Les prix des véhicules d'occasion à des sommets

Publié le 02/07/2021 à 14:14

Les prix des véhicules d'occasion à des sommets

Publié le 02/07/2021 à 14:14

Par La Presse Canadienne
Un concessionnaire Chevrolet.

Le stock de voitures neuves est actuellement en baisse d’environ 20% au Canada, ce qui provoque une hausse de la demande pour les voitures d'occasion. (Photo: 123RF)

Les acheteurs de voitures canadiens qui espèrent acheter un véhicule d’occasion avant un voyage estival peuvent s’attendre à deux choses: moins d’options et des prix plus élevés.

Une pénurie mondiale de semi−conducteurs, une puce informatique petite, mais cruciale utilisée dans les nouveaux véhicules, a réduit la production pendant des mois.

La situation a provoqué une onde de choc dans l’industrie automobile nord−américaine, provoquant de longs délais d’attente pour les véhicules neufs et faisant augmenter la demande et le coût des véhicules d’occasion.

Le problème devrait s’aggraver au Canada dans les semaines à venir alors que l’économie rouvre et que la demande refoulée due aux confinements répétés frappe le marché, selon les experts. 

«L’impact de la pénurie a été légèrement atténué au Canada jusqu’à présent cette année, principalement en raison des restrictions liées aux confinements en raison de la COVID−19», a déclaré James Hancock, directeur du développement commercial pour Canadian Black Book, une société d’analyse de données automobiles.

Le stock de voitures neuves est actuellement en baisse d’environ 20% au Canada, a−t−il déclaré. Mais cette pénurie devrait s’aggraver à mesure que le pays se remettra en marche. 

Aux États−Unis, par exemple, où l’on agit comme si de rien n’était depuis des derniers mois, le stock de voitures neuves est en baisse de 50 %, a indiqué M. Hancock.

Cette pénurie a fait grimper le coût des véhicules d’occasion aux États−Unis, certains très demandés étant désormais plus chers que le prix d’origine.

Par exemple, le prix d’une camionnette double cabine Toyota Tacoma SR 2019 était d’un peu moins de 29 000 $ US lorsqu’elle était neuve. Deux ans plus tard, les concessionnaires américains paient près de 1000 $ de plus pour acheter le même véhicule, même s’il est d’occasion.

«Nous avons été en quelque sorte à l’abri si vous nous comparez aux États−Unis, a déclaré M. Hancock. Les prix de leurs véhicules d’occasion sont extrêmement élevés, environ 150 % au−dessus de ce qu’ils étaient au début de l’année. Le Canada commence tout juste à ressentir les conséquences de la pénurie de semi−conducteurs.» 

La situation au Canada est exacerbée par l’exportation de véhicules d’occasion aux États−Unis.

Les concessionnaires canadiens se font damer de plus en plus le pion dans les enchères face à des concessionnaires américains prêts à payer une prime sur les voitures d’occasion en raison d’un taux de change favorable et de prix plus élevés, a affirmé Warren Barnard, directeur exécutif de l’Association des concessionnaires de véhicules usagés de l’Ontario.

«J’entends des histoires de nos membres sur les prix ridiculement élevés des véhicules d’occasion aux enchères, qui bien sûr sont finalement répercutés sur l’acheteur au détail», a−t−il déclaré.

Les exportations de véhicules d’occasion sont en hausse de 55 % par rapport à 2020 et de 27 % par rapport à 2019, selon les chiffres du Canadian Black Book.

À la pénurie de véhicules s’ajoute un afflux soudain de nouveaux acheteurs de véhicules.

Les experts du secteur affirment que de nombreux acheteurs de véhicules neufs comptaient auparavant sur les transports en commun et le covoiturage, mais qu’en raison des préoccupations liées à la COVID−19 et de leur désir de voyager en voiture malgré les interdictions de voyager à l’international, ils choisissent d’acheter un véhicule.

Pendant ce temps, de nombreuses personnes à la fin d’un bail choisissent désormais de racheter leur véhicule, ce qui resserre d’autant plus l’offre, selon les experts.

«De plus en plus de gens rachètent leurs baux et gardent le véhicule, a noté M. Barnard. Ils font le calcul et décident de le garder.»

Comme le coût d’achat d’un contrat de location est de plus en plus inférieur à la valeur actuelle du véhicule, il a mentionné qu’ils pouvaient faire demi−tour et faire un meilleur échange ou le vendre par eux−mêmes.

La combinaison d’une offre faible, d’une demande élevée et d’une flambée des prix constitue «une tempête parfaite», a estimé M. Barnard.

«Je n’ai pas encore entendu parler de véhicules âgés de deux ans qui prennent réellement de la valeur ici, mais cela ne me surprendrait pas si cela se produisait», a−t−il soutenu.

Selon Autotrader.ca, un marché automobile en ligne qui suit les changements de prix en fonction de ses inscriptions, le prix moyen d’un véhicule d’occasion en juin a augmenté de 9,4 % pour atteindre 28 305 $.

«Il s’agit du prix moyen le plus élevé enregistré pour un véhicule d’occasion», a mentionné Baris Akyurek, le directeur de l’intelligence marketing chez AutoTrader.ca.

Mais à travers le pays, les données du Canadian Black Book révèlent que les prix des véhicules d’occasion se rapprochent de plus de 20 %, et les prix devraient continuer de grimper alors que l’offre de voitures neuves diminue et que les consommateurs se tournent vers les véhicules d’occasion, a déclaré M. Hancock.

Les problèmes du secteur automobile risquent d’entraver la reprise économique du Canada, car de nombreuses entreprises dépendent des véhicules de service pour fonctionner, selon les experts.

«Nous avons commandé 15 véhicules l’automne dernier qui devaient arriver en janvier et nous commençons tout juste à en voir certains arriver maintenant», a résumé Bill Dowd, fondateur, président et chef de la direction de Skedaddle Humane Wildlife Control. 

La société exploite une flotte de véhicules de service à travers le pays, y compris des modèles tels que le Ram ProMaster Cargo Van et le Ford Transit Connect Cargo Van, mais a dû envisager d’autres options, a−t−il indiqué.

«Nous cherchions à embaucher des gens, mais parce que nous ne pouvions pas obtenir de véhicules, nous avons dû reporter les embauches, a−t−il déclaré. Le printemps est notre période chargée et nous perdions tellement d’affaires que nous avons finalement décidé de nous faire à l’idée et nous sommes allés chez un concessionnaire local.»

Mais un camion avec un prix habituel d’environ 30 000 $ était majoré de plus de 10 000 $, a déclaré M. Dowd.

«Ils gonflaient définitivement les prix en raison de la demande. Mais nous avons pris ce que nous pouvions obtenir.»

Pour les acheteurs qui ont besoin d’un nouveau véhicule, mais qui espèrent attendre la fin de la tempête, cela pourrait prendre un certain temps, selon les experts.

GM Canada a révélé que l’approvisionnement en semi−conducteurs reste un problème mondial qui touche de nombreuses industries, y compris l’automobile.

Pourtant, alors que de nombreuses usines du constructeur automobile continuent d’être touchées par la pénurie de puces électroniques, la société a donné la priorité à la production de ses modèles les plus populaires et les plus demandés, a mentionné la porte−parole de GM Jennifer Wright dans un courriel. 

Pendant ce temps, M. Hancock a déclaré que l’offre de semi−conducteurs devrait rebondir d’ici la fin de l’année, la production automobile étant normalisée d’ici le second semestre 2022 et jusqu’en 2023.

«Les prix plus élevés des véhicules d’occasion se maintiendront pendant un certain temps.»

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