Polémique autour de Joe le plombier, l'Américain moyen

Publié le 17/10/2008 à 00:00

Polémique autour de Joe le plombier, l'Américain moyen

Publié le 17/10/2008 à 00:00

Par La Presse Canadienne

M. Wurzelbacher est instantanément devenu une célébrité dans les médias, recevant des appels et affrontant la curiosité de journalistes devant son domicile près de Toledo (Ohio) jeudi matin lors une conférence de presse impromptue diffusée à la télévision.

Mais voilà, l'histoire de "Joe le plombier" prend quelque peu l'eau. Cet homme érigé en modèle du travailleur et du contribuable moyens américains par John McCain n'est pas un plombier agréé et ne s'appelle même pas Joe, mais Samuel. En outre, des documents de justice révèlent qu'il doit près de 1 200 dollars américains à l'administration fiscale. 

Cet Américain chauve et costaud a reconnu qu'il ne disposait pas de la licence pour exercer le métier de plombier, mais a expliqué qu'il n'en avait pas besoin dans la mesure où il travaillait dans une entreprise qui effectue des travaux d'habitation.

Cela dit, Wurzelbacher devrait avoir une licence d'apprenti ou d'ouvrier, pour travailler à Toledo, et cette autorisation, il ne l'a pas, précise David Golis, un responsable de la Division de Toledo chargée de l'inspection des bâtiments.

Vient s'ajouter à cet élément un problème avec l'administration fiscale. Wurzelbacher doit à l'Etat de l'Ohio 1.182,28 dollars d'impôts sur le revenu, selon des documents d'un tribunal du comté de Lucas. En janvier 2007, d'après certains rapports, le département des impôts de l'Ohio a entamé une procédure pour saisir sa propriété jusqu'au paiement de ses dettes.

Lors du débat de mercredi, John McCain a cité Wurzelbacher en le présentant comme un homme souhaitant acheter une entreprise de plomberie qui serait affecté par les mesures fiscales envisagées par Barack Obama.

Wurzelbacher, qui s'est décrit comme un conservateur, s'était adressé au sénateur démocrate de l'Illinois dimanche lors d'un meeting près de son domicile et lui avait demandé si son programme fiscal l'empêcherait de reprendre l'entreprise qui l'emploie actuellement et gagne plus de 250.000 dollars par an. "Votre nouveau plan fiscal va me taxer plus, n'est-ce pas?", avait-il lancé à Obama.

Le prétendant démocrate à la Maison Blanche a expliqué qu'en vertu de sa proposition, les impôts sur le revenu d'un montant maximum de 250.000 dollars demeureraient identiques, mais que les revenus supérieurs à cette barre seraient soumis à un taux d'imposition de 39% -contre 36% actuellement.

Pour John McCain, un tel projet freinerait des Américains comme Wurzelbacher dans leur volonté d'investir dans de nouvelles petites entreprises et empêcherait la croissance des entreprises existantes.

Son équipe de campagne a mis en ligne sur Internet une publicité sur l'échange entre Wurzelbacher et Obama. Mais au cours de l'enregistrement de l'émission "Late Show with David Letterman" diffusée sur CBS, le sénateur de l'Arizona a confié qu'il n'avait pas encore parlé à cet habitant de l'Ohio, et a présenté ses excuses à propos de toute l'attention médiatique dont il a fait l'objet. "Joe, si vous regardez, je suis désolé", a déclaré McCain.

D'après Wurzelbacher, représentant de l'équipe de campagne du candidat républicain l'a contacté plusieurs jours avant le débat présidentiel pour lui demander d'apparaître aux côtés de McCain lors d'un meeting à Toledo qui doit avoir lieu dimanche. L'homme âgé de 34 ans, père divorcé d'un garçon de 13 ans, a déclaré jeudi matin aux journalistes venus le presser de questions qu'il n'était pas certain d'être présent, dans la mesure où il doit se rendre à New York pour des entretiens télévisés.

Amusé puis quelque peu contrarié par toute cette attention, il a aussi souligné qu'il admirait l'armée et McCain, mais s'est gardé de dire pour qui il voterait. Wurzelbacher est cependant inscrit comme républicain, selon le bureau électoral du comté, après avoir participé en mars à la primaire républicaine.

Jeudi, dans le New Hampshire, Barack Obama a accusé John McCain d'induire en erreur les électeurs en proposant un projet fiscal qui favorise les riches alors qu'il critique le programme de son adversaire prévoyant une hausse du taux d'imposition pour les seuls Américains disposant de revenus annuels supérieurs à 250.000 dollars, soit 5% de l'ensemble des contribuables.

"Il tente de suggérer qu'un plombier est le type pour lequel il se bat", a lancé Obama. "Combien de plombiers connaissez-vous" qui ont 250.000 dollars de revenus par an?

Wurzelbacher, lui, a jugé l'attention des journalistes démesurée. "Je n'ai pas beaucoup d'influence. Ce n'est pas comme si j'étais Matt Damon", a-t-il observé.

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