Caisse : mieux sélectionner les administrateurs

Publié le 26/02/2009 à 00:00

Caisse : mieux sélectionner les administrateurs

Publié le 26/02/2009 à 00:00

Par François Normand

À quoi ressemblerait le conseil idéal si Québec faisait le grand ménage ? Des spécialistes du placement et des caisses de retraite répondent.

> Mieux représenter les déposants et éviter les conflits d'intérêts

Claude Béland, président du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC) et ancien président de Desjardins, affirme que le conseil doit avant tout représenter les déposants, mais aussi ménager une place à des experts qui ne soient pas en "conflit d'intérêts" avec les activités de la Caisse.

C'est pourquoi il affirme que les dirigeants de Desjardins, du Fonds de solidarité FTQ et du Fondaction-CSN, qui siègent systématiquement au conseil, ne devraient plus en faire partie. "Il faut éviter toute apparence de conflit d'intérêts, et les représentants d'institutions financières ou de fonds de placement n'ont pas leur place au conseil de la Caisse", souligne cet ancien administrateur de la CDPQ, de 1987 à 2000.

Par exemple, la Caisse investit régulièrement dans des projets en partenariat avec d'autres institutions. Son conseil d'administration doit débattre de ces décisions. Un de ses membres pourrait se trouver en conflit d'intérêts, puisqu'il pourrait tenter d'obtenir les meilleures conditions possibles pour l'entité qu'il représente.

Par ailleurs, l'ancien président du MÉDAC, Yves Michaud, propose que Québec réinstalle le sous-ministre des Finances au conseil. "Le premier responsable de l'administration de la Caisse, c'est le gouvernement !"

> Renforcer l'expérience en investissement

"Dans un conseil d'administration, il faut des gens qui investissent ou qui ont une expertise en investissement", dit Claude Lamoureux, ancien président de Teachers (le régime de retraite des enseignants de l'Ontario), qui préside aujourd'hui le comité de nomination des administrateurs d'Investissements PSP, l'office d'investissement des régimes de pension du secteur public.

Selon Jean-Luc Landry, président de Landry Morin, une société de gestion de portefeuilles, le seul membre du conseil actuel de la Caisse qui a une expérience solide en investissement est Claude Garcia, ancien président des activités canadiennes de Standard Life.

Sans commenter directement ce point, la CDPQ affirme dans un courriel que tous les membres du conseil ont une expertise en matière d'investissement : "Le parcours de chacun témoigne éloquemment de leur [sic] expertise dans le domaine de l'investissement."

Keith Ambachtsheer, directeur du Rotman International Centre for Pension Management (RICPM), de l'Université de Toronto, prévient toutefois qu'il ne faut pas trop d'investisseurs dans un conseil. "Ce serait un désastre, dit-il. Ils ne débattraient que d'investissement !" Selon lui, il faut aussi des administrateurs qui aient une vision à long terme, sur 5 à 10 ans.

Le financier Stephen Jarislowsky déplore qu'on soit loin du compte : "Parmi les membres du c.a. des grands fonds de pension, la plupart ne connaissent pas grand-chose aux investissements à long terme."

> Rechercher l'expertise internationale

"L'économie est mondiale; on ne peut pas se contenter d'une expertise locale", dit M. Ambachtsheer. Par exemple, la moitié du conseil du RICPM est composée de non-Canadiens.

Qu'en est-il à la Caisse, dont 42 % de l'actif total des déposants était investi en dehors du pays au 31 décembre 2007 ? Un seul membre du conseil provient de l'étranger : Ouma Sananikone, résidente des États-Unis depuis 2005 et qui a une bonne expérience des marchés européens et asiatiques. D'autres membres du conseil de la Caisse ont une expertise internationale, mais davantage du fait de leur formation ou du financement de projets à l'étranger que de l'investissement ou de la gestion de portefeuille.

Tout comme Keith Ambachtsheer, Claude Lamoureux souligne l'avantage de compter plusieurs nationalités au sein d'un conseil. Mais selon lui, il faut toutefois que les caisses de retraite puissent s'offrir ces experts : "Peu de gens viendront de Londres [siéger à la Caisse], à cause de la faible rémunération !"

> Exiger des compétences en finance

Les administrateurs doivent posséder une meilleure connaissance des produits financiers, y compris des produits dérivés, dans lesquels la Caisse investit, disent les spécialistes. "Sans avoir une expertise pointue, il faut comprendre les mécanismes de marché", dit John Heaton, professeur à la Booth School of Business de l'Université de Chicago.

Même son de cloche du côté de Jean-Luc Landry : "Il n'est pas essentiel de connaître les produits dérivés avant d'être nommé au c.a., mais il faut en comprendre la mécanique par la suite." Là encore, la Caisse affirme que tous les membres de son conseil ont une expertise en finance.

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