Les PME se mobilisent pour l'avion vert


Édition du 06 Juin 2015

Les PME se mobilisent pour l'avion vert


Édition du 06 Juin 2015

Le président de PCM Innovation, Jean-François Hamel. [Photo: Francis Vachon]

En 2010, le gouvernement du Québec lançait la phase 1 du projet SA2GE pour encourager le développement de technologies aéronautiques plus respectueuses de l'environnement. Cinq ans plus tard, le succès est au rendez-vous sur le plan de l'innovation technologique, mais également sur celui de la mobilisation des acteurs du projet, surtout des PME.

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Doté d'un budget de 150 millions de dollars, financé à parts égales par Québec et l'industrie, le projet avait comme objectif de développer des démonstrateurs technologiques, un stade de recherche appliquée plus poussé que la recherche fondamentale. Train d'atterrissage moins bruyant, fuselage en matériaux composites plus légers, compresseur moins gourmand en énergie, poste de pilotage et système électronique embarqué plus écoénergétique... En tout, ce sont cinq sous-projets qui ont été mis en oeuvre.

La phase 1 s'est soldée par de réelles avancées technologiques, qui devraient permettre à l'industrie de rester à l'avant-garde et d'obtenir des contrats à l'avenir. Par exemple, Bombardier a déposé 11 demandes de brevets pour ses technologies en matériaux composites.

Mais la principale surprise vient de la réussite du volet mobilisation. Les grandes entreprises porteuses de sous-projets avaient l'obligation de s'associer à des PME, au minimum à hauteur de 5 % de la valeur des projets. Au bout du compte, le taux a grimpé à 7,5 % en moyenne, pour un nombre total de 22 PME. «Ces dernières auraient eu beaucoup de difficulté à s'intégrer dans un programme aussi ambitieux par elles-mêmes», déclare Suzanne Benoît, pdg d'Aéro Montréal.

PCM Innovation, de Sainte-Claire, dans Chaudière-Appalaches, est une des PME qui ont contribué au sous-projet sur les fuselages en matériaux composites. Pour cette entreprise d'une centaine d'employés, spécialisée en outillages et en moules, SA2GE constitue le plus important projet de recherche auquel elle a participé. «Les résultats ont dépassé nos attentes, affirme son président, Jean-François Hamel. Nous avons amélioré nos pratiques en R-D ainsi que notre notoriété, mais nous avons aussi obtenu des retombées concrètes en matière de propriété intellectuelle.»

Au-delà des bénéfices propres à chaque entreprise, c'est toute la culture de l'innovation qui a progressé. «On a souvent la vision de la grande entreprise qui aide la PME, souligne Sophie Juignier, responsable communication pour le projet SA2GE. Mais là, la relation a été complémentaire. L'innovation est venue des PME, car elles sont plus souples.»

SA2GE a donné l'occasion à ces entreprises de travailler ensemble. «Les PME ont appris, et nous aussi, affirme Fassi Kafyeke, directeur, conception avancée et technologies stratégiques chez Bombardier Aéronautique. Leurs ingénieurs ont un très bon niveau.» Même son de cloche du côté de Jean-François Hamel, dont l'entreprise a également collaboré avec Bell Helicopter. «La relation clients-fournisseurs a pu évoluer, dit-il. Aujourd'hui, on comprend mieux le mode de pensée d'une grande organisation, ses attentes et ses besoins.»

L'arrimage entre les PME et les grands noms de l'industrie a représenté quelques défis, notamment en ce qui concerne l'organisation logistique, la prise de décision et la question du partage de la propriété intellectuelle. «Chaque partenaire a demandé à signer un accord de collaboration, précisant un pourcentage de propriété intellectuelle, explique Fassi Kafyeke. C'est quelque chose que nous avons dû apprendre et négocier, mais cela n'a pas été un obstacle, car la bonne volonté était présente des deux côtés.»

Fortes de ce succès, Bombardier, PCM Innovation mais aussi d'autres entreprises comptent bien participer à la phase 2 du projet SA2GE, dont le financement de 80 M$, partagé par le public et par le privé, a été annoncé en mars dernier par Québec. L'appel d'offres est en attente d'être lancé, mais des idées de projets ont déjà émergé lors d'un séminaire organisé l'an dernier. Signe que les PME peuvent sortir de l'ombre des grands, l'une des idées a émané d'un regroupement de PME, prêtes à porter un projet seules, sans s'associer à un grand joueur.

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