La congestion d'un ciel militarisé, un obstacle


Édition du 16 Août 2014

La congestion d'un ciel militarisé, un obstacle


Édition du 16 Août 2014

Photo: Bloomberg

DOHA - Les efforts des pays du Golfe afin de s'imposer comme plaque tournante internationale pourraient très bien faire chou blanc si la région ne réussit pas rapidement à solutionner l'épineux problème de la gestion de son espace aérien.

C'est l'avertissement que lance à l'industrie aérienne du Moyen-Orient le directeur général et chef de l'exploitation de l'International Air Transportation Association (IATA), Tony Tyler. «Si les différents acteurs de la région ne trouvent pas rapidement une solution, ce problème pourrait rapidement devenir difficile à gérer et nuire à l'exploitation de ses aéroports. Il faut agir avant que ce problème n'empire.»

Le problème en est un de risque de congestion du ciel d'une région au territoire déjà restreint qui doit en plus composer avec une histoire et une réalité géopolitique qui ont laissé une large place aux manoeuvres militaires. Résultat : selon les pays, les forces armées occupent de 40 % à 60 % de l'espace aérien disponible, limitant d'autant la liberté de circulation des sociétés aériennes civiles.

Cette situation déjà complexe s'est vue exacerbée ces dernières années par la vitesse de croissance des transporteurs du Moyen-Orient, comme Emirates, Qatar Airways et Etihad. En une décennie seulement, la part de ces entreprises dans l'ensemble du trafic aérien international a plus que doublé, passant de 4 % à près de 10 %.

Des irritants ont commencé à surgir

«Cette croissance du trafic passager et les investissements colossaux qui l'ont suscitée sont fantastiques. Mais comme l'espace aérien de la région est restreint, il faut l'utiliser le plus efficacement possible, ce qui n'est pas le cas présentement», explique M. Tyler.

Des irritants ont déjà commencé à surgir. Parmi eux, les retards, l'ennemi numéro un de ceux qui cherchent à s'imposer comme plaque tournante. Car qui dit délais dit perte d'efficacité, hausse de la consommation de carburant, augmentation des émissions polluantes et pénalités en tout genre menant inévitablement à une baisse des bénéfices.

Les grands transporteurs de la région, les premiers menacés par le problème, reconnaissent l'urgence d'agir. Lors de la dernière assemblée générale annuelle de l'IATA, qui se tenait à Doha, Akbar Al Baker, pdg de Qatar Airways, a lui-même soulevé la question, militant en faveur de l'adoption de solutions rapides et concertées.

«C'est un défi de taille que nous ne pouvons ignorer, a-t-il admis en entrevue. Nous avons besoin de plus d'espace pour poursuivre notre croissance prévue de 20 % par année. Nous souhaitons l'établissement d'une meilleure gestion du ciel dans la région.»

Communiquer efficacement

Actuellement, le ciel de la région est partagé entre six services de navigation aérienne différents, soit autant de services qu'elle ne compte de pays. Le nombre de ces services n'est pas un problème en soi, avance pour sa part M. Tyler. Ce qui prime est qu'ils puissent communiquer efficacement entre eux afin que les transporteurs circulent sans encombre dans la région.

Pour sa part, le grand patron de Qatar Airways dit s'inspirer de l'expérience d'Eurocontrol, l'organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne, où chacun des États membres parvient à conserver sa souveraineté.

En attendant, la région réussit à limiter les dégâts. Mais on peut penser que le problème s'aggravera, advenant qu'on ne s'y attarde pas rapidement, pense M. Tyler. «C'est un problème que ne peut se permettre le Moyen-Orient.»

Notre journaliste s'est rendu à Doha, à l'invitation du comité hôte de l'assemblée générale annuelle de l'IATA en juin.

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