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Tailleur ou coton ouaté? Message à Catherine Dorion

Anne Marcotte|Publié le 18 novembre 2019

Tailleur ou coton ouaté? Message à Catherine Dorion

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ.  L’histoire du coton ouaté de Catherine Dorion et de sa photo d’Halloween où elle s’était « déguisée en députée » en portant un tailleur m’a fortement interpellée. Mes réflexions m’ont amenée à faire un retour en arrière jusqu’au matin de mon huitième anniversaire. Devant ma garde-robe presque vide, j’ai essuyé mes yeux mouillés. « Un jour, j’aurai les moyens d’avoir tout plein de vêtements et j’aurai le choix de porter ce que je veux pour ma fête… », m’étais-je dit à voix basse, en refermant la porte.

Des années plus tard, j’étais toujours en instinct de survie et par le fait même, ma garde-robe aussi! Je venais à peine de me lancer en affaires à la suite d’un congédiement. Grâce à mon audace, j’avais réussi à me négocier une place de choix dans la plus importante mission commerciale jamais organisée par le gouvernement provincial: Mission Québec-Chine avec Lucien Bouchard. Cet exploit allait me permettre de me retrouver stratégiquement parmi cent soixante personnalités représentant le Québec inc. À l’ordre du jour de la mission, on retrouvait, entre autres, des activités à l’ambassade, des visites d’entreprises et plusieurs rencontres avec des dignitaires. Puis, une question s’est rapidement mise à trotter dans ma tête de jeune femme d’affaires: « Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir me mettre sur le dos… ».

Es-tu bien dans ton coton ouaté?

Chose certaine, sans même avoir reçu de consignes de la part du gouvernement concernant le code vestimentaire de la mission, un coton ouaté aurait été la dernière chose au monde que j’aurais voulu porter pour cette occasion. Il aurait été loin d’être à la hauteur de la fierté que je ressentais. Non seulement je me retrouvais parmi les trois seules femmes retenues pour la délégation, mais en plus, j’étais la plus jeune participante et mon entreprise, la plus petite de la mission. L’intrus, comme dirait l’autre…

Chose certaine, j’étais totalement consciente que cette mission économique représentait une opportunité d’affaires extraordinaire. Une occasion de pouvoir faire la différence non seulement dans ma vie, mais dans celle de mes associés aussi. Représenter le Québec à l’étranger en compagnie du premier ministre était un réel privilège et je voulais y faire honneur avec respect. Armée de mes arguments les plus audacieux, j’ai finalement été capable de convaincre un prestigieux designer italien de Montréal de me commanditer trois superbes tailleurs. Un bleu, un blanc et un noir.

Es-tu bien dans ton tailleur?

Jamais je n’ai ressenti que je trahissais mon authenticité en portant mes tailleurs commandités. Pas plus que je n’ai eu l’impression que je m’étais déguisée.

Tout au long de la mission, je suis restée moi-même. Et j’ai représenté fièrement le Québec avec mes tailleurs et mes valeurs.

Es-tu bien dans tes valeurs?

Pour en revenir à Catherine Dorion, ça ne me dérange pas qu’elle soit bien dans son coton ouaté. Son habillement relève de ses valeurs de députée comme l’a conclu la commissaire à l’éthique et à la déontologie. Mais qu’elle abaisse au rang des déguisements les tailleurs que bien des femmes aiment porter fièrement en qualifiant cette sortie médiatique de petite œuvre d’art, c’est loin d’être en lien avec mes valeurs.