Selon nos estimations, les ventes de pneus augmenteront cette année de 60 %, pour des recettes supplémentaires de 200 millions de dollars.
Cette prévision repose sur l'hypothèse que les automobilistes se conforment en grande majorité à la loi et que les commerçants ne subissent pas de pénurie de pneus d'hiver, comme certains détaillants le craignent.
Le gouvernement du Québec n'a jamais quantifié l'impact de sa loi, adoptée dans la précipitation en décembre 2007. Nous avons soumis nos calculs au ministère des Transports.
"Le raisonnement est correct, mais les calculs reposent sur une estimation très grossière", a dit Jean-Charles Charest, agent d'information au ministère des Transports du Québec (MTQ), avant de reconnaître qu'il n'avait de chiffres plus précis à fournir.
Le MTQ estime que 4,5 millions de véhicules sont visés par loi et qu'au moins 10 % de ces véhicules ne sont pas équipés de pneus d'hiver.
Notez que certaines études parlent de 20 %. Les adeptes du pneu quatre saisons sont concentrés à Montréal et dans l'Outaouais.
Par prudence, retenons l'hypothèse de 10 %. Équiper 450 000 véhicules de 4 pneus d'hiver représente 1,8 million de pneus de plus.
Le parc de voitures de location de courte durée au Québec, aussi assujetti à la loi, nécessitera à lui seul 150 000 pneus, dit Robert Lalonde, ancien président du Regroupement des loueurs de véhicules du Québec et vice-président, Québec, du loueur Discount. La pose des pneus d'hiver pour le parc de véhicules en location commence à la mi-septembre.
Chaque année, environ 3 millions de pneus d'hiver sont vendus au Québec, selon l'Association canadienne de l'industrie du caoutchouc. Des ventes supplémentaires de 1,8 million de pneus représentent donc une augmentation de 60 % des ventes annuelles.
À un prix moyen de 100 à 110 $ par pneu posé, l'augmentation du chiffre d'affaires devrait atteindre de 180 à 200 millions de dollars cette année.
Risque de pénurie
Reste à voir si les stocks seront suffisants. "Il y a déjà des marques et des modèles qu'on ne peut plus commander chez les fabricants, comme les pneus chaussant les Jeep Grand Cherokee SR T8 ou les Nissan Murano", dit Claude Joyal, président d'Alex Pneu et Mécanique, qui a deux centres de pneus à Montréal.
Des détaillants ont presque doublé leurs stocks cette année, comme Pneus Laperrière, de Gatineau, et Pneus Touchette, de Montréal. "On va quand même en manquer", dit Denis Laperrière, président de Pneus Laperrière, qui a pourtant bâti un entrepôt de 20 000 pieds carrés pour stocker son surplus de marchandises. Selon lui, les pneus de 17 pouces et plus de diamètre sont susceptibles de manquer.
M. Laperrière reconnaît qu'il réalisera les meilleures ventes de sa vie, tout en soulignant que le volume élevé entraîne de nouvelles dépenses, comme l'embauche de personnel et la prolongation des heures d'ouverture.
Déjà, chez Touchette, à Montréal, 450 personnes téléphonent chaque jour pour réserver leurs pneus, du jamais vu. Même si Touchette a porté son stock à plus de 180 000 pneus, Nicolas Touchette, vice-président, n'exclut pas les pénuries pour certains modèles.
Une dépense ne venant jamais seule, les automobilistes risquent de payer leurs pneus de 5 à 10 % plus cher cette année, en raison de l'inflation du pétrole et du caoutchouc, avertit Roxanne Héroux, porte-parole du club CAA Québec. Le pétrole compte pour 60 % du prix d'un pneu, et le caoutchouc, pour 25 %.
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