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Vers une sortie prudente du confinement en Europe

AFP|Publié le 27 avril 2020

Vers une sortie prudente du confinement en Europe

Les Européens ont amorcé un déconfinement qui s’annonce particulièrement complexe. (Photo: Getty Images)

En ordre dispersé et parfois dans la polémique, les Européens ont amorcé un déconfinement qui s’annonce particulièrement complexe, au rythme d’une épidémie planétaire du nouveau coronavirus encore loin d’être jugulée.

La pandémie a fait à ce jour plus de 206 000 morts pour près trois millions de contaminés dans le monde, selon une compilation sur la base des chiffres officiels.

Alors qu’elle marque le pas dans les quatre pays européens les plus touchés, notamment au Royaume-Uni, le premier ministre britannique Boris Johnson, lui-même frappé par le virus et de retour aux affaires lundi, a appelé ses concitoyens à la patience.

« Agresseur inattendu et invisible »

« Si ce virus était un assaillant, un agresseur inattendu et invisible, et je peux vous dire de ma propre expérience que c’en est un, ce serait le moment où nous avons commencé à le maîtriser au sol. (…) Mais c’est aussi un moment de risque maximum », a-t-il expliqué.

Si donc la courbe de l’épidémie « commence à s’inverser », les Britanniques doivent continuer à respecter les mesures de confinement, a-t-il plaidé, promettant des décisions « dans les jours à venir », tout en refusant « de gâcher les efforts et les sacrifices du peuple britannique et de risquer une deuxième épidémie majeure ».

Ailleurs sur le Vieux continent, à la faveur de l’embellie observée ces derniers jours, conséquence des sévères restrictions de mouvement imposées depuis plus d’un mois, plusieurs pays se préparent à lever progressivement ou ont déjà allégé le confinement.

La Norvège a rouvert lundi des écoles. Une semaine après les « barnehager » qui font office de crèches et de maternelles, c’est au tour des enfants de six à dix ans de retrouver les bancs de l’école, dans des classes réduites à 15 élèves.

«Alt blir bra»

À l’école Levre de Baerum, dans la banlieue résidentielle d’Oslo, des fleurs peintes au sol à l’entrée du bâtiment marquent la distance à respecter. Sur un dessin d’enfant représentant un arc-en-ciel, l’inscription « Alt blir bra » en majuscules: « tout ira bien » en norvégien.

Les Suisses pourront quant à eux retourner chez le coiffeur, avec la réouverture de certains commerces lundi. En Allemagne et en Autriche également, une grande partie des commerces ont rouvert ces derniers jours, avec de stricts mots d’ordre de « distanciation sociale » et de ports du masque dans les espaces publics.

Louée jusqu’ici pour l’efficacité de sa réponse très ferme à l’épidémie, la chancelière allemande Angela Merkel voit le consensus de l’opinion se craqueler et les critiques monter sur la lenteur d’un déconfinement trop progressif selon certains.

En Espagne, après six semaines cloîtrés chez eux, les enfants peuvent depuis dimanche recommencer à jouer dans la rue, avec un certain nombre de restrictions. Le confinement a été prolongé jusqu’au 9 mai inclus, et le gouvernement présentera mardi son plan d’assouplissement. La pandémie a fait 331 morts au cours des dernières 24 heures.

Le premier ministre français, Edouard Philippe, dévoilera lui aussi mardi sa « stratégie nationale du plan de déconfinement », qui doit débuter le 11 mai, avec notamment une réouverture progressive, mais controversée des écoles.

Les Parisiens vont-ils craquer ?

Sous un doux soleil printanier, de plus en plus de Parisiens sont néanmoins tentés de sortir dans les rues vidées de leur habituel chaos automobile. Il ne faut pas que « les gens craquent », s’inquiètent les autorités.

L’Italie doit détailler en début de semaine les mesures qu’elle envisage à compter du 4 mai. Les écoles resteront cependant fermées jusqu’en septembre.

En Europe, le bilan humain reste très lourd: 26 644 décès en Italie, 23 521 en Espagne, 22 856 en France, 20 732 au Royaume-Uni. En proportion de la population, c’est en Belgique que la mortalité est la plus élevée.

En Chine, où était apparu la COVID-19 à la fin de l’année dernière, collégiens et lycéens ont fait lundi une rentrée ultra-sécurisée — avec masques et prises de température — dans les métropoles de Pékin et Shanghai, après près de quatre mois de grandes vacances pour cause d’épidémie.

« Je suis contente, ça fait trop longtemps que je n’ai pas vu mes camarades de classe », sourit Hang Huan, 18 ans, devant le lycée Chenjinglun, dans l’est de la capitale chinoise. « Ils m’ont beaucoup manqué », confie-t-elle à l’AFP, masque sur le visage.

Toutes les écoles chinoises étaient fermées depuis la fin janvier. Le pays a depuis lors jugulé l’épidémie, avec un bilan officiel de 4 633 morts, mais les autorités redoutent à présent une seconde vague avec des cas dits « importés », en majorité des Chinois de retour au pays.

Rohingyas à la dérive

Aux États-Unis, le président Donald Trump n’a pas donné dimanche son habituel point de presse sur le coronavirus, après les sarcasmes suscités par ses recommandations (« ironiques », a-t-il assuré après coup) sur l’injection de désinfectant dans le corps des patients. 

De loin le pays aujourd’hui le plus touché, les États-Unis ont enregistré 54 841 décès au total.

De son côté, la Russie, elle aussi de plus en plus touchée, a annoncé une prochaine réunion par visioconférence des dirigeants des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.

Sur les marchés, le cours du baril de pétrole américain plongeait de nouveau lundi, pénalisé notamment par des infrastructures de stockage proches de la saturation et sur fond de dissensions persistantes entre pays producteurs.

En Asie, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Michelle Bachelet a exhorté le Bangladesh à laisser entrer deux bateaux errants en mer avec plusieurs centaines de réfugiés rohingyas, mettant en garde contre une « tragédie humaine aux proportions terribles ».