Une pénurie de travailleurs menace la grappe aéronautique québécoise

Publié le 10/11/2017 à 11:02

Une pénurie de travailleurs menace la grappe aéronautique québécoise

Publié le 10/11/2017 à 11:02

Plus de 30 000 postes pourraient devoir être comblés d'ici dix ans. Et pourtant, les écoles peinent à intéresser la relève.

Tandis que l’avenir de Bombardier dans le secteur de l’aéronautique continue de susciter moult incertitudes, l’industrie craint qu’une éventuelle pénurie de travailleurs vienne provoquer -si ce n’est accélérer- son déclin.

Inquiète de la situation, le secrétariat de la grappe aérospatiale du Québec, Aéro Montréal,  multiplie les démarches depuis peu afin de convaincre les autorités publiques de la nécessité d’intéresser les jeunes à une carrière dans ce domaine.

L’industrie aéronautique est, comme on le sait, soumise à de fortes variations cycliques et demeure tributaire de l’aide des gouvernements. Ces facteurs, combinés aux difficultés financières fortement médiatisées de Bombardier ces dernières années, auraient fini par détourner l’intérêt des étudiants vers d’autres secteurs.

En conférence de presse, le 30 novembre, Suzanne Benoît, pdg d’Aéro Montréal, a annoncé que l’industrie aéronautique aura à pourvoir plus de 30 000 emplois au Québec au cours des dix prochaines années. C’est l’équivalent de plus ou moins 3 000 postes à combler par année.

«Plus que jamais, nos entreprises font face à un besoin criant de main d’œuvre», a déclaré la représentante d’Aéro Montréal, à l’occasion du dévoilement  d’un nouveau partenariat avec le Cosmodôme de Laval afin d’intéresser plus de jeunes à une carrière dans ce secteur.

À l’heure actuelle, les domaines en développement des effets spéciaux, de la production des jeux vidéo et de la recherche en intelligence artificielle exercent un fort attrait chez les finissants en sciences, technologies, génies et mathématique. Si la situation ne change pas, si l’aéronautique n’arrive pas à tirer sa juste part de talents, craint-on, les conséquences pourraient s’avérer importantes pour l’industrie et sa chaîne d’approvisionnement.

Des emplois et du lobby

La situation préoccupe. Le Registre des lobbyiste du Québec révèle l’intention de Suzanne Benoît de sensibiliser les titulaires de charges publiques «au caractère névralgique du secteur aéronautique» et surtout, à la nécessité de «favoriser la mise en place de mesures visant à combler rapidement les quelques 1 000 emplois vacants dans le secteur.»

Ces mesures pourraient, indique le document public consulté par Les Affaires, «prendre la forme de promotion de carrières scientifiques en aéronautique afin que soit formée davantage de main-d’œuvre qualifiée dans le secteur.»

L’industrie aéronautique regroupe actuellement quelque 190 entreprises au Québec et quelque 40 000 travailleurs. Malgré l’incertitude vécue par l’industrie actuellement (pensons pour exemple au sauvetage du CSeries par Airbus récemment), Nathalie Paré, directrice générale du Comité sectoriel de main-d’œuvre en aérospatial (CAMAQ), confirme le besoin de se préparer aux besoins de main-d’oeuvre des prochaines années.

Selon les plus récentes analyses du secteur, l’industrie québécoise de l’aéronautique devrait parvenir à remplacer quelque 22 865 départs à la retraite d’ici 2026 et créer 8 816 nouveaux postes de toutes catégories, qu’elles soient scientifique, technique ou administrative.

Les besoins en finition intérieure et extérieure sont par exemple de plus en plus criants. «D’ici un an et demi, nous aurons besoin de plus de 1 000 travailleurs dans le domaine», confirme Mme Paré.

Le lancement du nouveau Global 7000 de Bombardier, un avion d’affaires de grand luxe, n’est pas étranger à cette situation. En plus de techniciens en génie mécanique, de mécaniciens et de machinistes, des ébénistes, des rembourreurs, et autres spécialistes de finition intérieure, seront requis à plus ou moins court terme.

Des étudiants qui manquent à l’appel

Des prévisions qui devraient, en principe, jouer en faveur des institutions d’enseignement de la région de Montréal, lesquelles offrent des formations reconnues dans le domaine.

À l’heure actuelle, en plus des ses quatre universités, Montréal accueille les deux seules écoles spécialisées en aéronautique au Canada. L’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal (ÉMAM) offre des formations de niveau secondaire, tandis que l’École nationale d’aérotechnique (ÉNA), associé au Cégep Édouard-Montpetit, offre des formations de niveau collégial.

Malheureusement, plusieurs de ces maisons d’enseignement peinent à recruter le nombre minimum d’étudiants requis pour retenir leurs enseignants et maintenir leurs activités à plein régime. L’ÉNA, par exemple, compte 400 inscrits de moins que sa capacité d’accueil maximale de 1 300 étudiants, confirme sa direction générale.

Et pourtant, selon une étude récente du SRAM (Service régional d’admission du Montréal métropolitain), l’École nationale d’aérotechnique affiche un taux de placement moyen de 86% parmi ses finissants des trois dernières années. Le salaire annuel moyen débutant de ces mêmes élèves maintenant en emploi s’élèverait à 38 903$, avec des pointes (pour le quart supérieur d’entre eux) à une moyenne de 65 838$ par année.

Sera-ce suffisant?

Que feront exactement l’industrie et les gouvernements pour pallier à la situation et éviter que cette pénurie de travailleurs vienne nuire aux espoirs de maintien en santé de cette industrie au Québec? Est-ce que la campagne de lobbying entreprise par Aéro Montréal suffira à la tâche?

Difficile de savoir, Mme Benoit se montrant plus que discrète sur le sujet. Mais selon le registre des lobbyistes consulté, les ministres et sous-ministres d’un total de sept ministères sont visés par la démarche d’Aéro Montréal.

À l’agenda des rencontres, figurent entre autres le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, le ministère des Finances, et le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale.

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