Applications mobiles «made in Québec»

Publié le 17/07/2009 à 00:00

Applications mobiles «made in Québec»

Publié le 17/07/2009 à 00:00

Par François Rochon

Ces applications sont très, très populaires. Tellement qu'on assiste à la naissance d'une nouvelle industrie dans un secteur - les télécommunications - qui a besoin d'un coup de pouce pour échapper à la morosité économique.

Anciens experts en télécommunications, développeurs de sites Web et de jeux vidéo ou simples programmeurs du dimanche, les entrepreneurs québécois entendent bien rafler leur part du gâteau. Depuis un an, plus d'une douzaine de nouveaux développeurs, pour la plupart de très petites entreprises comptant tout au plus 8 à 10 employés, ont mis en marché des applications pour l'iPhone d'Apple, le BlackBerry de Research In Motion et autres appareils concurrents.

Le marché de la mobilité explose

C'est ce qu'il fallait pour donner au secteur de la mobilité informatique un élan qui lui manquait depuis sa naissance, au tournant des années 2000.

" On s'est vraiment rendu compte qu'un nouveau marché spécifique s'était créé il y a deux ans à peine ", indique Sigisbert Ratier, directeur de Soluteo, qui développe des programmes pour le BlackBerry depuis 2001.

Soluteo, qui emploie huit personnes, connaît une forte croissance depuis 2007. L'entreprise montréalaise vient de terminer la conception d'une édition mobile des pages jaunes pour iPhone et BlackBerry.

Habitué de négocier à la dure la mise en marché de ses produits avec les géants Bell, Rogers et Telus, M. Ratier voit d'un bon oeil l'arrivée des nouvelles plateformes telles que l'iPhone et Android, développée par Google. " Pour nous, ce n'est pas une guerre des plateformes, car chacune possède des particularités qui permettent de les différencier, dit-il. Leurs boutiques d'applications nous ouvrent de nouvelles possibilités : vendre directement aux utilisateurs, ou développer des outils mobiles sur mesure pour nos clients. "

Les nouveaux mercenaires

Depuis le début des années 2000, Martin Dufort, de WhereCloud, tente de conquérir le marché des applications informatiques.

Sa première grande percée est survenue en mai dernier, avec le lancement de Reportage, qui permet d'accéder au populaire service en ligne Twitter à partir d'un iPhone. L'application se vend plutôt bien au Canada, aux États-Unis et au Japon, et l'équipe d'Apple lui a décerné la mention " Application préférée ".

L'objectif de M. Dufort : démontrer le savoir-faire de son entreprise, faire le plein de clients et utiliser ces revenus pour financer la création d'autres applications.

" Nous voudrions pouvoir seulement développer des nouveaux produits, mais c'est un peu un coup de chance de pouvoir en vivre. Nous préférons donc nous financer en offrant des services de consultation ", explique l'ancien employé de Bell.

Depuis environ un an, Edovia n'a pas pris cette précaution. La petite PME montréalaise en est à sa huitième application pour iPhone. Son fondateur est catégorique : pas question de faire autre chose, même pour financer ses projets. " C'est une question d'intérêt, dit Luc Vandal. Je gagnerais probablement plus d'argent avec des services de sous-traitance, mais je préfère faire mes propres affaires. "

Ça semble fonctionner : ses applications, vendues entre 1 et 4 $, ont été téléchargées 82 000 fois. Ses produits, très populaires aux États-Unis et en Europe, sont vendus partout sur la planète par Apple, qui se réserve 20 % des recettes de ces applications.

Pour une PME de deux employés du quartier Saint-Henri, c'est peu cher payer pour accéder au marché international. Et ce n'est pas fini. Apple s'attend à vendre sous peu son iPhone en Chine et en Russie, deux marchés au potentiel énorme pour l'appareil et pour ses 65 000 applications.

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Une bataille de plateformes

Le marché de la mobilité a pris une nouvelle tangente avec le lancement de l'App Store, la boutique virtuelle d'applications mobiles d'Apple, il y a un peu plus d'un an.

