Éviter une crise climatique mondiale, un satellite à la fois


Édition du 17 Juin 2017

Éviter une crise climatique mondiale, un satellite à la fois


Édition du 17 Juin 2017

Par Alain McKenna

Le satellite de l’entreprise ­GHGSat, pour mesurer les gaz à effet de serre, a été lancé en 2016.

Partout sur la planète, industries et gouvernements visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre à des niveaux qui diminueront le réchauffement global. Facile à dire, moins facile à faire. Grâce à sa technologie satellite prometteuse, la montréalaise GHGSat aide les industries les plus polluantes à respecter ces engagements. Et même à les dépasser !

Après cinq ans de développement, le satellite de GHGSat a été lancé en 2016. Progressant sur une orbite nord-sud à un rythme de sept mètres par seconde, il est muni d'un spectromètre analysant la lumière de telle manière qu'il est possible de connaître instantanément la concentration des gaz dans l'atmosphère terrestre. En partenariat avec l'industrie pétrolière canadienne, il permet d'indiquer avec une précision inédite où se trouvent les principales sources d'émissions polluantes de cette industrie en Alberta. Cette province pense donc être en mesure d'atteindre sa cible de réduction des émissions de méthane (-45 %) et de gaz carbonique (-30 %) en 2025, comme prévu. Ou de faire mieux.

«La technologie de GHGSat représente une avancée énorme pour nous. Avant, nous ne pouvions faire que des estimations coûteuses à partir du sol. Maintenant, nous savons précisément d'où viennent les émissions et nous pouvons appliquer les bonnes technologies afin de les éliminer», résume Jeff Gaulin, vice-président de l'Association canadienne des producteurs pétroliers (CAPP). Ce regroupement de 13 sociétés pétrolières a mis 1,3 milliard de dollars (G$) sur la table et se donne cinq ans pour déterminer comment il atteindra ses objectifs environnementaux.

«C'est un enjeu très sérieux. Nous sommes conscients de l'urgence du problème. Là-dessus, GHGSat nous aide beaucoup», ajoute M. Gaulin.

Solution simple à un problème complexe

L'industrie pétrolière canadienne n'est pas la seule à avoir l'oeil sur la technologie de GHGSat, qui mise sur l'émergence du marché du carbone pour se tailler un marché diversifié et fort lucratif. Un projet pilote a été mené en Afrique afin d'évaluer l'impact d'une série de barrages hydroélectriques. Des centrales thermiques pourraient aussi avoir recours à cette technologie afin de réduire leur empreinte environnementale. Le secteur minier, les différents sites d'enfouissement partout sur la planète, le secteur agricole... La liste des clients potentiels de GHGSat s'allonge tous les jours, selon son PDG, Stéphane Germain.

«On a vraiment le vent dans les voiles, dit-il. La réglementation internationale stimule les investissements dans la recherche de solutions rapides et efficaces afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce qui existe en ce moment dans ce créneau est soit coûteux, soit imprécis, soit les deux. De notre côté, nous sommes capables d'offrir des résultats précis en quelques jours à peine, le temps que notre satellite survole la bonne région du globe.»

Quand carbone et aérospatiale se rencontrent

La Banque Mondiale estime à environ 50 G$ la valeur de l'ensemble du marché du carbone. M. Germain juge qu'au moins un de ces milliards représente des solutions d'analyse environnementales comme la sienne.

À la fin de mai, l'organisme international a justement mis à jour ses prévisions par rapport au marché du carbone. Son constat : d'ici 2020, la valeur du carbone devra être multipliée par sept, à un prix variant de 40 à 80 dollars la tonne, si on souhaite atteindre les objectifs de réduction d'émissions polluantes imposés par l'Accord de Paris signé en 2015.

Selon la Banque Mondiale, une telle initiative inciterait les entreprises des principaux pays émetteurs, comme la Chine et l'Afrique du Sud, à agir convenablement, sans avoir d'impact négatif sur les consommateurs. Pour que le réchauffement moyen de la planète reste sous le seuil des 2 degrés Celsius à plus long terme, il faudrait ensuite que la valeur du carbone grimpe dans la fourchette de 50 à 100 $ la tonne d'ici 2030. Sa valeur est actuellement légèrement sous les 6 dollars.

Pour que tout cela se produise, des entreprises du monde entier devront mettre en place rapidement, et sans se ruiner, des mesures d'analyse et de suivi de leurs propres émissions de GES. Une technologie digne de l'ère spatiale, peut-être ? Ça tombe bien : c'est précisément ce qu'offre GHGSat.

«L'Accord de Paris nous stimule beaucoup, c'est sûr. Et ce n'est qu'un accord parmi d'autres qui vont dans notre direction», se réjouit Stéphane Germain.

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