Vaccins: le Québec inc. veut mettre l’épaule à la roue
La Presse Canadienne|Publié le 23 février 2021(Photo: 123RF)
Vacciner leurs employés, les proches de ces derniers et même la population à proximité de leurs installations. Au moment où la vaccination de masse contre la COVID-19 doit s’amorcer, plusieurs entreprises espèrent s’entendre avec Québec sur les modalités d’un protocole afin de mettre l’épaule à la roue.
De grands employeurs comptent parfois dans leurs rangs du personnel médical, offrent à leurs salariés la vaccination annuelle contre la grippe et disposent de sites capables d’accueillir plusieurs personnes tout en respectant la distanciation physique. Certains souhaitent offrir ces ressources à l’effort de vaccination.
C’est le cas, par exemple, du spécialiste québécois des simulateurs de vols et de la formation CAE, qui fait partie du groupe d’employeurs qui a récemment été interpellé, en compagnie de la Banque Nationale, CGI, BRP et Agropur, à ce sujet par le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.
« Nous parlons à d’autres grandes entreprises depuis des semaines pour tenter d’offrir des solutions au gouvernement, a expliqué la vice-présidente principale aux affaires publiques et communications mondiales de la société, Hélène Gagnon, au cours d’un entretien téléphonique. C’est maintenant qu’il faut commencer à se préparer pour être rodés lorsque les doses seront disponibles. »
Celle-ci a pris soin de préciser que l’entreprise ne visait pas à contourner « l’ordre de priorités » de la santé publique, mais qu’elle souhaitait proposer des options pour offrir un peu de répit au secteur de la santé. CAE, qui compte quelque 10 000 employés à l’échelle mondiale, a été secouée par la pandémie de COVID-19, ce qui a contraint la compagnie à effectuer des mises à pied, notamment à ses installations québécoises, dans l’arrondissement montréalais de Saint-Laurent.
Plusieurs éléments demeurent toutefois à peaufiner avec les autorités, a expliqué Mme Gagnon. Par exemple, l’État aurait-il une facture à assumer si les services d’agences privées sont retenus pour effectuer la vaccination?
« Nous n’avons pas eu ce genre de discussion, a-t-elle affirmé. La conversation n’est pas de cet ordre-là (de parler d’argent). La valeur pour nous viendra quand les gens seront vaccinés et que l’économie redémarrera. L’idée est (…) d’offrir un lieu parallèle parce que nous avons de l’expérience et que l’on a l’espace pour accueillir la population. »
La Fédération des chambres du commerce du Québec (FCCQ) a par ailleurs annoncé, mardi, vouloir être le lien entre Québec et les entreprises qui souhaitent accueillir des campagnes de vaccination en proposant un formulaire visant à manifester leur intérêt.
Selon l’association patronale, un « plan de match détaillé » a même été soumis au ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.
Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), qui compte environ 1100 membres à travers le Québec, a constaté que plusieurs entreprises avaient levé la main afin de participer à l’effort de vaccination.
« Certains grands industriels ont déjà du personnel médical et ont aussi la capacité d’aller en chercher dans le privé et disposent de grands sites où la distanciation physique peut être respectée », a souligné au bout du fil la présidente-directrice générale du regroupement, Véronique Proulx.
Soulignant que « rien n’était encore attaché », elle a ajouté que MEQ comptait sonder ses membres afin d’avoir un portrait clair des capacités disponibles.
Le Mouvement Desjardins, qui est le plus important employeur privé de la province et dont l’effectif total atteint presque 48 000 travailleurs, a indiqué, dans un courriel, qu’il serait « disponible » si le gouvernement Legault souhaite une implication des employeurs.
« Nous sommes présentement en discussion avec la santé publique à ce sujet, a souligné par courriel sa porte-parole Chantal Corbeil. Desjardins a toujours été présent afin de protéger la santé de ses employés notamment avec la campagne annuelle de vaccination contre la grippe. »
Bombardier a également signalé collaborer « étroitement » avec Québec en « faisant partie avec d’autres entreprises d’une coalition visant à accélérer la vaccination, une fois les doses disponibles ».
Les compagnies ne sont pas les seules à vouloir participer à la vaccination. Par exemple, le mois dernier, Metro, qui est propriétaire du Groupe Jean Coutu, avait indiqué que le réseau de la chaîne de pharmacies pourrait être mis à la disposition d’une campagne de vaccination massive.