Le Cirque du Soleil n'a plus d'actionnaire québécois. (Photo: Getty images)
BLOGUE INVITÉ. C’est officiel! Depuis maintenant quelques jours, le Cirque du Soleil n’a plus aucun actionnaire québécois. Une immense page de la créativité «Made in Québec» vient de se tourner, mettant fin à plus d’une trentaine d’années d’acrobaties de toutes sortes aux quatre coins de la planète.
Fondé en 1984 à Baie-Saint-Paul, le Cirque du Soleil a, au fil des années, révolutionné l’univers du divertissement. L’histoire, quant à elle, sera à tout jamais gravée dans notre mémoire collective. De cracheur de feu sans le sou à entrepreneur milliardaire excentrique, l’un de ses fondateurs, Guy Laliberté, s’est même offert un tour dans l’espace!
Le Cirque du Soleil a longtemps été le symbole de la créativité artistique sans limites de notre belle province. En faisant rêver des millions de spectateurs dans les plus grandes villes du monde, le Cirque a inspiré des centaines, voire des milliers d’entrepreneurs d’ici à oser foncer tel un saltimbanque en pleine action.
Depuis plus de trente ans, le fameux chapiteau bleu et jaune était, en quelque sorte, le deuxième drapeau du Québec. Malheureusement, et je n’entrerai pas dans les détails, nous avons tous été témoins, au fil de la dernière année, de sa lente agonie. Tristement, le Cirque du Soleil se retrouve aujourd’hui dans un coma profond.
Il est encore beaucoup trop tôt pour avoir suffisamment de recul et d’études de cas sur les répercussions de la pandémie dans laquelle nous sommes. Cependant, il ne faut pas non plus un postdoctorat en économie pour voir les conséquences catastrophiques de celle-ci, notamment pour l’industrie du divertissement.
Depuis des années, le Québec s’est forgé une excellente réputation dans tout ce qui entoure de proche ou de loin «l’effet wow» de certains des plus grands évènements de la terre. Super Bowl, Jeux olympiques, tournées mondiales de vedettes internationales, la signature du Québec créatif est très souvent omniprésente.
Cependant, comme l’ont démontré ces 6 derniers mois, il faut faire attention à ce que cette créativité ne soit pas uniquement dédiée à faire briller les entreprises d’ici. Elle doit aussi les aider à se réinventer. Notre créativité ne doit pas être un luxe ou un «nice to have», mais plutôt une nécessité, un besoin de société.
Face aux nombreux défis auxquels nous feront face dans les prochaines années, le Québec doit faire ce fameux pivot, se réinventer drastiquement afin de transformer sa raison d’être.
Attention, qui dit créativité ne veut pas absolument dire divertissement, mais plutôt la mise en œuvre d’une nouvelle manière de faire, d’offrir de nouvelles solutions à un problème. Cette créativité qui a si bien servi le Cirque du Soleil depuis plus de 35 ans pourrait bénéficier à de nombreuses autres industries, par exemple en agriculture.
Maîtres chez nous?
Depuis plusieurs années, encore plus depuis le début de la crise, le Québec se réveille avec un immense problème d’indépendance alimentaire. Mon sang bout quand je vois dans les rayons de supermarchés des fraises de Californie ou du Mexique en plein été ou des pommes d’Ontario en automne!
Nous avons tout pour devenir autosuffisants pour la majorité de nos besoins, et même pour inverser les rôles afin que les fraises, laitues, pommes et autres produits du Québec inondent d’autres marchés.
En créant Hydro-Québec sous le Gouvernement Lesage, René Lévesque avait comme objectif de nationaliser l’électricité afin d’être «Maîtres chez nous». En étant autosuffisants pour l’alimentation, l’objectif est le même.
La nouvelle agriculture me passionne depuis quelques années et me rappelle d’ailleurs l’agriculture de nos ancêtres sur certains aspects. Respect de la terre, des saisons, du sol, de l’animal. Sur d’autres aspects, elle me confirme ses grands besoins en créativité ce dont le Québec regorge. Avec ses millions de kilomètres carrés, son électricité «propre» à bas prix et la créativité qui est au cœur de l’entrepreneuriat québécois, le Québec se doit de se réinventer et emprunter cette voie.
C’est donc avant de frapper un mur qu’il faut changer de cap, effectuer ce fameux pivot et réinventer le Québec de demain. Certes en agriculture, mais dans bien d’autres domaines également!