Peu après, Google, Research In Motion (RIM), Microsoft et Palm annonçaient chacune leur intention de lancer un service similaire pour leurs appareils mobiles. Tellement qu'on parle désormais de " plateformes " plus que de téléphones, chacune de ces plateformes étant représentée par le système d'exploitation des appareils concernés.

Apple iPhone OS

(Part du marché : 10,7 %)1

L'iPhone se décline désormais en trois versions : original, 3G et 3G S, lancé à la mi-juin. Leur système d'exploitation, iPhone OS, en est lui aussi à la troisième génération.

Plus de 21 millions d'iPhone devraient être vendus dans le monde cette année, et 26 millions l'an prochain, selon BMO Marché des capitaux. C'est la plateforme la plus populaire auprès des développeurs d'applications mobiles, avec plus de 65 000 applications téléchargeables gratuitement ou vendues pour 1 $ ou plus.

> Sa principale force : Apple offre aux développeurs un accès sans tracas à de nombreux marchés étrangers. De plus, les concepteurs d'applications conservent 70 % du prix de vente de leurs produits.

> Sa principale faiblesse : Le processus d'autorisation des applications est nébuleux et peut être très long.

RIM BlackBerry OS

(Part du marché : 19,5 %)1

Devant la popularité de l'iPhone, Research In Motion (RIM) a décidé d'élargir sa clientèle et d'inclure le grand public, davantage friand de divertissement mobile que d'applications d'affaires. RIM a rapidement mis sur pied son App World, un catalogue d'applications limité pour le moment à 1 000 applications. Mais l'ontarienne, qui comptait 28,5 millions d'abonnés en mai dernier, n'en est qu'à ses débuts : de nouveaux modèles devraient mousser l'intérêt pour cette plateforme.

> Sa principale force : La plateforme BlackBerry demeure la plus populaire dans les téléphones intelligents en Amérique du Nord.

> Sa principale faiblesse : Ses appareils souffrent d'une piètre image auprès d'un public en quête de divertissement mobile.

Nokia Symbian

(Part du marché : 47,1 %)1

Nokia se taille la part du lion du marché de la téléphonie mobile avec son système d'exploitation Symbian. Mais ça ne l'aidera pas à développer sa propre plateforme d'applications mobiles. La boutique Ovi Store, lancée mondialement au début de juin, n'est pas encore officiellement accessible au Canada, et n'est compatible qu'avec certains appareils intelligents reposant sur la version Symbian S60.

> Sa principale force : Nokia reste le plus important fabricant de téléphones portables au monde.

> Sa principale faiblesse : Le fabricant finlandais a de la difficulté à percer le marché nord-américain.

Microsoft Windows Mobile

(Part du marché : 12,4 %)1

Windows Mobile est en chute libre, malgré la vente de 18 millions d'appareils en 2008.

Sa part de marché a fondu de moitié depuis 2004. Microsoft réagit en créant la boutique d'applications SkyMarket pour la prochaine mise à jour de son système, où seront regroupées les 20 000 applications existantes pour cette plateforme. Microsoft compte sur une solide communauté de développeurs et devrait donc rapidement prendre du galon.

> Sa principale force : La plateforme existe depuis longtemps et est bien connue des développeurs.

> Sa principale faiblesse : On ignore quelle part des revenus Microsoft exigera des développeurs, et combien les utilisateurs devront payer les applications.

Palm WebOS

(Part du marché : 0,9 %)1

Palm a enterré son système Palm OS et le remplace par un nouveau logiciel, WebOS, qu'on pourra bientôt voir dans le Pre, de Bell. Plusieurs expert qualifient le WebOS de meilleur système d'exploitation mobile en ce moment, grâce notamment à son utilisation des langages de programmation issus du Web, comme le code HTML (d'où son nom). Au Canada, WebOS risque fort de se présenter comme le concurrent direct de l'iPhone auprès des clients de Bell Mobilité, dont le réseau est incompatible avec le téléphone d'Apple.

