L'industrie aérospatiale canadienne crie famine

Publié le 20/07/2009 à 00:00

L'industrie aérospatiale canadienne crie famine

Publié le 20/07/2009 à 00:00

Qui se souvient par exemple que le Canada a été, en 1962, le troisième pays de la planète à envoyer un satellite dans l’espace, après les États-Unis et la Russie ?

Ou encore que les premiers satellites étaient fabriqués ici, dans les ateliers de RCA, à Saint-Henri, littéralement à deux pas du centre-ville de Montréal ?

Et pour cause. Malgré la poursuite de ses efforts et ses nombreuses contributions au développement de l’industrie –pensons simplement à la création du Canadarm-, le Canada a depuis longtemps été devancé dans l’espace par d’autres comme l’Europe, le Japon, la Chine et l’Inde, précise Claude Lafond, conseiller en développement au ministère québécois du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE).

Une industrie somme toute modeste

Depuis cette époque, en effet, notre industrie aérospatiale s’est bien davantage développée du côté de l’aéronautique, ou de la conception, de la fabrication d’aéronefs (avions et hélicoptères), de composants et de leur entretien. De telle sorte qu’aujourd’hui, un peu plus de 10% seulement de cette industrie de 23,6 milliards de dollars au Canada sont concentrés dans l’industrie spatiale en particulier.

Sa part des emplois est encore plus mince. Sur 83 000 emplois en aérospatiale au pays, à peine 7000 dépendent directement de l’industrie de l’espace, explique Claude Lajeunesse, président et chef de la direction de l’Association des Industries aérospatiales du Canada (AIAC).

Et il en va de même de sa contribution aux exportations, qui demeurent inférieures au reste de l’industrie. Des 2,8 milliards vendus en 2008, dans le domaine de l’espace, seulement la moitié ont trouvé preneur à l’étranger, contre plus de 80% dans l’ensemble des autre secteurs de l’industrie aérospatiale.

Et contrairement à l’industrie aéronautique, dans le domaine spatiale, le Québec ne domine pas le secteur, explique Martin Lafleur, directeur de projet à Aéro Montréal. En effet, malgré la présence à Saint-Hubert du siège social de l’Agence spatiale canadienne –un héritage de Lucien Bouchard, alors ministre conservateur- l’industrie spatiale est surtout concentrée en Ontario. En 2007, l’industrie de l’espace québécoise engrangeait moins de 10% des ventes canadiennes dans le secteur et comptait à peine plus de 800 emplois dans une quarantaine d’entreprises.

Google en profite

Faudrait-il s’en décourager pour autant ? Nullement, estime Claude Lafond du MDEIE qui précise que malgré les moyens limités dont elle dispose –l’agence spatiale a vu son budget gelé pendant 10 ans-, cette industrie performe très bien.

«Les équipements sont une chose. Mais les applications, beaucoup moins visibles- en sont une autre dans lequel le Québec excelle particulièrement, dit-il. Nous sommes très forts dans tout ce qui concerne les télécommunications, la télédétection et la navigation par satellite par exemple.»

MacDonald, Dettwiler and Associates (MDA) de Saint-Anne-De Bellevue (anciennement Spar Aérosptiale), Advantech Satellite Networks (ex-EMS Technologie), ABB Bomem de Québec, MPB Communication de Pointe-Claire et NGC Aérospatiale de Sherbrooke, sont toutes, poursuit M. Lafond, des entreprises qui se tirent très bien d’affaire dans le domaine des outils de télécommunication et d’observation de la terre.

Abondant dans le même sens, Claude Lajeunesse explique que si le Canada travaille souvent de paire avec la NASA, il serait une erreur de percevoir cette industrie comme une simple appendice, dépendante de l’industrie américaine. «Notre industrie spatiale est une force complètement indépendante, dit-il. C’est grâce à ses réalisations dans le domaine de satellites, comme le Radar Sat – un satellite réalisé au Québec –que des entreprises comme Google peuvent aujourd’hui offrir des images aussi précises de la terre.»

L’industrie crie famine

Ne reste plus, dit-il, qu’à souhaiter que les gouvernements prennent conscience de l’importance de développer un programme de développement à long terme pour cette industrie.

Dans son dernier budget, le gouvernement fédéral a annoncé un investissement supplémentaire de 110 millions de dollars sur trois ans pour l’Agence spatiale canadienne. Depuis dix ans, cette dernière devait se débrouiller avait un budget figé aux alentours de 300 millions de dollars. Compte tenu de l’inflation élevée dans ce domaine, on estime que son pouvoir d’achat a diminué d’environ 30% depuis la fin des années 90.

«Il va falloir que les gouvernements poursuivent leurs efforts dans ce sens, affirme Claude Lajeunesse, Parce que sans plan à long terme, avec la compétition internationale qui existe dans cette industrie, il viendra un jour où la situation deviendra impossible pour nos entreprises de ce domaine.»

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