Bourget: tous les regards tournés vers Bombardier

Offert par Les Affaires


Édition du 06 Juin 2015

Bourget: tous les regards tournés vers Bombardier

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Édition du 06 Juin 2015

Bombardier entend profiter de sa présence au Salon du Bourget, du 15 au 21 juin, pour tenter de prouver à l’industrie que, loin d’être un échec, sa nouvelle gamme d’avions CSeries est toujours sur les rails.

Après une année on ne peut plus difficile pour Bombardier, l'avionneur québécois espère profiter du prochain Salon international de l'aéronautique et de l'espace Paris - Le Bourget, du 15 au 21 juin, pour s'offrir un nouvel élan.

Cet événement - le 51e de l'histoire - est réputé être le plus important de l'industrie aéronautique mondiale. Organisé tous les deux ans, en alternance avec le Salon aéronautique de Farnborough, en Grande-Bretagne, il a accueilli en 2013 quelque 315 000 visiteurs de 45 pays, dont plus de 139 000 professionnels de l'industrie.

Bombardier entend profiter de sa présence à Paris pour tenter de prouver au reste de l'industrie que, loin d'être un échec, le projet de sa nouvelle gamme d'avions CSeries est toujours sur les rails, malgré les difficultés manifestes et un carnet de commandes stagnant.

«Les attentes du marché seront très grandes à l'égard de Bombardier, confirme Rolland Vincent, un ancien cadre de l'avionneur, devenu consultant en aéronautique dans l'État du Texas. Il est capital que Bombardier profite de sa présence pour faire de grandes annonces. Sans quoi l'avionneur risque de trouver sa semaine parisienne et celles qui suivront bien longues.»

Les grands moyens

Pour y parvenir, Bombardier n'entend pas lésiner sur les moyens. L'entreprise comptera cette année un total de cinq appareils en exposition, dont deux de la famille CSeries : le CS100, de 108 à 125 places, et le CS300, de 130 à 150 places. Ce sera la première fois que l'un et l'autre de ces appareils commerciaux seront présentés à l'industrie à l'extérieur du Canada.

«Ce sera un point fort de notre présence là-bas, a reconnu Fred Cromer, nouveau président de Bombardier Avions commerciaux. Les clients pourront enfin voir de leurs yeux le résultat de notre travail des dernières années.»

Outre ces deux avions de la gamme CSeries, l'aire de 5 116 m2 que Bombardier occupera sur le tarmac de l'Aéroport du Bourget, en banlieue de Paris, accueillera trois autres appareils, soit l'avion régional CRJ 1000, le turbopropulseur Q400 ainsi que le Global 6000, le seul avion d'affaires à faire partie du voyage.

Et pour marquer le coup encore davantage, Bombardier a décidé que le CS300, soit le plus gros appareil CSeries, prendra part quotidiennement à un spectacle aérien. Ainsi, tous les jours à 13 h 30, le CS300 survolera le site de 550 hectares de l'aéroport.

La stratégie est exceptionnelle. «Cela fait plus de cinq ans qu'un avion de Bombardier n'avait pas pris part à un tel spectacle aérien au Bourget», dit Isabelle Gauthier, directrice des communications de Bombardier Avions commerciaux. On espère que la faible empreinte sonore de l'appareil impressionnera les spectateurs.

L'objectif : tenter de convaincre un nombre illimité de clients de passer un maximum de commandes pendant l'événement afin de profiter de la visibilité monstre qu'offre Le Bourget. En 2013, ce salon a été couvert par 3 100 journalistes du monde entier. Il fut le théâtre de l'achat d'un total de 1 250 aéronefs et de l'annonce de la signature de contrats d'une valeur de 150 milliards de dollars américains.

Forte pression sur l'avionneur

Bombardier entend profiter de sa présence au Salon du Bourget, du 15 au 21 juin, pour tenter de prouver à l’industrie que, loin d’être un échec, sa nouvelle gamme d’avions CSeries est toujours sur les rails.

