(Photo: Héctor J. Rivas pour Unsplash)
Un texte de Dany Charest, directeur général, TechniTextile Québec
COURRIER DES LECTEURS. L’industrie québécoise du textile technique regroupe près de 400 entreprises spécialisées dans la fabrication de textiles et de produits techniques à valeur ajoutée. Ensemble, 10 000 employés fabriquent plus de 45 % du textile canadien et desservent une grande variété de secteurs, notamment l’ameublement, le bâtiment, le génie civil, la protection individuelle, la sécurité et la santé.
Les pratiques d’approvisionnement gouvernemental favorisant le prix le plus faible, sans aucune autre considération, nuisent à l’essor de secteurs manufacturiers névralgiques de notre économie, dont fait partie le secteur des textiles techniques.
Or, en alignant politique d’approvisionnement durable et vision économique à long terme, les gouvernements se donnent ainsi les moyens d’encourager l’innovation au sein des entreprises. La pandémie de COVID-19 a démontré la pertinence de cette approche. En effet, le secteur du textile québécois a réussi à répondre promptement à l’appel des gouvernements en matière d’équipement de protection individuelle grâce à sa capacité à innover pour créer des matériaux textiles performants.
Forte de ces avancées technologiques, l’industrie veut faire partie d’une solution durable. Ses entreprises souhaitent ainsi compter sur un engagement responsable des gouvernements afin de préserver et de faire croître ce nouveau segment de marché ici, au Québec.
Au cœur de la relance du Québec
La règle du plus bas soumissionnaire s’applique à l’ensemble des secteurs, notamment l’ameublement, le bâtiment et la protection individuelle. Ensemble, ceux-ci représentent une large part des achats réalisés par nos gouvernements auprès de contractants québécois en 2018 et 2019, soit 5,5 G$ des 10 G$ octroyés en contrats au cours de cette période.
Les marchés publics se doivent d’agir comme un véritable levier économique en intégrant des critères d’innovation, de développement durable, de performance et de retombées régionales dans le processus décisionnel. Actuellement, pour remporter un appel d’offres, un contractant même s’il est québécois, est trop souvent forcé de s’approvisionner à l’étranger pour réduire au maximum ses coûts. La plupart du temps, ses fournisseurs se situent dans des pays où les coûts de production sont plus faibles qu’ici.
Tout récemment, une petite lueur d’espoir est apparue lorsque le gouvernement a accordé aux municipalités et aux organismes de transport le droit d’intégrer des critères de développement durable à leurs appels d’offres. Voilà des critères sur lesquels l’industrie québécoise du textile technique peut équitablement concurrencer les pays offrant des produits à faibles coûts.
Pour réussir cette transformation relative aux pratiques d’achat gouvernemental, il sera tout aussi important d’accompagner les prescripteurs afin de leur permettre de bien comprendre les différentes variables de durabilité et d’innovation, beaucoup plus complexes à évaluer. Par exemple, la transition d’un devis de prescription (dont les critères sont restrictifs) vers un devis de performance les amènera à apprécier pleinement la valeur ajoutée d’un matériau technique québécois aux propriétés ignifuges de pointe comparativement à un produit étranger acheté à prix moindre.
Une telle transformation est possible et s’aligne pleinement avec les stratégies d’innovation et de développement durable mises de l’avant par nos gouvernements depuis des années – des stratégies gagnantes auxquelles les entreprises de textiles techniques ont adhéré dès le début et qui leur ont permis de se doter d’un avantage concurrentiel rentable à l’international.
Le moment est venu d’encourager l’essor des produits textiles québécois au Québec. Il suffit que les gouvernements traduisent leurs stratégies et leur vision dans le processus d’approvisionnement pour favoriser l’essor d’entreprises d’ici, et ce, en tout respect des règles de commerce international.
Un texte de Dany Charest, directeur général, TechniTextile Québec