> Sa principale force : WebOS et Pre sont compatibles avec iTunes, comme l'iPhone.

> Sa principale faiblesse : La trousse logicielle est distribuée au compte-gouttes auprès des développeurs et le catalogue d'applications est presque vide.

Google Android (Part du marché : n.d.)1

Google a choisi de développer un système d'exploitation, Android, et de confier la fabrication des appareils à d'autres entreprises.

Les deux premiers appareils Android au Canada sont fabriqués par la société taïwanaise HTC, mais LG, Motorola et Samsung devraient suivre. Les analystes prévoient qu'il se vendra 43 millions d'appareils Android d'ici cinq ans dans le monde.

Inspiré du système Linux, Android se distingue par son interface qui reprend le concept du bureau des PC. Sa boutique virtuelle, Marketplace, offre 5 000 applications.

Comme c'est le cas pour l'iPhone, les développeurs doivent refiler 30 % du prix de leurs applications à Google.

> Sa principale force : Un système libre qui se déploiera rapidement grâce aux nombreux fabricants d'appareils qui comptent l'utiliser.

> Sa principale faiblesse : Le manque d'harmonie entre le logiciel et le matériel. Par exemple, il n'y a pas de prise pour casque d'écoute sur les appareils HTC.

1. Part du marché de l'ensemble du secteur de la téléphonie mobile en 2008, selon Gartner.

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10 APPLICATIONS QUÉBÉCOISES

Les développeurs québécois participent à l'effervescence du marché des applications mobiles pour l'iPhone, le téléphone intelligent d'Apple. Voici 10 applications de tout genre mises au point par des Québécois.

Antidote mobile (20 $)

Cette application est une version pour iPhone de la suite logicielle Antidote pour Mac de Druide Informatique, qui regroupe 10 dictionnaires et 10 ouvrages linguistiques en une seule application mobile.

Cave à vin (4 $)

Ce gestionnaire de cellier en version de poche du développeur Simon Guertin permet de gérer sa cave à vin. On peut y ajouter ses impressions de dégustation et trier le tout par nom, pays, cépage, etc.

Guichetier (2 $)

Mise au point par Para9, Guichetier permet de repérer les guichets automatiques de son institution bancaire dans la région montréalaise, grâce au GPS intégré à l'iPhone. L'utilisateur évite ainsi de se rendre au guichet d'une autre institution et de payer ainsi des frais interbancaires.

Pull This Finger (1 $)

L'application qui a fait connaître le studio montréalais Oneapp, Pull This Finger, reproduit un vieux gag, Tire mon doigt; l'appareil émet alors un bruit de pet. C'est rapidement devenu une application favorite des utilisateurs, toutes catégories confondues - sans blague !

Reportage (3 $)

WhereCloud espère se positionner dans le marché des applications grâce à ce logiciel. Reportage présente les commentaires des utilisateurs de Twitter à la façon d'un vieux poste de radio. Ça change de la liste interminable de commentaires.

Linguo (4 $)

Edovia a conçu un traducteur qui utilise les moteurs de traduction sur Internet pour générer instantanément des équivalents d'un mot clé en d'autres langues. À défaut d'être précis, il a l'avantage d'être rapide.

Rocket Taxi (2 $)

Cette autre application d'Edovia trouve les sociétés de taxis à proximité et évalue le coût du trajet prévu. Fonctionne bien dans les grandes villes nord-américaines, et peut rassurer ceux qui craignent les astuces des chauffeurs pour gonfler la note.

STM Mobile (1 $)

Une des premières applications Web pour iPhone et iPod Touch avant le lancement du App Store, STM Mobile affiche l'horaire des autobus et du métro montréalais.

Tetris (5 $)

La filiale mobile du développeur américain Electronic Arts compte une équipe à Montréal qui planche sur la conversion mobile de titres classiques, comme Tetris.

TransAct (n.d.)

OS Communications propose TransAct aux entreprises qui veulent vendre des produits dans des événements d'affaires et qui cherchent une façon efficace de facturer sur carte de crédit.

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