport à des pays comme la France ou l'Angleterre, les médicaments canadiens se vendent environ 15% plus cher. «Ce cout supplémentaire revient à 1,5 milliard de dollars par an alors que les dépenses nettes en R-D des firmes s’élèvent seulement à 612 millions de dollars », ajoute le spécialiste.

Ce constat est d’autant plus déplorable que «les études montrent qu'environ 80% nouveaux produits brevetés n’apportent aucune contribution thérapeutique significative comparativement aux médicaments déjà existants, qu'il s'agisse de génériques ou de produits brevetés déja présents sur le marché».

Selon Marc-André Gagnon, la Chine et l’Inde accapare de plus en plus d’investissements. «Contrairement aux pays développés, les émergents n’ont aucune institution publique pour faire des évaluations cliniques et pharmaco-économiques, et souvent les structures pour la formation des médecins sont inexistantes.»

Cette absence de structures gouvernementales laisse la voie libre aux firmes pour former elles- mêmes les professionnels de la santé. Une forme de promotion qui est illégale au Canada.

 

Les trois recommandations de Marc-André Gagnon pour relancer le secteur

1. Stoppons les politiques actuelles qui sont coûteuses et inefficaces

En plus du gonflement artificiel des prix des médicaments brevetés, la «règle des quinze ans», qui confère une exclusivité supplémentaire d'environ cinq ans aux entreprises ayant breveté leur produit coûte environ 200 millions par an. Une érésie, car les nouveaux médicaments n'apportent que très peu de progrès. Cet argent serait beaucoup mieux employé s'il était investi dans le financement public de la recherche.

2. Repensons les modèles d'affaires

« Le modèle d’affaires axé sur la promotion des produits s’épuise », prévient l'expert. Il y aurait deux fois plus de personnes employées dans la promotion que dans la recherche. En général, les vendeurs sont payés 20% de plus que les chercheurs... Selon Marc-André Gagnon, «actuellement l'innovation thérapeutique n'a plus besoin d'être un élément de l'équation pour faire d'un médicament un succès commercial ». Un léger changement de molécule, un nouveau nom, une méga campagne de publicité sont les ingrédients pour inonder le marché du milieu de gamme. L'innovation thérapeutique reconnue cliniquement devrait être le principal guide des habitudes de prescription des médecins, pas les campagnes promotionnelles.

3. Créons un Laboratoire publique

Marc-André Gagnon défend la nécessaire mise sur pied d'un «Laboratoire publique». Bien que les partenariats entre firmes privées et organismes publiques existent, ils ne font pas toujours l'unanimité. Les résultats des études académiques sont connus des entreprises en relation avec les chaires, mais ne sont jamais publiées publiquement au détriment des avancées scientifiques. De plus, aucun pare-feu n'existe entre les universités et les entreprises en partenariat, de sorte que les chercheurs perdent leur indépendance au profit de l'optique marketing imposée par les sociétées privées. Selon M. Gagnon, seule une recherche indépendante, sans but lucratif, peut permettre la réalisation d'une recherche pharmaceutique libre de toute considération commerciale. Il ne s'agit pas d'éliminer la recherche commerciale, il faut simplement se donner des capacités de recherche alternative pour permettre d'accueillir les nouvelles cohortes de doctorants en recherche alors que le marché de l'emploi leur reste fermé. Un laboratoire public servirait d'innovation institutionnelle pour explorer de nouvelles pistes de recherche libérées du modèle d'affaires dominant fondé sur la promotion de produits sans valeur thérapeutique ajoutée.

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