Madoff condamné à 150 ans de prison

Publié le 29/06/2009 à 00:00

Madoff condamné à 150 ans de prison

Publié le 29/06/2009 à 00:00

Par Olivier Schmouker

L’auteur d’une fraude pyramidale d’une hauteur de 170 milliards de dollars américains est aujourd’hui âgé de 71 ans. C’est donc dire qu’il devrait passer le restant de ses jours enfermé entre quatre murs. D’ailleurs, son avocat avait écrit – en vain – au juge fédéral Denny Chin, le 23 juin, pour lui demander une peine clémente de 12 ans de prison, qui correspond à peu près à l’espérance de vie d’un Américain de cet âge.

Lors de l’énoncé de la sentence, M. Madoff a présenté ses excuses aux victimes de sa fraude monumentale. «Quand j’ai commencé à frauder, je savais que ce que je faisais était mal, criminel même. Je pensais en finir vite avec ce schéma de Ponzi et être capable de m'en extraire avec mes clients. Finalement, cela s'est révélé impossible, et au fil des années j'ai réalisé qu'un jour viendrai où je serai arrêté», avait-il déclaré dans sa déclaration de culpabilité, en mars 2009.

Un châtiment exemplaire

Quelque 9 000 investisseurs avaient porté plainte contre celui que tout le monde appelle «l’escroc du siècle». Ils étaient tombés dans le piège d’une fraude de type Ponzi, et pour plusieurs ont vu leur vie ruinée.

Ponzi? Il s’agit d’un système de vente pyramidale, qui consistent en la promesse de profits très intéressants, mais en réalité financés par l’afflux de capitaux investis progressivement. Arrive un moment où cette «bulle spéculative» finit par exploser, quand le flux d’investissements se tarrit.

«Ce type avait une bonne réputation depuis trente ans, et la confiance des gens autour de lui. Il était aisé pour les investisseurs floués de lui faire confiance, en partant du principe que des personnes éminentes et intelligentes le croyaient. Moi, je ne placerais pas ma confiance dans un individu isolé comme lui, mais dans une très bonne société», avait expliqué le milliardaire Warren Buffett, à la chaîne télévisée PBS, le 22 janvier dernier.

«L'étendue, la durée et la nature des crimes de Madoff font qu'il mérite exceptionnellement le châtiment maximal autorisé par la loi.Madoff a menti de manière patente et répétée en violant la confiance placée en lui par des individus et des institutions qui ont investi dans Bernard L. Madoff Investments Securities», a souligné vendredi Lev Dassin, le procureur.

M. Dassin a répété qu’il fallait une peine exemplaire, à savoir «un nombre d'années qui représente un puissant facteur de dissuasion». L’affaire Madoff survient, de fait, seulement quatre années après la condamnation des dirigeants de WorldCom…

Un flux d’investissements de 170 G$ US

Vendredi, le ministère public avait indiqué, pour la première fois, qu’un «flux d'investissements de 170 milliards de dollars américains avait transité par le compte principal utilisé par Bernard Madoff pour perpétrer son schéma de Ponzi». Jusqu’alors, on parlait généralement de quelque 65 milliards de dollars américains.

En conséquence, le juge Chin a ordonné, vendredi, la confiscation préventive auprès de M. Madoff d'un montant maximal de 171 milliards de dollars américains d'avoirs, en attendant la fin de l’enquête. La femme de l’escroc, Ruth Madoff, ne peut donc plus profiter des biens de son époux : il ne lui reste plus que 2,5 millions de dollars américains sur son compte.

L’affaire n’est pas terminée, l’enquête n’étant pas bouclée. En effet, le comptable de M. Madoff, David Friehling, a été mis en examen, et deux collaborateurs, Frank DiPascali et Annette Bongiorno, sous enquête. Et d’autres pourraient bientôt l’être aussi, comme des dirigeants d’institutions financières qui auraient été un peu trop complaisantes à l’égard des activités de M. Madoff.

EN SAVOIR PLUS :

Découvrez Bernard Madoff au temps de sa gloire, lors d'un débat économique qui a eu lieu en 2007.

 

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