Forte pression sur l'avionneur

Est-ce que les efforts de Bombardier et de la centaine de ses employés qui seront sur place seront suffisants pour annoncer d'importantes récoltes ? Bien difficile de le prédire... «Mais je peux vous assurer que tous les travailleurs l'espèrent, affirme Claude Boisvert, président du district 11 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l'aérospatiale, associée à la FTQ. «Je ne dirais pas que ce sera un cas de "ça passe ou ça casse ", ajoute-t-il. Mais je dirais que le moment que vivra Bombardier là-bas sera très important.»

Bombardier Aéronautique a procédé depuis un an à des modifications cruciales de sa structure, auxquelles s'ajoutent le remplacement de plusieurs de ses hauts dirigeants et des vagues de mises à pied majeures dans l'ensemble de ses installations. De plus, Alain Bellemare a pris les commandes de Bombardier au poste de pdg, en remplacement de Pierre Beaudoin, devenu président exécutif du conseil.

Dans ce contexte, la pression est forte sur l'avionneur. Analystes, investisseurs, sociétés de crédit, clients et gouvernements se montrent aussi impatients que lui d'accueillir des nouvelles susceptibles de sécuriser leurs investissements, prêts ou subventions, passés ou futurs. Selon Cameron Doerksen, analyste à la Financière Banque Nationale, le scénario idéal serait celui d'une commande importante d'une société aérienne connue et bien établie.

Ce genre d'annonce redonnerait, à son avis, de la crédibilité au programme, tant aux yeux des clients qu'à ceux des investisseurs. Ces derniers ne comptent plus, par exemple, les reports de livraison d'avions CSeries. Bombardier annonce une première livraison du CS100 pendant la première moitié de 2016, soit environ deux ans et demi plus tard que prévu initialement. La livraison du premier CS300 devrait suivre six mois plus tard,

Ces difficultés ont trouvé écho sur les marchés boursiers. Depuis le début de 2015, l'action de Bombardier a perdu 40 % de sa valeur à la Bourse de Toronto. À la fin de mai, son titre se négociait à un peu plus de 2,50 $, soit deux fois moins que son sommet du 19 juillet 2013, quelques semaines après le dernier Salon du Bourget.

Il dépendra de l'importance de la récolte de cette année que le titre de Bombardier se redresse ou, au contraire, qu'il redescende, affirme M. Doerksen.

Un troisième CSeries ?

La pression sur l'avionneur sera d'autant plus grande que Bombardier présente une équipe de direction renouvelée. En outre, depuis plusieurs semaines, une rumeur se propage selon laquelle l'entreprise profitera du Bourget pour annoncer le lancement de la production d'un troisième appareil de la gamme CSeries, soit un CS500 de 160 à 180 sièges.

Un appareil de cette dimension entrerait en concurrence avec les nouveaux modèles du Boeing 737 et de l'Airbus A320. En entrevue au Wall Street Journal, le 21 mai, M. Cromer a indiqué que Bombardier devrait traverser les étapes de test de ses deux premiers modèles CSeries avant de déterminer si une telle aventure en valait la chandelle.

Mais la rumeur persiste et les spéculations vont bon train. L'analyste David Tyerman, de Canaccord Genuity, estime qu'un tel flou accroît l'incertitude quant à l'avenir de l'entreprise montréalaise. Pour sa part, l'analyste Robert Spingarn, de Credit Suisse, soutient qu'une décision de ce type, si elle devait être prise, aurait dû l'être bien plus tôt et surviendrait probablement trop tard.

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Depuis le début de 2015, Bombardier n'a annoncé aucune commande d'avion CSeries, alors qu'elle en avait divulgué 21 au cours de la même période en 2014. Elle a par contre obtenu 7 nouvelles commandes de CRJ et 25 de turbopropulsés depuis le début de l'année, un niveau semblable à celui de l'an dernier.

Son carnet de commandes d'avions commerciaux s'élève aujourd'hui à 385 appareils, dont 243 sont de la gamme CSeries. Les trois quarts des commandes de CSeries (180) concernent le CS300, dont le prix à l'unité est établi à 72 millions de dollars américains. C'est toujours moins que l'objectif initial de 300 appareils requis pour commencer officiellement la production.

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