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Un plan de 400 M $ pour la relance de l’industrie culturelle

La Presse Canadienne|Publié le 01 juin 2020

Un plan de 400 M $ pour la relance de l’industrie culturelle

Les différentes mesures de confinement ont notamment mené à la fermeture de salles de spectacles. (Photo: Manny Fortin/ Unsplash)

Après tout près de trois mois de crise sanitaire, les artistes s’impatientaient de voir le gouvernement Legault annoncer ses couleurs pour relancer le secteur culturel, durement frappé par la pandémie de COVID-19.

Lundi, ils sont restés sur leur faim, en prenant connaissance du plan rendu public en conférence de presse par la ministre de la Culture, Nathalie Roy, accompagnée du premier ministre François Legault, un plan assorti de 400 millions $ de fonds publics, dont 250 millions $ d’argent neuf.

Beaucoup d’argent, sauf qu’il manque un élément essentiel à ce plan, selon les artistes: un calendrier leur permettant de planifier la réouverture des lieux de diffusion de leurs œuvres, soit les salles de spectacles et de théâtre. 

La ministre Roy a évoqué la date du 24 juin, comme scénario possible, mais non confirmé.

Les gens qui font vivre le secteur culturel disent avoir également besoin de savoir dès maintenant quelles seront les nouvelles configurations de salles qui seront autorisées en fonction des normes sanitaires, à savoir le pourcentage de sièges jugé désormais acceptable.

Mais Québec n’est pas prêt à livrer cette information. « Quel sera le nombre de personnes qui pourront entrer dans une salle? Je l’ignore », a admis la ministre Roy, qui attend le feu vert et les consignes définies par la santé publique.

Elle a cependant dit espérer pouvoir faire une annonce à ce sujet « dans les prochains jours ».  

En entrevue téléphonique, l’auteur et metteur en scène Olivier Kemeid n’a pas caché sa déception, après avoir pris connaissance de l’annonce de la ministre, fort attendue.

Insulté par le silence du gouvernement sur la culture depuis le début de la crise, il avait écrit une lettre à la ministre la semaine dernière pour exprimer ses frustrations et énumérer les revendications du milieu. La lettre a été endossée par plusieurs artistes. Devenue pétition, elle a été signée par 30 000 personnes en quelques jours.

« On n’a pas de calendrier précis », a-t-il déploré, rappelant qu’il faut au moins trois mois pour monter un spectacle.

Il réserve ses commentaires sur les sommes nouvelles injectées par Québec, pour prendre le temps de les analyser, mais il dit craindre que le secteur numérique soit démesurément avantagé, au détriment des arts vivants. « Je ne suis pas impressionné » par l’annonce de la ministre, a-t-il résumé.  

De tout temps fragile, le monde culturel craint le pire. Depuis le mois de mars, les différentes mesures de confinement ont mené à la fermeture de salles de spectacles et de plateaux de tournages. Tout événement culturel attirant des foules nombreuses, comme les festivals, a été frappé d’interdit.

Le plan présenté lundi inclut 150 millions $ tirés d’un réaménagement du budget de la culture, auquel s’ajoutent 250 millions $ de nouvelles sommes.

Grâce à ces nouvelles sources de financement public accordées au secteur culturel, 91,5 millions $ seront dégagés pour la production cinématographique et télévisuelle, ainsi que 71,9 millions $ pour les entreprises et organismes culturels qui ont dû fermer leurs portes en raison des mesures de confinement.

L’industrie des arts de la scène bénéficiera de 50,9 millions $ pour la diffusion de projets, tandis que l’industrie de la musique aura droit à 33,5 millions $ pour que ses artistes et artisans puissent relever les défis liés aux nouvelles habitudes d’écoute, a indiqué la ministre.

Voilà « de puissants outils pour créer », a commenté la ministre.

Nathalie Roy a de plus annoncé que le domaine de la production audiovisuelle pourra reprendre ses activités dès le 8 juin, en tenant compte des mesures sanitaires et de distanciation émises par la santé publique.

En parlant du soutien financier de son gouvernement aux arts, le premier ministre Legault a ouvert une porte, en disant que « s’il n’y en a pas assez, on regardera ça ».

Québec a aussi mis de côté 13 millions $ pour des budgets de publicité destinés à ramener le public en salle.