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Relance: la COVID-19 bousculera le quotidien des travailleurs

La Presse Canadienne|Publié le 29 avril 2020

Relance: la COVID-19 bousculera le quotidien des travailleurs

(Photo: 123RF)

Quelque 460 000 Québécois en congé forcé à cause de la pandémie devraient retrouver leur gagne-pain d’ici la fin mai en vertu du redémarrage graduel annoncé mardi par le gouvernement Legault. De retour au boulot, ceux-ci vont s’apercevoir que la COVID-19 continuera de bousculer leur quotidien.

Des questionnaires destinés à identifier les travailleurs avec des symptômes du nouveau coronavirus, en passant par les arrivées graduelles au travail et aux règles visant à assurer une distance suffisante entre les employés, les mesures sont très nombreuses dans les guides sanitaires mis en ligne par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Les documents concernent notamment les secteurs qui pourront reprendre leurs activités au cours des prochaines semaines en vertu du plan présenté par Québec. La plupart des détaillants ayant un accès direct à l’extérieur pourront rouvrir leurs portes le 4 mai, alors que dans la région de Montréal, cela devra attendre au 11 mai.

C’est également à cette date que l’industrie de la construction pourra redémarrer alors que du côté manufacturier, la reprise s’effectuera en deux étapes — 11 mai et 25 mai.

« Tout le monde va devoir mettre un peu d’eau dans son vin (…) parce que la vie ne reprendra pas comme auparavant », a expliqué Marie-Hélène Jetté, associée spécialisée dans le droit du travail chez Langlois avocats.

À son avis, dans le but de limiter la propagation de la COVID-19, il ne faudrait pas s’étonner que les employeurs mettent en place des « déclarations obligatoires » qui peuvent paraître intrusives et même voir des entreprises exiger de prendre la température de leurs employés avant le début de leur quart de travail.

Myriane Le François, qui se spécialise également dans le droit du travail au cabinet BLG, a abondé dans le même sens, estimant que ces mesures risquent de demeurer en place tant qu’il n’y aura pas de vaccin ou de traitement pour le coronavirus. De plus, les protocoles devront être adaptés pour chacune des entreprises parce que de nombreuses questions entourent le déploiement des mesures sanitaires.

« Pendant que des gens attendent en ligne pour que l’on prenne leur température, est-ce qu’ils sont rémunérés ou pas ? a imagé l’avocate. Ce sont des questions qu’il faut se poser. »

Depuis le début de la crise, Me Jetté et Me Le François ont chacune accompagné des entreprises qui ont pu poursuivre leurs activités parce qu’elles œuvrent dans des secteurs jugés essentiels. Dans l’ensemble, les employeurs et les travailleurs ont généralement accepté de faire des compromis, ont-elles expliqué.

Refus de revenir

Si Québec a signalé que des entreprises pourront rouvrir leurs portes, il reste à voir si les salariés qui craignent pour leur santé voudront rentrer au travail. Interrogé en conférence de presse, le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, s’est limité à dire que le gouvernement avait du temps devant lui.

« Moi, je suis très confortable qu’on va convaincre les employés que c’est sécuritaire comme endroit de travail », a-t-il répondu, lorsqu’interrogé sur cette possibilité.

Me Jetté a expliqué qu’une fois qu’un employeur a mis en place les mesures recommandées, les employés rappelés ont l’obligation de revenir au travail.

Dans le contexte de la pandémie, il risque toutefois d’y avoir plusieurs situations particulières.

« Comme employeur, je dois me poser la question “qu’est-ce que je fais avec mes employés de plus de 60 ans (jugés plus vulnérables)”, a demandé l’associée chez Langlois. Pour des employés qui ont par exemple des problèmes de santé, est-ce que je les excuse en leur permettant de demeurer à la maison ? Probablement. »

Me Le François a également dit croire qu’on ne mettra pas fin au lien d’emploi des personnes qui ne viendront pas travailler, mais qui ont une bonne raison pour justifier leur absence.

À la mi-avril, la CNESST avait indiqué que 14 droits de refus avaient été accordés depuis le début de la pandémie.

Selon la loi, un travailleur a le droit de refuser d’exécuter un travail qui présente un danger pour lui ou pour une autre personne. Mais un travailleur ne peut exercer ce droit si son refus met en péril la vie, la santé ou l’intégrité physique d’une autre personne — un pompier en service, par exemple.