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Trudeau demande l’appui des propriétaires de locaux commerciaux

La Presse Canadienne|Publié le 20 mai 2020

Trudeau demande l’appui des propriétaires de locaux commerciaux

M. Trudeau espère «vraiment» que les propriétaires d’espaces commerciaux participent au programme. (Photo: Justin Tang/ La Presse canadienne)

Le premier ministre Justin Trudeau invite fortement les propriétaires d’espaces commerciaux à adhérer au programme fédéral qui sera lancé la semaine prochaine et qui accordera aux petites entreprises une pause dans le loyer qui sera dû dans quelques jours.

En vertu de ce programme, les propriétaires pourront recevoir un prêt remboursable pour couvrir la moitié des loyers des petites entreprises en avril, mai et juin, si toutefois ils baissent ces loyers d’au moins 75 % sur la même période. Mais des associations d’entreprises craignent que les propriétaires méfiants rechignent à participer à ce programme, qui est offert conjointement avec les provinces et les territoires.

Lors de son point de presse quotidien, M. Trudeau a déclaré mercredi qu’il «espérait vraiment» que les propriétaires d’espaces commerciaux participent au programme. Il a d’ailleurs rappelé au passage que ces propriétaires pourraient bien se retrouver sans revenus s’ils expulsaient leurs locataires maintenant.

«Alors que plusieurs s’aperçoivent que nous pouvons travailler à domicile (…), il pourrait bien y avoir beaucoup d’espaces vacants dans les immeubles commerciaux au cours des prochains mois. Qui sait exactement à quoi ressemblera le monde post−pandémique?» a-t-il demandé.

C’est la Société canadienne d’hypothèques et de logement qui traitera les demandes pour le programme à compter de la semaine prochaine.

Il s’agissait de l’une des deux annonces que les libéraux ont faites mercredi au sujet des programmes d’aide qui fournissent 151,7 milliards $ en subventions directes et des dizaines de milliards de plus en prêts et en financement.

Les chiffres fédéraux publiés mercredi montrent que deux des plus importants programmes ont connu une augmentation des demandeurs et des paiements. La Prestation canadienne d’urgence compte maintenant plus de 8,1 millions de prestataires, qui ont collectivement reçu plus de 38,4 milliards $ — son budget initial était de 35 milliards $. De son côté, le Programme de subventions salariales d’urgence a maintenant approuvé 215 661 demandes, fournissant 5,7 milliards $ d’aide aux entreprises pour couvrir 75 pour cent des salaires de près de 2,8 millions de travailleurs. Le programme dispose d’un budget de 73 milliards $.

Crédit d’urgence

Plus tôt mercredi, le gouvernement a dévoilé les détails d’un programme de financement provisoire pour les grandes entreprises. En vertu de ce Crédit d’urgence pour les grands employeurs (CUGE), le gouvernement pourra prendre une participation dans l’entreprise. Les prêts commenceront à 60 millions $, sans limite supérieure, et sont destinés aux entreprises dont les revenus sont d’au moins 300 millions $.

Le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, a précisé mercredi que les conditions seront les mêmes pour toute entreprise demandant de l’aide dans le cadre du programme, ouvert aux candidatures dès maintenant. Il a déclaré que les conditions sont conçues pour garantir que les entreprises reçoivent des prêts-relais, et non des plans de sauvetage, pour surmonter les perturbations économiques liées à la COVID-19.

« Nous demanderons aux sociétés cotées en bourse d’émettre des bons qui nous donneront l’option d’acquérir des actions ou de recevoir l’équivalent (…) totalisant 15 % du montant reçu. Si les entreprises ne sont pas cotées en bourse, elles paieront des frais comparables », a précisé le ministre, qui espère que les coffres de l’État profiteront de l’éventuelle reprise économique. « L’idée derrière le mandat est de s’assurer que si l’entreprise réussit bien, les Canadiens et les contribuables canadiens partagent cet avantage », a-t-il dit. « Le gouvernement canadien ne sera pas tenu de prendre cette valeur en actions, il peut la prendre en espèces. »

Rémunération des dirigeants

Les libéraux ont déjà expliqué que les prêts seraient accordés à des conditions commerciales; les entreprises doivent avoir déjà frappé, sans succès, aux portes des banques ou du marché. Les entreprises bénéficiaires devraient également accepter des limites sur la rémunération de leurs dirigeants, le paiement des dividendes et les rachats d’actions, ainsi que montrer qu’ils contribuent à l’objectif des libéraux de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

M. Morneau affirme que le programme vise à permettre aux grandes entreprises de poursuivre leurs activités et de garder leurs employés sur leur liste de paie, mais aussi d’éviter les faillites d’entreprises autrement viables, dans la mesure du possible.

Le taux d’intérêt sera fixé à 5 % la première année, puis à 8 % la deuxième année et à 2 % par an par la suite. Les conditions du programme, publiées en ligne, indiquent que les entreprises pourront rembourser les intérêts sur le prêt au moyen de contributions en nature, généralement des biens ou des services, pendant les deux premières années du prêt.

« Ce que nous avons fait ici, c’est nous assurer que nous fournissons un taux d’intérêt bas la première année, mais approprié pour que les employeurs qui le veulent se tournent d’abord vers leurs propres sources de financement », a déclaré M. Morneau en conférence de presse mercredi matin à Toronto.

Les entreprises qui se prévaudront de ce CUGE pourront continuer aussi à se servir de la subvention salariale qui offre 75 % de la masse salariale jusqu’à la fin du mois d’août, a précisé le ministre.