Au fil des années, surtout grâce à l’essor d’Internet et à la multiplication des plateformes de communication, l’industrie du bonheur a converti des millions d’entre nous. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Il suffit de consulter le palmarès des livres les plus populaires ou de naviguer sur les différentes plateformes sociales afin de rapidement s’apercevoir que l’on a collectivement, du moins en occident, une obsession sur tout ce qui touche à la croissance personnelle.
La quête du bonheur, de la perte de poids, de l’amour, du succès ou de la connaissance de soi est une « business » vieille comme le monde qui représente des milliards de dollars annuellement.
Séminaire, conférence, livre, atelier, programme intensif, retraite, balado et j’en passe. L’industrie du bonheur a même son propre vedettariat, avec des vedettes mondialement vénérées telles Anthony « Tony » Robbins, Brené Brown ou Deepak Chopra.
Fait rare, leur aura inspire un éventail de publics extrêmement variés. Du dirigeant de Wall Street à l’étudiant universitaire et du chauffeur de taxi à la maman à la maison, tous, pourtant si différents, se sentent interpellés par la quête de la connaissance de soi.
Bien que leurs enseignements nous invitent à travailler sur soi afin de développer une meilleure version de nous-mêmes, ne soyez pas dupes. La seule différence entre une tournée mondiale de Justin Bieber ou de Tony Robbins est le choix des mots. L’un chante la sérénade aux ados, le second nous motive à vouloir tout défoncer.
Tous, n’offrent pas une mise en scène en mettant plein la vue tels mes exemples précédents, mais les « happy- gourous » remplissent les salles partout où ils passent.
J’ai longtemps été sceptique de leurs enseignements, surtout de leur manière d’enseigner quasi divine. Partageant la bonne nouvelle aux disciples convaincus d’avance, je ne comprenais pas que des dizaines de milliers de personnes puissent débourser plusieurs centaines, voire des milliers de dollars afin de remplir un stade pour se faire dire que tout est possible et qu’il ne suffit que d’y croire!
Au fil des années, surtout grâce à l’essor de l’internet et la multiplication des plateformes de communication, l’industrie du bonheur a converti des millions d’entre nous. Pour ma part, depuis quelques années, j’ai commencé à m’intéresser à ce mouvement, ses manières de faire ainsi qu’à ses enseignements.
Je dois reconnaître aujourd’hui que le contenu de certains de ces « coachs de vie », motivateurs, professeurs ou peu importe leur titre, est très intéressant à écouter. Les meilleurs arrivent à simplifier et à humaniser des notions extrêmement complexes tirées de grands principes psychologiques et philosophiques entre autres. Malheureusement, de l’autre côté du spectre, sont nés une myriade d’apprentis sorciers promettant sur Instagram bonheur, jeunesse et richesse en trois paiements faciles de 39,95$.
Depuis bientôt un an, cette industrie, comme toutes les industries, a été bouleversée par les répercussions extraordinaires de la pandémie. Du jour au lendemain, la majorité d’entre nous découvrons une toute nouvelle réalité dans notre quête du bonheur, celle du bonheur professionnel.
En effet, j’ai découvert dans la dernière année un constat flagrant! Notre obsession d’amélioration personnelle nous a totalement aveuglé de la moitié, ou presque, de notre vie… le travail!
Comment se fait-il que nous ayons rejeté du revers de la main l’importance de notre bonheur professionnel? À quoi bon suivre tous les ateliers de croissance personnelle quand, le lundi matin, on rentre, de reculons, totalement démotivé au bureau…ou à la maison en télétravail.
C’est lors de la rédaction de mon dernier livre « Conseils et astuces d’experts pour Réussir son télétravail » que j’ai réalisé que nous nous connaissions finalement très peu professionnellement! Un peu comme un cycliste qui ne musclerait qu’une seule de ses jambes, pour l’immense majorité d’entre nous, il est tout simplement impossible de séparer notre vie personnelle de notre vie professionnelle.
Que vous soyez passionné par ce que vous faites ou pas, que vous ayez des collègues en or ou que vous les détestiez tous, nos deux vies, quoi que souvent bien distinctes l’une de l’autre, cohabitent dans notre for intérieur et font partie intégrante de notre quotidien.
En se basant sur un horaire traditionnel de 9 à 5, c’est huit heures par jour, 40 heures par semaine que nous vivons professionnellement. En débutant notre carrière à 25 ans et en prenant notre retraite à 60 ans, c’est donc 35 ans de notre vie, minimalement, que nous passerons en mode travail.
Ignorer l’importance de la connaissance de notre « soi-professionnel » afin de tout miser sur notre « soi-personnel » est l’équivalent de bâtir une maison sur une fondation en béton armé, mais de ne pas y mettre un toit.
C’est grâce à mon échec lors de ma première expérience en télétravail, et surtout dans les mois suivants où j’ai approché plusieurs experts afin de comprendre les raisons de celui-ci, que j’ai découvert que bien que j’adore mon travail, que je suis passionné par mon entreprise et que j’ai la meilleure équipe au monde, je ne me connaissais tout simplement pas professionnellement!
Pourtant, depuis mes premiers jours en affaires, combien d’incalculables heures ai-je passées afin de bâtir des plans d’affaires, des stratégies de commercialisation. Combien de réflexions et de rencontres ai-je eues sur la structure, la gestion quotidienne, les plans de croissance, la logistique ou la productivité. Pourtant, rarement, très rarement, ai-je pris, ne serait-ce que quelques minutes afin d’essayer de comprendre mes propres besoins professionnels.
Tel un cordonnier mal chaussé, Nicolas l’entrepreneur a tout priorisé avant lui-même. Pour tout vous dire, je me trouvais tout simplement privilégié de pouvoir vivre de ma passion et de connaître du succès en affaires.
Pourtant, il fallut une pandémie afin que je réalise que bien que j’étais très heureux dans ma vie personnelle, que mon entreprise et mes mille et une idées folles avaient le vent dans les voiles, le Nicolas professionnel a perdu tous ses repères en quittant son bureau, son équipe, sa routine, ses multiples déplacements aux quatre coins du monde. Plutôt que d’en profiter afin de retrouver une certaine stabilité familiale et géographique, le télétravail m’a plutôt propulsé en plein milieu d’un immense océan sans aucun repère.
Je suis donc reconnaissant d’avoir eu cet électrochoc afin de réaliser que je n’avais pas nécessairement le contrôle sur ma vie professionnelle contrairement à ce que je pensais. Positif de nature, je vois donc cet échec comme un éveil. Bien que depuis, j’ai appris à m’adapter au télétravail et à notre nouvelle vie inondée de technologie, j’ai surtout appris à me connaître professionnellement.
Personnellement, toujours en mode amélioration, je suis constamment à la recherche de cette fameuse recette du bonheur et du succès pour moi, ma famille, mon équipe et nos précieux partenaires et clients. C’est donc avec énormément d’espoir que je crois avoir trouvé, du moins pour moi, un début de réponse qui semble très prometteur.
J’avais tellement hâte de vous partager ce texte, de vous partager ma propre démarche vers le bonheur, le succès et l’équilibre. Une démarche complexe, longue, parsemée de pièges et d’espoir, mais qui, j’en suis absolument convaincu aujourd’hui, passe certes par la connaissance de soi et la croissance personnelle, mais aussi, conjointement, solidairement et inséparablement, par la connaissance et la croissance du soi-professionnel!