Bombardier: des fournisseurs pâtiront de l'arrivée d’Airbus

Publié le 17/10/2017 à 17:09

Bombardier: des fournisseurs pâtiront de l'arrivée d’Airbus

Publié le 17/10/2017 à 17:09

Par François Normand

La prise de contrôle du CSeries de Bombardier par Airbus aura un impact majeur sur les fournisseurs québécois pour le meilleur et pour le pire, car il y aura des gagnants et des perdants, affirment des spécialistes de l’industrie.

Si le CSeries prend réellement son envol dans les prochaines années, des fournisseurs du Québec auront plus de pain sur la planche, sans parler des occasions nouvelles pour d’autres appareils d’Airbus comme l’A320.

« La technologie du CSeries est plus récente, notamment au niveau de l’avionique. Il est donc possible que l’on retrouve un jour des technologies du CSeries dans l’Airbus A320 », croit même Karl Moore, spécialiste en stratégie et en organisation à l'Université McGill.

Par contre, d’autres fournisseurs risquent de perdre des contrats parce que l’avionneur européen anticipe une «réduction importante» des coûts de production du Cseries.

Dans son communiqué publié lundi, la multinationale affirme qu’elle y arrivera «en tirant profit de l’expertise d’Airbus en matière d’approvisionnement».

Jacques Roy, spécialiste en transport à HEC Montréal, affirme que les fournisseurs peu spécialisés sont particulièrement à risque. «Ils le sont déjà, et ils le seront encore plus à la suite de la prise de contrôle d’Airbus», dit-il.

À ses yeux, les entreprises qui fabriquent des ensembles ou des sous-structures comme le moteur et les ailes ne sont pas vraiment à risque. Par contre, celles qui fabriquent des petites pièces insérées par exemple dans les trains d’atterrissage peuvent perdre des contrats.

Mehran Ebrahimi, professeur à l'ESG UQAM et directeur du Groupe d'étude en management des entreprises de l'aéronautique (GEME Aéro) partage les mêmes inquiétudes, même s’il estime que plusieurs fournisseurs brasseront plus d’affaires avec Airbus.

Le problème à ses yeux, c’est que l’écosystème de fournisseurs québécois du CSeries manque cruellement de mini-intégrateurs capables de fournir des ensembles et des sous-structures à Airbus.

«Nous avons plusieurs fournisseurs qui réalisent des contrats pour des pièces précises, mais nous avons des faiblesses dans les ensembles et les sous-structures, dit-il. Oui, il y aura des occasions d’affaires dans les deux sens, mais le situation est plus risquée pour les fournisseurs québécois.»

Suzanne Benoît, la pdg d’Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec, admet aussi qu’il y aura des «gagnants et des perdants». «Des PME sont à risque. Elles l’étaient déjà auparavant si elles n’étaient pas compétitives», dit-elle.

Mais globalement, elle affirme que l’entente avec Airbus aura des retombées positives pour la grappe aérospatiale du Québec, et ce, en termes d’emplois, de R-D, voire d’investissements dans les prochaines années.

Elle affirme aussi que l’industrie de l’aérospatiale au Québec se porte bien. «Il y aura 31 000 postes à combler d’ici 10 ans», dit-elle.

 

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