Aérospatial : 200 PME jugées «vulnérables»

Publié le 24/09/2009 à 00:00

Aérospatial : 200 PME jugées «vulnérables»

Publié le 24/09/2009 à 00:00

La grappe aérospatiale du Montréal métropolitain estime que les transformations profondes qui touchent la chaîne d’approvisionnement de l’industrie ont un impact majeur sur les entreprises d’ici. «Ces transformations fragilisent énormément notre industrie, prévient sa directrice générale, Suzanne Benoît. L’air de rien, cette nouvelle réalité a rendu notre industrie très, très vulnérable. Et il faudra s’en préoccuper rapidement avant qu’il ne soit trop tard.»

Les besoins changent

Au cours de la dernière décennie, en effet, les grands donneurs d’ordre tels que Bombardier, Bell Helicopter et CAE entre autres, ont réduit drastiquement le nombre de leurs fournisseurs. Dans certains secteurs, leur nombre a pu être réduit par dix, parvenant à demander toujours plus à leurs partenaires.

Aussi, on leur demande maintenant de fournir des sous-ensembles complets du produit final (par exemple le cockpit d’un appareil plutôt qu’une seule composante de celui-ci), mais également de prendre une part importante dans le partage des risques technologiques et financiers notamment, liés aux phases de recherches et de conception des appareils.

Or, les entreprises du Québec, bien que nombreuses et diversifiées, sont généralement trop petites, ou trop peu spécialisées, pour supporter de telles responsabilités. Des quelque 235 entreprises qui œuvrent dans ce secteur au Québec, on estime qu’au moins 210 d’entre-elles sont des micro-entreprises, aux limites -dans les meilleurs des cas- de la définition classique de la PME.

Le front de l'innovation

Ce sont ces entreprises, habituées de graviter autour des donneurs d’ordre, intégrateurs et équipementiers (Héroux-Devtek, Sonaca, CMC, etc.) qui connaissent les difficultés les plus importantes, selon Aéro Montréal. Trop petites pour jouir de capacités d’emprunt importantes, elles arrivent mal à se battre sur le front de l’innovation.

«Tout ce que nous disons est que le succès du passé n’est pas garant de l’avenir, explique Sam Abdelmalek, vice-président Gestion de l’approvisionnement chez Pratt & Whitney Canada. Le monde change rapidement. Et l’industrie tout autant. Les gouvernements doivent le réaliser s’ils espèrent continuer de la supporter adéquatement.»

Pas juste une question d'argent

Les grands de l’industrie ne veulent pas plus d’argent des gouvernements qu’ils en ont déjà reçu, affirme Suzanne Benoît. Mais ils veulent des fournisseurs de classe mondiale, capables de contribuer à leurs projets.

«Les grands sont prêts à mettre l’épaule à la roue. Mais il faut que le gouvernement s’implique pour aider les plus petits du Québec. À défaut de quoi, elles n’auront d’autres choix que de continuer de s’approvisionner, et de plus en plus, à même des fournisseurs étrangers, au Mexique, en Inde, et en Chine, notamment.»

Des programmes sont déjà en place, mais ils doivent êtres revus à la lueur des changements qui ont cours. Dans le prochain budget provincial si possible. «Ça prend de l’argent, de la formation, du capital de risque, des subventions sur les salaires comme dans les TI, des équipes spéciales –des genres de Swat team- qui entrent dans les entreprises et les assistent dans leur transformation », soutient Mme Benoît.

Par leur prise de participation, des fonds d’investissement pourraient également faciliter le regroupement de sous-traitants pour en faire des fournisseurs de classe mondiale. D’autres pourraient se diversifier, ou se spécialiser. «Mais clairement, comme ailleurs, le gouvernement peut jouer un rôle important», soutient M. Abdelmalek.

La grappe aérospatiale du Montréal métropolitain a présenté hier ses réflexions sur les transformations profondes qui touchent la chaîne d’approvisionnement dans l’industrie au Congrès annuel de l’Association québécoise de l’aérospatiale.

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