(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Depuis quelques jours, une nouvelle vague de dénonciations déferle sur le « star système » québécois. Influenceurs de toutes sortes, animatrice, chanteur, dirigeant de maison de disque, pas une journée ne passe sans qu’une nouvelle accusation fracassante fasse la une.
Parallèlement, une crise frappe également l’univers du jeu vidéo depuis quelques semaines. Les multiples accusations font état d’un environnement hautement toxique où les comportements et propos déplacés, les agressions physiques et verbales et/ou l’aveuglement volontaire et le laxisme de certains dirigeants font bon ménage.
Cette vague est en quelque sorte la suite du mouvement « #metoo » qui a vu le jour en 2006. Cependant, ce n’est qu’en 2017 que la plupart d’entre nous avons appris la connaissance de ce mouvement, suite aux affaires très médiatisées du producteur vedette déchu d’Hollywood, Harvey Weinstein et du producteur et animateur chouchou des Québécois Éric Salvail. Pour le premier, une série d’accusations, puis de condamnations pour viols lui ont mérité une peine de 23 ans de prison. Quant à Éric Salvail, le procès est en cours.
Dans chacun des cas mentionnés ci-haut, la personne accusée était en situation de pouvoir. Pouvoir de statut, monétaire, politique, d’influence ou autre, le pouvoir est une arme à double tranchant qu’il faut manier avec extrême prudence.
En effet, l’histoire est inondée d’exemples d’excès qui ont précipité la chute de la personne qui en abuse. Dominique Strauss-Kahn, André Boisclair, Gilbert Rozon et plus récemment Jessica Mulroney, tous avaient une superbe carrière, un avenir plus que prometteur et pourtant, tous sont tombés dans le piège. Actes criminels pour certains, abus pour d’autres, le pouvoir est une fine ligne rouge extrêmement facile à franchir.
Il existe aujourd’hui dans notre société quatre types de pouvoir. Exécutif, législatif, judiciaire et médiatique. Selon moi, nous assistons depuis quelques années à la naissance d’un cinquième type, digital.
Les racines latines du mot pouvoir sont intéressantes : « Avoir la capacité », « Avoir la possibilité ». Dans l’histoire, la violence y est souvent associée. Tristement, une certaine forme de violence est utilisée par certains afin d’imposer leur pouvoir. Que ce soit par la violence armée d’une guerre, la violence physique entre individus, la violence psychologique, sexuelle, ou monétaire, le pouvoir, entre de mauvaises mains, devient une arme de destruction massive.
De l’autre côté du spectre, le pouvoir est également une force tranquille exceptionnelle qui inspire des millions d’entre nous et pousse nos sociétés à évoluer. Les meilleurs exemples sont les luttes pacifiques de leaders tels Gandhi, Martin Luther King ou Rosa Parks
C’est en utilisant pacifiquement son pouvoir de ne pas accepter de se lever afin de laisser sa place à un homme blanc dans la section leur étant réservée que Rosa Parks a déclenché une campagne de contestation sans précédent. Un an plus tard, un jugement historique de la Cour suprême des États-Unis déclarait inconstitutionnelles les lois ségrégationnistes dans les autobus.
Dans le monde des affaires, le constat n’est guère plus rose qu’ailleurs. Abus de pouvoir de toute sorte, égo surdimensionné, prises de risques démesurées, excès de toutes sortes dignes des années folles de Wall Street… En y rajoutant une cuillère à soupe de succès et quelques pincées de « cash », nous avons là une recette parfaite du désastre.
Le philosophe Sénèque avait une formule excellente sur le pouvoir : « Plus on a de pouvoir, moins on doit en abuser. » Pour ma part, le réel pouvoir, celui qui s’acquiert à force de temps, de persévérance, et que l’on obtient par mérite, est un peu comme un bonzaï. Plus nous y faisons attention, plus nous l’entretenons avec respect et portons attention aux détails, plus nous aurons une chance d’avoir son respect et de le conserver (sainement) plus longtemps.