Le transporteur national italien en faillite va cesser son activité lundi soir à 22 h 00, sept heures avant que la nouvelle Alitalia n'entame ses activités, mardi à 6 h 00, avec un premier vol entre Londres-Heathrow et Rome.

La taille de la nouvelle compagnie, issue de la fusion entre les actifs rentables d'Alitalia rachetés par un consortium d'investisseurs italiens et l'opérateur privé Air One, est plus réduite. Elle comptera 148 appareils, contre 173 pour l'ancienne flotte d'Alitalia, et environ 12 500 employés contre plus de 23 500 pour les deux compagnies réunies.

La nouvelle Alitalia conserve le logo de l'ancienne ainsi que les uniformes vert des équipages. La flotte sera rajeunie, les appareils les plus anciens n'étant pas repris, et sa desserte allégée avec 70 destinations, dont seulement 13 liaisons intercontinentales.

Les syndicats qui dénoncent les conditions sociales de la renaissance d'Alitalia ont promis des mouvements de protestation pour saluer son démarrage. "Pour nous, il n'y a aucune raison de fêter la nouvelle Alitalia", explique Francesco Staccoli, du syndicat SDL représentant 1800 personnels navigants et employés au sol. Pour lui, près de trois fois plus d'employés risquent de se retrouver sur le carreau que les 3250 postes suppressions de postes prévues.

Le partenaire international d'Alitalia sera Air France-KLM. Le conseil d'administration a approuvé lundi l'offre de la compagnie franco-néerlandaise, qui va acquérir 25 pour cent de son capital, selon l'agence de presse ANSA.

Air France-KLM n'avait pas révélé les détails de son offre d'alliance vendredi à l'issue d'une réunion de son conseil d'administration.

Le PDG du consortium contrôlant Alitalia a déclaré lundi en fin d'après-midi, lors d'une conférence de presse organisée en Italie, que la proposition d'Air France-KLM avait été acceptée pour un montant de 320 millions d'euros (environ 515 millions $ CA). Rocco Sabelli a expliqué que cette offre était la plus attractive.

Air France-KLM avait fait l'an dernier une offre pour racheter les 49,9 pour cent du capital détenus par l'Etat italien. Cette offre valorisait la compagnie à 139 millions d'euros (224 millions $ CA), beaucoup moins qu'attendus, mais Air France-KLM s'engageait aussi à reprendre la dette d'Alitalia, alors d'environ 1,3 milliard d'euros (2,1 milliards $ CA).

Air France-KLM s'était finalement retirée sous la pression des syndicats et de Silvio Berlusconi. Après sa victoire aux élections d'avril dernier, le président du Conseil italien s'est employé à réunir un groupe d'investisseurs pour garder comme promis la compagnie dans le giron italien.

Le consortium emmené par le patron de Piaggio, Roberto Colaninno, a racheté les activités passagers d'Alitalia, une transaction de 1,052 milliard d'euros, dont 625 millions de reprise de la dette, passée entre temps à au moins 3,2 milliards (5,16 milliards $ CA).

Le passage de l'ancienne à la nouvelle Alitalia devait être marqué par une cérémonie de signature lundi soir avec l'aviation civile italienne (ENAC). Ses inspecteurs passeront alors la nuit à approuver les opérations des 93 avions d'Alitalia qui seront repris dans la nouvelle compagnie.

Les appareils restants font partie des avoirs que l'administrateur judiciaire Augusto Fantozzi est chargé de liquider. S'il a précisé cet automne que des acquéreurs potentiels s'étaient fait connaître, les accords restent toujours à finaliser. Augusto Fantozzi a dit également qu'il pensait céder les activités de fret d'ici la fin du mois et superviser la restructuration des activités de maintenance. "C'est une phase difficile mais moins délicate", a-t-il expliqué lundi, selon ANSA.